Dans les coulisses du spectacle « The Cirque »

Depuis près de deux semaines, l’équipe de conception du Cirque du Soleil travaille fort pour mettre au point le spectacle de la Série Hommage « The Cirque » rendant hommage à Rock et Belles Oreilles (RBO). L’Hebdo a eu accès aux coulisses de la préparation du spectacle.

Créer une salle dans la salle

Cette année, le défi est notamment technique, car la production a littéralement eu à créer une salle dans la salle à l’Amphithéâtre Cogeco.

« Ça se veut un grand cabaret. Il y aura trois scènes à même le public. Ces scènes deviendront des bars durant l’entracte. Je voulais vraiment que le spectacle aille vers le public et jouer avec cette notion de proximité », indique Jean-Guy Legault, qui revient à la mise en scène du spectacle de la Série Hommage pour une sixième fois.

Normalement, l’équipe de production utilise les équipements qui se retrouvent sur la scène et à l’arrière du cadre de scène. Cette fois-ci, il a fallu ajouter des équipements du côté de la salle. 

« Ça a été un gros défi technique. Par exemple, on a dû ajouter 50 moteurs dans le plafond. En temps normal, on a besoin d’une douzaine de moteurs. Pour cette production, on a plus que triplé le nombre. Ça impliquait aussi de repercer le plafond et les soffites à différents endroits et obtenir les autorisations des ingénieurs, de l’architecte et de la Ville, explique Michel Daudelin, directeur technique du spectacle  »The Cirque ». Il fallait repenser le système d’éclairage, identifier les points acrobatiques. On a pris le temps de s’asseoir avec les concepteurs pour déterminer les besoins et mettre le tout sur un plan. Ça a nécessité une grosse semaine de montage de 12 heures par jour avec une trentaine de personnes. »

Chantale Jean, directrice de production, et Michel Daudelin, directeur technique du spectacle « The Cirque ». (Photo Marie-Eve Alarie)

« À la scène principale, il y a tout un système technique qui est assez élaboré avec des perches qui lèvent, mais il n’avait rien de tout ça du côté de la salle. Ça prend aussi des équipements qui résistent davantage aux intempéries, car les artistes y sont moins protégés que sur la scène traditionnelle, fait remarquer Chantale Jean, directrice de production. C’est quand même un beau défi parce que pour nous qui sommes là depuis cinq et huit ans, c’est le fun de changer de concept chaque année. Ça pourrait être ennuyant de reproduire toujours la même chose. Jean-Guy [Legault] connaît bien la salle. Ça nous permet de pousser plus loin les concepts. »

En ce moment, 80 personnes s’activent pour la création du spectacle. La plage horaire de 10h à 14h est consacrée uniquement à la portion acrobatique et aux entraînements. « C’est là qu’on fait les validations techniques. On s’assure que tout est correct et que les artistes sont confortables », précise Mme Jean.

Ensuite, jusqu’à 19h, l’équipe travaille sur le spectacle pour voir ce qui fonctionne ou non et apporter les ajustements en prévision du lendemain. Les répétitions se poursuivent en soirée, puis le concepteur d’éclairage entre en scène à la tombée de la nuit pour effectuer les validations acrobatiques pour l’éclairage et programme le reste du spectacle.

« Il faut absolument que l’éclairage soit pensé en fonction des artistes pour s’assurer de ne pas les aveugler et qu’ils soient capables de faire leurs acrobaties. Le concepteur d’éclairage n’a pas le choix de travailler de nuit, car on ne voit rien durant la journée avec la luminosité », note la directrice de production.

Bain à bulles et beigne policier

Le département des accessoires mené par Alain Jenkins, qui en est à son septième projet à Trois-Rivières avec le Cirque du Soleil, est une véritable caverne d’Ali Baba colorée et éclatée: un costume de beigne policier, un bain sur pied rempli de balles de ping-pong colorées pour simuler des bulles, une guitare faite à partir d’un siège de toilette, un casque de scaphandre, des bouteilles aux étiquettes de Tequila El Cheapo et de Bière Flomeau, des cornemuses…

« Trois-Rivières reste un de mes spectacles préférés chaque année. On offre quelque chose aux gens par rapport à un artiste qu’ils aiment. C’est un cadeau au public. Là, on se retrouve dans un univers qu’on n’a jamais vraiment exploité avant au Cirque du Soleil. D’habitude, il y a un niveau et une rigueur à conserver, mais pour ce spectacle-ci, pas du tout! Quand les accessoires étaient trop designés, Jean-Guy Legault me disait d’ajouter du carton. On peut se permettre tout ce qu’on veut avec ce spectacle », raconte Alain Jenkins, concepteur des accessoires.

