Les entreprises spécialisées dans l’énergie solaire en croissance rapide en Afrique
Les entreprises qui fournissent de l’énergie solaire à certains des foyers les plus pauvres d’Afrique centrale et de l’Ouest comptent parmi celles qui connaissent la croissance la plus rapide.
Ces sociétés, qui appartiennent souvent à des Africains, sont actives dans des régions où la grande majorité de la population vit déconnectée du réseau électrique. Elles proposent des produits allant des lampes à énergie solaire qui permettent aux enfants d’étudier le soir à des systèmes domestiques élaborés qui alimentent les appareils de cuisine et les téléviseurs à écran plasma. Les prix vont de moins de 20 $ pour une lampe solaire à des milliers de dollars pour des appareils ménagers et des systèmes de divertissement.
L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest ont des taux d’électrification parmi les plus bas du monde. En Afrique de l’Ouest, où 220 millions de personnes vivent sans électricité, ce taux n’est que de 8 %, selon la Banque mondiale. Nombreux sont ceux qui dépendent du kérosène et d’autres combustibles coûteux qui remplissent les maisons et les entreprises de fumées et risquent de provoquer des incendies.
Au dernier sommet des Nations Unies sur le climat, les dirigeants se sont entendus sur l’objectif de tripler la capacité de production d’énergie renouvelable d’ici 2050. Alors que le continent africain ne produit pratiquement pas d’émissions de carbone par rapport à sa taille, l’énergie solaire est devenue un moyen relativement rentable de fournir de l’électricité.
Dans un rapport publié au début de l’année, l’Agence internationale de l’énergie a indiqué que les petites et moyennes entreprises spécialisées dans l’énergie solaire progressaient rapidement, mais qu’il fallait investir davantage pour rejoindre tous les foyers et toutes les entreprises d’Afrique d’ici 2030.
Environ 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, sur une population de plus de 1,3 milliard d’habitants.
Easy Solar, une entreprise locale qui fournit de l’énergie solaire aux foyers et aux entreprises en Sierra Leone et au Libéria, figure parmi les entreprises qui ont fait partie du classement annuel du «Financial Times» des entreprises africaines à la croissance la plus rapide en 2023.
La cofondatrice Nthabiseng Mosia a grandi au Ghana, où les coupures d’électricité étaient fréquentes. Elle a commencé à s’intéresser à la résolution des problèmes énergétiques en Afrique alors qu’elle faisait des études supérieures aux États-Unis. Avec un camarade de classe américain, elle a lancé l’entreprise en Sierra Leone, où le taux d’électrification est l’un des plus faibles d’Afrique de l’Ouest.
«Il n’y avait personne qui faisait de l’énergie solaire à grande échelle. Nous avons donc pensé qu’il s’agissait d’une bonne occasion», a déclaré Mme Mosia en entrevue.
Depuis son lancement en 2016, Easy Solar a offert de l’énergie solaire à plus d’un million de personnes en Sierra Leone et au Libéria, qui ont une population combinée de plus de 14 millions d’habitants.
De nombreux villages ont ainsi été connectés pour la première fois à une source d’énergie stable. «Nous voulons vraiment aller jusqu’au dernier kilomètre dans les zones rurales», a indiqué Mme Mosia.
La société a commencé par un projet pilote à Songo, une communauté située à la périphérie de Freetown, la capitale de la Sierra Leone. Au début, l’engouement a été lent puisque les villageois s’inquiétaient du coût des appareils, mais lorsqu’ils ont commencé à voir de la lumière dans les maisons de leurs voisins la nuit, ils ont été plus nombreux à s’y intéresser.
«Nous avons arrêté de consommer du kérosène. Avant Easy Solar, nous vivions constamment dans le risque d’un incendie dû à l’utilisation de bougies et de kérosène», a affirmé Haroun Patrick Samai, un résident de Songo.
Altech, une société d’énergie solaire basée au Congo, a également été classée parmi les entreprises africaines à la croissance la plus rapide. Selon la Banque mondiale, moins de 20 % de la population congolaise a accès à l’électricité.
Les cofondateurs Washikala Malango et Iongwa Mashangao ont fui le conflit au Congo lorsqu’ils étaient enfants et ont grandi en Tanzanie. Ils ont décidé de lancer l’entreprise en 2013 pour aider à résoudre les problèmes d’électricité qu’ils avaient connus en grandissant dans un camp de réfugiés, dépendant du kérosène pour l’électricité.
Altech est aujourd’hui présente dans 23 des 26 provinces du Congo, et l’entreprise espère rejoindre les autres d’ici la fin de l’année. Ses fondateurs affirment avoir vendu plus d’un million de produits au Congo dans une gamme de solutions solaires pour les particuliers et les entreprises.
«Pour la majorité de nos clients, c’est la première fois qu’ils sont branchés à une source d’énergie», a soutenu M. Malango.