Fernand Bédard s’éteint à 91 ans

Le très renommé Fernand Bédard nous est décédé le 14 décembre. Outre son implication dans le monde du baseball, il jouissait d’une mémoire remarquable et il se voulait un raconteur hors pair.

Qui ne connaît pas Fernand Bédard à Trois-Rivières? La première raison est pour son implication au baseball en Mauricie. De plus, il n’y a pas beaucoup de monde en province qui peut se vanter d’avoir eu son nom associé à un stade de baseball, ce que Fernand a vécu du 19 décembre 2001, jour où il célébrait son 70e anniversaire de naissance, jusqu’au 20 juin 2016. Ses qualités d’organisateur ont été reconnues puisqu’il a été élu au Temple de la renommée des sports en Mauricie et également au Temple de la renommée de baseball Québec.

« Le monde du sport régional est en deuil, c’est certain, lance André Beauchesne, président de la Corporation Sport-hommage. Ce dernier a fait ses débuts avec l’organisation des Tigres de Sainte-Marguerite. Il faut savoir que le sport de quartier était très relevé et très populaire à l’époque. Ensuite, il a fait le grand saut dans ce qui est devenu sa deuxième résidence, soit Stade de baseball de Trois-Rivières. Monsieur Bédard n’a jamais abdiqué, même en temps de pluie pour la tenue un match, y compris de mettre le feu au terrain. Je me souviens encore des flammes qui avaient pour but de faire évaporer l’eau du terrain. Omniprésent dans la communauté sportive, il fut aussi de l’aventure de la glorieuse époque des Draveurs de Trois-Rivières, alors il était très impliqué. »

 « Lorsqu’on a débaptisé le Stade Fernand Bédard, il s’est comporté avec humilité, malgré sa grande déception du geste posé. Il n’est jamais sorti aux barricades parce que pour lui, c’était important que Trois-Rivières ait son équipe de baseball. Bref, c’est un grand du monde du sport qui nous quitte. Malgré les nombreuses zones de turbulence, il a toujours gardé le cap, marque d’un homme d’une classe à part. Mes hommages Monsieur Bédard et mes sincères condoléances à toute la famille. »

Fernand Bédard, Bob McDuff, Nicole Girard, Claude Lamy et Yvon Després. (Photo archives – Jonathan Cossette)

Dès son jeune âge, M. Bédard s’est aussi beaucoup impliqué dans le monde du hockey. Dans un premier temps, il s’occupait de l’arrosage de la patinoire au vieux Colisée de Trois-Rivières en tirant un tonneau rempli d’eau qui permettait aux joueurs d’évoluer sur une bonne surface glacée. Cet amphithéâtre était situé sur la rue Ste-Cécile, qui aujourd’hui abrite le centre funéraire J.D. Garneau. Plus tard dans ce même aréna, il a vu évoluer des joueurs tels que Jean Béliveau, Dickie Moore, Bernard Geoffrion et Jean-Guy Talbot. Par la suite à titre d’instructeur d’une équipe Midget à Trois-Rivières, il a dirigé des gens bien connus aujourd’hui tels les Claude Duval, Marcel Béliveau et Claude Loranger.

Les plus vieux se souviendront certainement de l’engagement tumultueux d’un entraîneur qui fera sa marque par la suite dans la Ligue nationale de hockey. L’instructeur de l’époque Claude Dolbec avait signifié à la direction de l’équipe qu’il était prêt à céder son poste si on lui trouvait un remplaçant. C’est alors qu’on fait signe à Michel Bergeron qui entre en scène. Les joueurs n’acceptant pas ce changement, ils avaient décidé de faire la grève. Lorsque Michel s’est présenté pour la pratique du lendemain, seulement trois joueurs sont venus sur la glace. Au moment où ce dernier avait accepté le poste d’entraîneur, il ignorait cette situation. 

Deux membres de la direction, soit Fernand et Théo Mongrain, ont ensuite rencontré les joueurs un par un pour leur signifier que la récréation était terminée. Un peu plus tard en saison, les Draveurs effectuaient une importante transaction avec Rodrigue Lemoine, des Éperviers de Sorel, cédant Raymond Bourque en retour de cinq joueurs. Ce fut une transaction payante puisque les Draveurs, derniers au classement, ont effectué une remontée qui leur a permis de gagner le championnat en saison régulière.

