En action contre l’érosion au boisé des Berges

Dès cet été, Bassin Versant Saint-Maurice (BVSM) entreprendra un projet visant la restauration d’une section de la rive droite de la rivière Saint-Maurice, contiguë au boisé des Berges.

Une caractérisation de cette section de la rive effectuée par BVSM en 2022 a permis de dénombrer plusieurs foyers d’érosion et des décrochements riverains. Les sédiments relargués dans la rivière peuvent engendrer de nombreux impacts négatifs sur l’ensemble de l’écosystème aquatique, tels que la dégradation de la qualité de l’eau, le colmatage des frayères ou encore l’obstruction des branchies des poissons.

« Un des aspects du projet consiste à revégétaliser certains endroits en plantant des arbres et des végétaux, indique Laurianne Bonin, biologiste et coordonnatrice de projets à Bassin Versant Saint-Maurice. Planter des végétaux a plusieurs fonctions dans une bande riveraine. Ici, particulièrement, les racines des arbres agissent comme des soutiens. Ça vient vraiment stabiliser les sols. Il y a différents végétaux qu’on peut utiliser pour y arriver. »

La plantation devrait se faire à l’automne. Il est aussi prévu d’aménager une bande riveraine nourricière sur le haut du talus. L’organisme souhaite réaliser cette activité avec les élèves de l’école primaire Jacques-Buteux par le biais d’une plantation éducative.

« Quand il y a de fortes pluies, l’eau coule dans les rues et ruisselle jusqu’au boisé, ce qui peut contribuer à l’érosion du sol. Plus il y a de la végétation, plus ça permet de ralentir l’écoulement vers la rivière. Cette plantation sur le haut du talus contribuera à ralentir le ruissellement de l’eau vers la rivière. Ça pourra aussi agir comme premier filtre contre la pollution, à la manière d’une zone tampon », précise Mme Bonin.

Par ailleurs, une étude de faisabilité sera réalisée durant l’été par le Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants (RAPPEL) afin d’acquérir des connaissances sur les techniques à mettre en place pour stabiliser les sections de la rive où des foyers d’érosion et des décrochements riverains ont été identifiés. 

« Juste de planter des arbres ne sera pas suffisant pour bien stabiliser la rive. Les gens du RAPPEL sont des spécialistes et ils pourront nous dire quelle technique sera la plus efficace pour stabiliser le sol. Ils vont aussi prendre en considération la fluctuation du niveau de l’eau. Toute l’analyse se fera cet été, ce qui nous permettra d’être prêts à agir avec des actions plus ciblées à partir du printemps », précise Mme Bonin.

Des actions souhaitées depuis longtemps

Cela fait plusieurs années que les citoyens du secteur font connaître leurs inquiétudes en lien avec l’érosion de la berge. Un comité citoyen est d’ailleurs mobilisé dans le dossier.

Des initiatives citoyennes avaient déjà été réalisées afin de baliser l’accès à la rivière Saint-Maurice via la rue des Berges. 

« Depuis la pandémie, le site est largement utilisé. Les gens viennent ici pour faire de la planche à pagaie et du canot et c’est ici qu’ils se mettent à l’eau. Il y avait donc plusieurs petits sentiers par lesquels on pouvait avoir accès à la rivière, explique Laurianne Bonin. Les gens traversaient le boisé. Ça inquiétait les résidents du secteur qui se préoccupaient déjà du niveau de l’érosion de la rive. Quelques petits balisages ont été faits pour délimiter un sentier. Les résidents ont aussi installé une pancarte pour sensibiliser les utilisateurs de la rivière à l’érosion de la rive. »

Dans le cadre du projet piloté par BVSM, un nouveau panneau d’interprétation sera installé à proximité du boisé pour sensibiliser les utilisateurs aux différentes fonctions écologiques assurées par les écosystèmes riverains et à leur précarité. Des affichettes seront aussi installées le long de la rive, afin de délimiter la section revégétalisée.

La conseillère municipale du district des Rivières, Pascale Albernhe-Lahaie, se réjouit du lancement du projet de revitalisation de la rive dans le secteur du boisé des Berges.

« Les actions de la Ville sont plus concentrées sur la surveillance des émissaires pluviaux aux endroits plus problématiques dans le secteur, mais en parallèle, on observe une dégradation du boisé. Les citoyens sont inquiets. Dès le début de mon mandat, les citoyens du quartier m’ont informée de la situation et ont demandé mon aide. On m’a recommandé de contacter BVSM pour voir si l’organisme pouvait nous aider. Ils nous ont pris sous leur aile et ont accepté de piloter le projet », raconte-t-elle.

Parallèlement à l’étude de faisabilité, BVSM procédera à la formation d’une équipe de riverains bénévoles qui aura pour mandat de suivre l’érosion au niveau du boisé des Berges au cours des prochaines années. 

« Il y a plusieurs citoyens qui sont déjà impliqués et qui étaient déjà en action. On est une petite équipe à BVSM et on couvre un très grand territoire, note Laurianne Bonin. On ne peut pas avoir des yeux partout. C’est vraiment avantageux pour nous d’avoir des yeux sur le terrain. On va leur offrir une petite formation vers la fin de l’été et par la suite, ils pourront nous tenir au courant de l’évolution des choses. »

« C’est important que les gens du coin restent dans le projet, ajoute Mme Albernhe-Lahaie. Ils sont vraiment impatients de voir des actions être mises en place et ils se mobilisent rapidement dès que la belle température arrive. Il y a aussi toute la question de prévention et de sensibilisation, l’affichage et les activités de sensibilisation avec des écoles qui s’avèrent intéressants dans le projet. »

Bassin Versaint Saint-Maurice a obtenu une contribution financière de 28 815$ via le Programme de soutien régional aux enjeux de l’eau, ainsi que 12 350$ d’Éclore fonds environnement Trois-Rivières pour mener ce projet de restauration de la rive. 

« On aimerait pouvoir poursuivre nos actions avec une deuxième phase pour que nos actions soient plus efficaces sur le long terme. Il faudra appliquer pour obtenir de nouvelles subventions pour y arriver », conclut Laurianne Bonin.