Un Bal des monstres pour favoriser l’intégration

Au lendemain de l’Halloween, une grande déambulation de monstres géants issus de différentes cultures à travers le monde aura lieu dans la Fabrique de théâtre insolite des Sages Fous (rue des Ursulines) dès 17h. Plus qu’un spectacle, le Bal des monstres aura permis à plusieurs personnes immigrantes de poursuivre leur intégration à Trois-Rivières grâce à ce projet artistique.

C’est le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) Trois-Rivières qui a contacté les Sages Fous pour voir s’il était possible que les deux organisations puissent collaborer sur un projet.

« On était en plein projet de transformation de l’église St. James en la Fabrique de théâtre insolite. On était débordé, mais ils étaient vraiment sympathiques, alors on a accepté. J’ai eu l’idée du projet à la suite d’une discussion avec Christian Coocoo, du Conseil de la Nation Atikamekw, lorsqu’il m’avait parlé du Kokotce [un personnage fictif maléfique, mi-bête, mi-humain]. Il voulait voir si on pouvait le transposer en marionnette pour l’aider à expliquer les différentes façons de percevoir le Kokotce pour les Atikamekw », raconte South Miller, directrice artistique des Sages Fous.

« Je trouvais que c’était une idée excitante, riche et pleine de sens. Avec la communauté des nouveaux arrivants, on a donc commencé à les faire travailler sur des marionnettes inspirées de monstres ou de créatures légendaires du patrimoine culturel de leur pays d’origine », ajoute-t-elle.

Les participants de tous les âges se sont attelés à la création de leur marionnette en petit format.

Le Bal des monstres mettra en vedette, en format géant, le Curupira, une créature légendaire du Brésil qui chasse les braconniers et chasseurs qui prennent plus que ce dont ils ont besoin dans la forêt. « Comme ses pieds sont à l’envers, les chasseurs ne sont pas capables de l’attraper puisque les traces qu’il laisse derrière lui sont trompeuses », note South Miller.

On découvrira aussi un Alux, une créature de la mythologie maya qui protège la jungle et les animaux, conçue par une jeune immigrante mexicaine aujourd’hui âgée de 12 ans, de même qu’un diable dansant du Venezuela.

D’autres participants ont laissé aller leur imagination, comme ce participant brésilien qui a jumelé sa culture d’origine à celle du Québec en inventant une sirène du Saint-Laurent.

Le projet aura duré trois ans, des premières discussions à la conception des prototypes articulés jusqu’à la réalisation des marionnettes géantes de parade.

« On a pris une bonne année et demie pour concevoir les monstres. On a joué ensemble, on a fait des activités. Ils sont aussi venus voir des spectacles et on a commencé ces créations. Mais faire de la marionnette, c’est long, alors ça a pris plusieurs séances de création. »

Tous pourront participer au grand défilé de monstres, puisque plusieurs manipulateurs sont nécessaires pour faire bouger les différentes parties du corps de la marionnette.

Des élèves du Conservatoire de musique de Trois-Rivières seront aussi de la soirée. Ceux-ci se lanceront dans des improvisations musicales pour accompagner la déambulation des monstres.

« Dans le cadre de leur cours d’improvisation musicale, ils explorent plusieurs formes et styles de musique. On a fait une première répétition pour qu’ils puissent découvrir l’univers autour de l’activité », indique la directrice artistique des Sages Fous.

Un joueur expérimenté de saz, un luth à manche long, se joindra également aux musiciens du Conservatoire pour l’occasion.

Les différentes étapes du projet ont été filmées. Ainsi, durant la soirée, il y aura également une petite projection du documentaire qui en a résulté. Le public pourra aussi découvrir des dessins réalisés par des enfants immigrants dans un cours de francisation lors d’un atelier de marionnettes avec les Sages Fous.

Les billets pour assister au Bal des monstres du 1er novembre sont gratuits, mais il faut réserver sa place sur le site Web des Sages Fous au www.sagesfous.com. 

L’art pour favoriser l’intégration

Pour South Miller, l’art est une avenue intéressante pour contribuer à l’intégration dans une nouvelle société.

« Je suis aussi passée par un processus d’immigration, rappelle South Miller. Je ne viens pas d’un pays très lointain, mais j’ai appris le français en arrivant ici. La Fabrique de théâtre insolite, ça se veut un lieu international qui attire des gens du monde entier. Des Africains peuvent venir ici et voir d’autres Africains faire de la marionnette. Ou des Mexicains ou des gens d’autres nationalités. On est ouvert au monde. D’ailleurs, il n’y a pas de paroles dans nos spectacles pour que ce soit accessible partout. »

« C’est intéressant également d’utiliser l’art dans une optique d’intégration ou d’apprentissage du français, car au final, c’est de faire ensemble une activité passionnante. On échange plein de choses, on discute. »

Micro-festival de marionnettes inachevées

Les Sages Fous tiendront d’autres activités au cours des prochaines semaines, dont la 13e édition du Micro-festival de marionnettes inachevées qui aura lieu les 29 et 30 novembre à 19h30.

Ce sera l’occasion pour le public de participer à la fébrilité de la création théâtrale, de goûter à l’ivresse du saut dans l’inconnu, de vivre les émotions fortes des premiers pas. Cette année, l’événement accueillera des marionnettistes du Québec et de la France.

Les billets sont en vente sur le site Web des Sages Fous.

Par ailleurs, la Fabrique de théâtre insolite accueille Mafalda Silva, une marionnettiste de la Norvège, en résidence croisée jusqu’au 14 décembre. Elle fera d’ailleurs partie de la programmation du Micro-festival de marionnettes inachevées.