Confiné dans le désert du Koweït
L’officier de logistique des Forces armées canadiennes Jean David Fleurant est de retour au Québec après six mois passés au Moyen-Orient dans le cadre d’une mission complètement transformée par la pandémie de COVID-19.
Le Capitaine Fleurant se montre discret de prime abord, mais il se livre ensuite dans la limite de ses réserves. C’était sa première mission à l’étranger. Pourtant, son courage n’avait d’égal que son enthousiasme lorsqu’il embarquait pour le désert en décembre 2019.
«Un collègue m’avait rassuré », dit-il l’air faussement confiant.
En fait, il ne s’est jamais douté qu’un virus infecterait son engouement. À la base koweïtienne d’Ali Al Salem, le strict respect des consignes sanitaires a préservé le camp Canada de toute infection.
«À un moment, le camp était complètement fermé. On ne pouvait ni entrer ni sortir », explique le Capitaine Fleurant avec la finesse du détail.
En service à la cellule des contrats, il s’occupe des rapports avec des fournisseurs, notamment de construction, d’entretien, de transport et de communication. Le Trifluvien de 32 ans croit avoir relevé le défi à la mode : se réinventer.
« En tant que militaire, on est habitué à l’incertitude. Dans ce cas-ci, c’est le travail d’équipe qui importe et on s’est adapté », dit-il. Rien ne vaut le soutien aux équipes déployées au Moyen-Orient aux yeux du jeune officier et de ses équipes. « Le plus difficile, c’était la renégociation des contrats au jour le jour », se souvient-il.
Il s’agissait du premier déploiement à l’étranger pour le capitaine Fleurant qui, lors d’une période occupée pour la mission, a également été appelé à diriger son équipe pendant l’absence de son chef. « En raison de l’instabilité en Irak, on a dû trouver des options pour extraire quelques contracteurs qui travaillaient pour nous. C’est le genre d’imprévu auquel on s’adapte.»
L’opération IMPACT a été lancée en 2014 pour aider à combattre Daesh (l’État islamique). Depuis quelques années, elle met l’accent sur l’encadrement des partenaires régionaux, dont l’Irak, le Liban et la Jordanie.
Pas de vacances
Jean David Fleurant est encore plus loquace au chapitre des épreuves personnelles. Il revient de loin.
«On a perdu nos vacances à cause du virus. Les vacances de tous les militaires étaient annulées », raconte-t-il, une pointe de regret dans la voix.
Un demi-sourire semble diluer la dépression lorsqu’on lui évoque le souvenir de ses compagnons d’infortune. Ils étaient sa seule famille à 10 000 kilomètres du lac Saint-Pierre.
À vrai dire, le cœur du Trifluvien bat pour une technicienne médicale qui s’est engagée l’été dernier. À l’époque, l’ennemi n’était pas le coronavirus. Et même plus tard, il a plutôt contribué à réduire le nombre de fuseaux horaires qui séparaient les deux amoureux en uniforme.
«Nos heures ne fonctionnaient pas vraiment au début. C’est quand on a tout fermé à cause de la pandémie que nous avons pu avoir des communications », explique l’officier.
De retour à Bagotville où il est l’officier des transports, il a hâte de se remettre à la pêche avec son père. Aussi, aurait-il tant à raconter à son frère Mathieu et sa sœur mélodie dont il se dit très proche.
Jean David Fleurant a quitté le domaine des finances pour embrasser la carrière militaire en 2011. Depuis lors, il a roulé sa bosse et ne renierait pas engagement pour si peu, mais quant à retourner au désert : «Non, pas demain matin (rire)».