Halte-douceur et cohabitation sociale: Point de rue apporte des ajustements pour cet hiver
Face aux plaintes et enjeux de cohabitation soulevés par la présence de la Halte-douceur sur la rue Royale, l’équipe de Point de rue apporte des ajustements en prévision de la réouverture du lieu pour héberger des personnes en situation de rue durant la nuit cet hiver.
« Il y aura une équipe de cinq personnes entièrement dédiée à la Halte-douceur, dont un gardien de sécurité qui sera présent en tout temps entre 23h et 7h. L’an passé, Jean-Félix (St-Germain, directeur hébergement) était présent et il y avait d’autres personnes qui venaient à tour de rôle. Ce n’était pas la même stabilité que ce qu’on souhaite cet hiver, explique Philippe Malchelosse, directeur général de Point de rue. On aura vraiment des gens pleinement affectées à la Halte-douceur. »
Plusieurs travaux de rénovation seront effectués au cours du mois de novembre pour, notamment, mieux encadrer les personnes accueillies. L’organisme loue aussi le local voisin où les gens pourront laisser leurs paniers et effets personnels durant la nuit.
« Ces travaux étaient nécessaires pour assurer une meilleure cohabitation avec le voisinage à l’extérieur, mais aussi pour assurer un meilleur encadrement et une meilleure intervention à l’intérieur. Ça nous aidera à atténuer les altercations ou les conflits entre les gens, note M. Malchelosse. Le fait d’avoir loué le logement juste au-dessus à la suite du départ des locataires nous permettra aussi d’avoir un intervenant sur place, de garde, qui pourra descendre et intervenir rapidement au besoin. Pour les moments où il y aura des crises, ce sera une différence énorme comparativement à l’an dernier. »
Dannik Labrecque, travailleur de rue à la Halte-douceur, Philippe Malchelosse, directeur général de Point de rue, et Jean-Félix St-Germain, travailleur de rue et directeur hébergement de Point de rue. (Photo Marie-Eve Alarie)
Des travaux d’insonorisation et de ventilation sont aussi prévus, tout comme l’amélioration de la devanture. En tout, Point de rue investira entre 50 000$ et 60 000$ en rénovation avant la réouverture du lieu.
Cet hiver, seul le volet d’hébergement d’urgence sera offert à la Halte-douceur, l’organisme retirant le volet centre de jour qui permettait aux gens de socialiser. M. Malchelosse mentionne que la cohabitation entre les gens qui venaient sur place pour dormir et ceux qui venaient pour socialiser n’était pas évidente. Ces derniers pourront être référés au centre de jour du Havre ou, durant la journée, de Point de rue.
La Halte-douceur offre de l’hébergement de bas seuil, c’est-à-dire que toutes les personnes en situation de rue y sont les bienvenues, quel que soit leur état.
« Ici, on veut que les gens puissent renouer avec l’esprit de famille et la bienveillance que représente une famille. C’est aussi pour ça que quand on installe notre table, les gens mangent tous ensemble. On a des personnes de 70 ans qui viennent faire du bénévolat et qui créent des liens différents avec les personnes que l’on reçoit à la Halte-douceur. Pour nous, c’est super important de recréer cet aspect familial et que ces personnes puissent se sentir chez elles », souligne le directeur général de Point de rue.
Cohabitation ne rime pas avec invisibilité
M. Malchelosse fait remarquer que seuls les locataires de l’appartement situé directement au-dessus de la Halte-douceur ont quitté, les autres ayant renouvelé leur bail. « On constate généralement une solidarité avec notre projet ici. »
La devanture de la Halte-douceur sera aussi rénovée.
« Nous considérons que les situations vécues par les commerçants, citoyens et gens d’affaires sont légitimes et doivent être entendues, considérées et doivent favoriser des ajustements, sans toutefois engendrer une coupure totale de services là où il y a une crise », indique M. Malchelosse qui rappelle que la crise de l’itinérance prendra encore de l’ampleur dans les prochaines années.
Ainsi, Point de rue souhaite tendre la main aux commerçants situés à proximité de la Halte-douceur pour les écouter et évaluer des options d’ajustements. Ceux-ci auront un accès direct pour faire des plaintes et rejoindre l’équipe de Point de rue.
« La cohabitation, c’est accepter de vivre avec et non d’invisibiliser une réalité », souligne Jean-Félix St-Germain, travailleur de rue et directeur hébergement chez Point de rue. « On va rester ouvert d’esprit pour chercher des solutions. C’est de trouver une façon pour vivre tous ensemble avec cette réalité et se sentir en sécurité. La cohabitation, c’est vivre ensemble. »
La Halte-douceur ouvrira ses portes le 11 décembre, à temps pour la saison hivernale. Celle-ci demeurera ouverte jusqu’au 11 avril 2025.