(OPINION) Les problèmes de Dominique Anglade et le mauvais vent médiatique
Dominique a décidé ce lundi 07 novembre 2022 de quitter la chefferie du PLQ ainsi que sa fonction de député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Cette décision survient un peu plus d’un mois après la dernière élection provinciale, et moins de deux semaines après l’annonce de son cabinet fantôme qui s’est suivie de l’expulsion du caucus libéral d’une député pour des raisons que plusieurs acteurs de toutes les couches de la société et probablement moi aussi jugent insuffisantes pour une telle sanction.
Mais madame Anglade a reconnu qu’elle était allée trop loin et a tendu la main à Marie-Claude Nichols avec le résultat que nous connaissons tous. Cela n’a toutefois pas ralenti ou réduit les appels à la démission de la chefferie du parti sous prétexte que son leadership était contestable et contesté. Les attaques et la pression étaient d’une telle violence que je me demande comment elle faisait pour tenir debout et garder le sourire. Elle a fini par jeter l’éponge, certainement pour son bien et celui de sa famille, et probablement aussi dans l’intérêt du parti.
Depuis le 03 octobre les chroniqueurs politiques et journalistes se succèdent sur toutes les tribunes médiatiques pour expliquer, analyser et démontrer à tort ou à raison comment ses décisions, sa vision, et les orientations qu’elles a données au parti ne rejoignaient plus les militants ni les autres électeurs de la province et que c’est ce qui expliquerait principalement la déconfiture électorale du PLQ le 03 octobre dernier. Oui Dominique a essayé à raison ou à tort de donner un coup de barre à l’orientation du politique du PLQ, ce qui n’était certainement au goût de certains membres, c’est normal car l’être humain est par nature averse aux changements. Certains un peu plus objectifs invoquent certains aspects sombres du passé du parti qui sont devenus un boulet.
Les changements qu’elle a apportés au parti n’ont pas produit les résultats escomptés, mais qu’est-ce qu’on aurait souhaité fasse? S’attendait-on à ce qu’elle continue sur les mêmes bases qui ont conduit à la défaite de 2018 alors même que le parti était au pouvoir? Pour moi la réponse est NON. Si elle n’avait rien essayé on l’aurait surement accusée de manquer de vision, de manquer de créativité et de personnalité. J’entends les gens dire même dans les médias que madame Anglade n’a pas effectué le travail de terrain pour reconnecter le parti avec les régions, et j’en suis stupéfait.
Dominique est arrivée à la chefferie du PLQ en plein pandémie de COVID-19, et malgré le contexte qui ne permettait que très peu les activités de groupe, elle a fait le tour de toutes les régions du Québec, allant même jusqu’aux îles de la Madeleine pour rencontrer les militants et sympathisants, rencontrer les élus locaux, les écouter, leur parler de sa vision et de ses orientations pour le parti, elle en est sortie avec la Charte des régions donc personne n’en parle, ni même les journalistes.
Elle a aussi commis des erreurs un peu comme tous les autres chefs de partis, mais on ne peut pas dire que ces derniers subissaient les châtiments médiatiques à la hauteur de ce qu’elle subissait parfois pour des erreurs relativement plus négligeables que les leurs.
Ce qui est surprenant c’est que personne n’évoque l’adversité médiatique à laquelle Dominique a fait face et qui devrait susciter des interrogations dans l’ensemble de la société Québécoise.
En effet depuis son accession à la chefferie du PLQ Dominique Anglade n’a jamais bénéficié d’une couverture médiatique positive digne de ce nom. À contrario elle a constamment fait face à un lynchage systématique, à un acharnement presque sans précédent dans le contexte. Les discours négatifs à son égard se succédaient et se ressemblaient. Dans presque tous les médias on lui prédisait l’apocalypse électorale avec d’ailleurs à la clé, une possible défaite dans sa propre circonscription. J’avais même l’impression que c’étaient des souhaits que l’opinion médiatique cachaient derrière des analyses systématiquement à charge contre Dominique.
Le chef de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois voulant profiter de ce vent médiatique qui lui prédisait l’ascension au rang de chef de l’opposition officielle à la suite de la défaite qu’on prédisait à la cheffe Libérale a cru bon de donner le coup de grâce et est même allé faire campagne dans le comté de madame Anglade à plus d’une fois, violant ainsi un principe tacite qui voudrait qu’un chef de parti n’aille pas faire campagne dans la circonscription d’un autre chef, et il n’a jamais été véritablement questionné ni remis en question par les journalistes pour cette entorse opportuniste et malsaine.
Mais quand madame Anglade dans son droit a choisi de mettre en doute une possible reconnaissance de Québec Solidaire et du Parti Québécois comme groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, la foudre médiatique s’est abattue sur elle, critiquant son « audace non méritée » sans jamais se poser la question de savoir si son attitude pouvait éventuellement être une réponse à la campagne toxique et sans élégance que M. Nadeau-Dubois avait menée contre elle avec une complicité passive des médias.
En fait tout se passe comme si tous les autres chefs n’avaient que des droits et madame Anglade que des obligations, autrement dit, rien de synallagmatique.
Aussi personne ne fait allusion à ce qu’une femme a eu le courage de dire dans ce reportage de Radio Canada présenté au le lendemain des élections ( Élections Québec 2022 : dans les coulisses de la soirée électorale de Dominique Anglade) relativement à son sexe féminin et sa couleur de peau qui représentaient un défi supplémentaire pour Dominique Anglade. Et pourtant cette dame dans le reportage n’a fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas mais ne peuvent parler à visage découvert par crainte de s’attirer la foudre d’un nationalisme électoraliste que François Legault attise à grands souffles et l’oppose aux Québécois issus de l’immigration qu’il désigne implicitement et faussement comme responsables de tous les maux qui minent la société Québécoise. Ce silence radio face à une telle révélation n’est que le reflet d’un dangereux biais de raisonnement qui mine encore notre société et dont il faudra bien ouvrir un débat de société si on mettre en valeur et à contribution l’apport, les compétences de tous les Québécois de toutes les origines pour développer notre richesse.
Quelle que soit la personne qui sera le prochain chef du PLQ, elle devra grandement s’inspirer des projets élaborés par madame Anglade.
Et à ceux qui pensent encore comme l’a évoqué la dame dans le reportage de Radio Canada qu’une femme issue de l’immigration ne mérite pas la confiance des électeurs pour devenir première ministre au Québec, je vous annonce que j’attends avec impatience les règles qui régiront la prochaine course à la chefferie du PLQ, car vous aurez au moins un candidat de couleur noire et tant pis pour vous s’il se retrouve encore seul candidat à la course comme ce fût le cas pour madame Anglade.