« Fernand (Bédard) a toujours été comme un deuxième père pour moi, a pour sa part témoigné Réal Lajoie, impliqué au stade de baseball depuis maintenant 50 ans. Si je suis impliqué autant encore à ce jour, c’est grâce à Fernand qui m’a amené au stade alors que j’avais 17 ans, dans la Ligue Eastern. Lorsqu’il a pris sa retraite, il m’a tout montré. L’administration, l’entretien, le bar, tout! Il m’a montré comment gérer le stade. »

« Son décès est triste, mais aussi le fait qu’il n’aura pas connu l’époque d’un beau stade rénové. Il a connu l’époque où le stade était en décrépitude, mais il travaillait fort tout le temps. Il m’a aussi appris que dans la vie, que tu sois président d’une compagnie, avocat ou concierge, tout le monde est important. C’est grâce à lui que j’ai toujours pris soin de mon monde, que ce soit du plus haut placé jusqu’à celui qui s’occupe des poubelles. Je ne serais pas autant impliqué dans le hockey et dans le baseball sans Fernand Bédard. »

Fernand Bédard fut directeur du stade de baseball trifluvien, pendant 35 ans, avec toutes les responsabilités que cela comporte. (Photo Archives – courtoisie du Temple de la renommée sportive de la Mauricie)

Bref, Fernand n’aura laissé personne indifférent à travers toutes ses implications et l’heure est venue de lui souhaiter un bon repos.

« Mon cher papa est allé rejoindre ma chère maman. Après cinq ans, ils sont de nouveau réunis pour toujours et à jamais, a pour sa part témoigné sa fille, Carole Bédard, via sa page Facebook. Doté d’une humilité et d’une humanité à toute épreuve, il m’a appris que tous les humains sont égaux. Aucun ne vaut plus que l’autre. Il me l’a appris par son exemple à traiter tous les humains avec le même respect. Du balayeur au président, tous étaient pour lui aussi importants. Tous méritaient le même respect à ses yeux. Tous faisaient partie de la même équipe. »

« Il aimait le sport, tellement, mais ce qu’il aimait surtout, ce sont les gens avec qui il pouvait partager cette passion. Mon père est un homme d’équipe, de famille, un leader qui a su vivre sa vie avec grande passion dans le respect de tous ceux qu’il côtoyait. Oui, nous sommes tous tellement attristés par son départ, mais son héritage humain est tel que jamais il ne mourra, car il sera toujours dans notre cœur et notre mémoire dans toutes les sphères de notre vie. Sa marque est gravée sur le cœur de tous ceux qui l’ont rencontré au cours de sa vie. »

Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, avait aussi de bons mots à l’égard de Fernand Bédard. « C’est un gros morceau qu’on perd. Il a longtemps été très engagé. Il représentait beaucoup pour beaucoup de personnes. C’est un modèle d’engagement. J’ai connu Fernand quand j’étais bat boy. Il nous avait montré comment frotter des fausses balles avec de la crème pour que l’arbitre ne remarque pas que c’était des vieilles balles, raconte le maire. Il était le genre de personne à arroser le terrain entre deux manches. Il était un morceau de l’histoire de Trois-Rivières. Il est associé à toute une histoire sportive qu’il ne faut pas oublier. »

Savez-vous que Fernand… 

  • … a été atteint à la tête par un tir de Claude Lizotte alors qu’il évoluait à titre de joueur de premier but, à l’âge de 16 ans, ce qui a mis fin à sa carrière de joueur de baseball.
  • … a déjà joué au baseball contre Camille Henry, qui a par la suite évolué au hockey pour les Rangers de New York et qui est devenu subséquemment le mari de la comédienne Dominique Michel.
  • … a agi comme directeur général du baseball à Sainte-Marguerite, 1951 jusqu’en 1960.
  • … fut président des Aigles pendant neuf ans, dans la Ligue provinciale, puis dans la Ligue Eastern.
  • … a assisté avec les dirigeants des Aigles à la série mondiale entre les Reds de Cincinnati et les Red Sox de Boston, au Riverfront Stadium, en 1975.
  • … a déjà eu la chance de discuter avec Walter Omalley et Buzzy Bavazi, de l’organisation des Dodgers de Brooklyn, à l’époque des duels Yankees-Dodgers.
  • … a dirigé le club Sainte-Ursule, dans la Ligue de baseball rurale, pendant deux ans, avec son ami Jacques St-Pierre.
  • … fut directeur du stade de baseball trifluvien, pendant 35 ans, avec toutes les responsabilités que cela comporte.

(Avec la recherche de René Turner)