(Photo Marie-Eve Alarie)

La grande majorité de la conception des accessoires se fait avant l’arrivée de l’équipe à l’Amphithéâtre Cogeco. L’équipe de conception a parcouru les magasins à 1$ et les brocantes pour dénicher des éléments d’accessoires ou recycle de vieux accessoires en les transformant totalement. 

Cette année, c’est la quantité d’accessoires qui prime. On en verra près d’une centaine dans le décor et dans les différents numéros qui seront présentés. On peut également s’attendre à des petites surprises associées à des personnages de l’univers de RBO. 

« On n’a jamais eu autant d’accessoires dans une production de la Série Hommage, mentionne-t-il. On se permet de tout essayer pour amener un aspect très immersif. Il y aura aussi de petits accessoires qui évoqueront des choses aux fins connaisseurs, mais on garde en tête que ce n’est pas tout le monde qui connaît tout l’univers de Rock et Belles Oreilles. »

(Photo Marie-Eve Alarie)

« Je suis de cette génération qui a connu RBO. Tavailler sur cette production me replonge à cette époque et dans cet univers. Le fait d’avoir la chance de refaire une guitare électrique toilette comme celle que je voyais quand j’étais jeune, c’est incroyable! Je me sens comme un gamin! Les accessoires, ce ne sont pas des choses qui sont tout le temps essentielles dans le spectacle, mais ils vont permettre de petites transitions, ajouter des petites touches de couleurs, contribuer à l’ambiance. »

Plus de perruques que jamais

Du côté du maquillage, on garde ça plus simple cette année puisque les perruques prennent une grande place dans le spectacle cette année.

« On a opté pour un maquillage plus de base parce qu’il y a beaucoup de changements de perruques cette année. L’objectif est qu’il puisse s’agencer à toutes les perruques et aux costumes, indique Audrey Toulouse, conceptrice maquillages. On a des comédiens, des acrobates, des personnages principaux. Pour certains, on vient créer des traits particuliers. On travaille selon les actions qu’ils font avec leur visage pour accentuer certains traits. »

(Photo Marie-Eve Alarie)

Bien que le maquillage semble moins élaboré que par les années passées, les artistes doivent tout de même respecter la trentaine d’étapes à la lettre pour le réaliser à la perfection. Les premières fois, l’exercice peut prendre jusqu’à deux heures, mais une fois les artistes plus habitués, on vise une réalisation en 45 minutes.

« On doit aussi s’assurer que le maquillage résiste à l’eau et à la sueur. On veut que ça tienne. Ce sont de petites étapes, mais on ne peut pas en retirer une, sinon ça ne fonctionne pas », ajoute-t-elle.

Les années 80 en vedette!

Plus de 100 costumes ont été créés pour le spectacle « The Cirque ». De ce côté, ce sera un véritable plongeon dans les années 80.

Jessica Poirier-Chang et son équipe y travaillent depuis plusieurs mois. Il s’agit de la première production de Jessica Poirier-Chang avec le Cirque du Soleil. Elle compte toutefois une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine des costumes d’opéra, de théâtre et de cirque. 

(Photo Marie-Eve Alarie)

« On passe par plusieurs phases de conception et de production. Puis on fait du repérage. On est allé en friperie et on a acheté des tissus. Jean-Guy Legault ne veut pas de costumes de cirque typiques. On essaie donc que ça s’apparente plus à des costumes de théâtre, mais il y a des soufflets cachés ici et là et tout est extensible sans que ça en ait l’air, car c’est important que les acrobates ne soient pas limités dans leurs mouvements », détaille-t-elle.

Environ le tiers des costumes est tiré de vêtements trouvés en friperie qui ont été déconstruits et modifiés.

Le costume de Stromgol a représenté un bon défi pour l’équipe des costumes. « On a dû le simplifier, car ça empêchait l’acrobate de faire certains mouvements.Mais disons que c’est un spectacle qui est vraiment bricolé. C’est un mélange de couture et de bricolage », conclut-elle.

(Photo Marie-Eve Alarie)

Le spectacle « The Cirque » sera présenté du 17 juillet au 17 août à l’Amphithéâtre Cogeco. Les billets sont en vente dès maintenant sur le web à amphitheatrecogeco.com, à la billetterie  de la salle J.-Antonio-Thompson et au 819 380-9797.