La péquiste Véronique Hivon ne se représentera pas aux élections d’octobre
MONTRÉAL — La députée péquiste Véronique Hivon a annoncé jeudi qu’elle ne se représentera pas aux élections d’octobre prochain, lors d’une conférence de presse dans sa circonscription de Joliette.
Elle a dit quitter la vie politique «sans une once de lassitude ou de désabusement», mais dans le but de «trouver un espace de liberté et un espace de normalité» et «un peu plus de recul (…), de nuance, et un peu moins d’instantanéité»,loin des «figures imposées» et des «éléments ultrapartisans» qui sont inhérents au métier.
La députée sortante a assuré que le Parti québécois (PQ) conservait toute sa confiance et qu’elle restera une «militante très engagée» de la formation, notamment en participant à la campagne électorale de son successeur dans Joliette.
Elle a plaidé contre le cynisme qui plombe parfois la réputation des institutions politiques et encouragé les citoyens à s’y intéresser et à y participer. «La politique, ça fonctionne (…), c’est un moteur extraordinaire de changement, a-t-elle dit. En s’élevant, lorsqu’il le faut, au-delà des fameuses lignes partisanes, on peut réussir bien des choses, surtout si on reste fidèle à soi-même.»
Un héritage de coopération non partisane
La politicienne, en poste depuis 2008, était une grosse pointure de son parti. Elle est surtout connue pour avoir piloté le dossier «Mourir dans la dignité» lors du bref passage du PQ au pouvoir en 2012-2014.
Son projet de loi encadrant l’aide médicale à mourir, mort au feuilleton lors du déclenchement d’élections anticipées, a finalement été adopté sous le gouvernement libéral.
Lors de son passage dans l’opposition, elle a été l’une des artisanes de la création des tribunaux spécialisés en violence conjugale et sexuelle, en coopération avec des députées des autres partis représentés à la Chambre.
Durant sa carrière, elle s’est surtout penchée sur des enjeux sociaux comme la lutte contre l’itinérance, la sécurisation culturelle des nations autochtones dans le système de santé et le soutien du milieu communautaire.
Mme Hivon a été ministre responsable de la région de Lanaudière et ministre déléguée aux Services sociaux et à la protection de la jeunesse. Elle avait aussi été nommée vice-cheffe du PQ durant la campagne électorale de 2018.
«Au nom de l’ensemble des membres et du caucus du Parti québécois, je tiens à dire un immense merci, du fond du cœur, à Véronique Hivon», a exprimé le chef de la formation, Paul St-Pierre Plamondon, dans un communiqué de presse. «Merci de t’être engagée si profondément, merci d’avoir montré qu’on peut faire de la politique autrement, en gardant en tête de nobles idéaux, et des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit.»
Le chef parlementaire du parti, Joël Arseneau, a ajouté que «Véronique sait comment rallier les gens, trouver le parfait compromis, et elle le fait toujours dans le respect de chacun. J’ai été privilégié de faire mes premiers pas à l’Assemblée nationale à ses côtés».
Le premier ministre François Legault a lui aussi remercié Mme Hivon pour «son implication en politique pour servir les Québécois», la qualifiant de «brillante» et «passionnée». Ils étaient tous deux députés de la région de Lanaudière quand M. Legault était avec le PQ. «Nous avons travaillé ensemble sur le développement de la région», a-t-il noté.
La cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a elle aussi salué sa collègue sortante. «Merci de ton immense contribution à la société québécoise», lui a-t-elle adressé en conférence de presse. «C’est une femme de cœur, c’est une femme qui est déterminée, qui a épousé toute sa carrière des causes sociales.»
Le PQ en difficulté
Lors de la dernière élection générale, le PQ avait connu un revers historique au profit de la Coalition avenir Québec (CAQ), ne récoltant que 17 % des voix.
Alors que les derniers coups de sonde montrent le parti en mauvaise posture et que la circonscription traditionnellement péquiste de Marie-Victorin vient de tomber aux mains de la CAQ dans la récente élection partielle, Mme Hivon a assuré que sa décision n’avait aucun lien avec ces événements, et avait d’ailleurs été prise plusieurs semaines auparavant. «Les sondages ne m’ont jamais fait peur, d’ailleurs j’en ai fait mentir plusieurs», a-t-elle dit.
Selon elle, «le Parti québécois a tous les outils parce qu’il offre le plus beau des projets», soit l’indépendance du Québec. L’enjeu, c’est «de le connecter aux enjeux et aux défis de la vie quotidienne», a-t-elle conclu.
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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.