L’affaire Dupont : le meurtre parfait?
Je propose une troisième piste : Louis-Georges Dupont s’est bien et bel suicidé –ET- on l’a bel et bien tué. Contradiction? Pas sûr.
Je ne remets pas en cause la conclusion du suicide de la Sûreté du Québec. Ce sont des experts. En même temps, je comprends les défenseurs de la thèse de l’assassinat. Trop de questions demeurent sans réponse. Et si tout ce beau monde avait raison?
Suivez-moi bien. Je vous lâche tout ça en vrac sinon ça prendrait des pages.
Les policiers furieux
L’échevin Gaston Vallières dénonce la corruption au sein de la police municipale en pleine séance du conseil. Les médias sautent sur l’affaire. La Commission d’enquête sur la police débarque à Trois-Rivières. Les policiers corrompus sont en « tabarnak ». Ils jurent que quelqu’un va payer. Faut bien se défouler sur quelqu’un. Les psychologues le savent bien.
Louis-Georges Dupont témoigne aux travaux de la Commission. Selon ce qui nous a été rapporté, le sergent-détective se tient debout. Tout comme l’échevin Vallières qui, d’ailleurs, payera le prix pour avoir osé parler : intimidation, menaces et « pétards » à proximité du domicile. Les policiers corrompus n’iront pas plus loin avec Vallières. L’homme est quand même conseiller municipal. Trop risqué!
Mais Dupont lui, les policiers corrompus le connaissent bien. Il est fragile mentalement depuis un certain temps et, comble du bonheur, il vit des problèmes de santé par les temps qui courent. Comble du bonheur encore une fois, il connaît des problèmes familiaux (selon l’enquête de la SQ). Et le gars, le même gars, ose se pavaner devant la Commission en ne défendant pas ses camarades. Pourtant, c’est bien connu, les policiers doivent se protéger entre eux (plus un mythe qu’une réalité).
Voilà la victime toute désignée! L’exutoire parfait! Le gars sur qui on peut se défouler. Il n’est même pas dangereux. Pourquoi se gêner? Rappelez-vous : les policiers sont en « tabarnak »! Leurs magouilles lucratives sont en jeu. Et le risque de se faire destituer leur met les nerfs en boule.
Ces gars-là étaient très dangereux. N’oubliez pas que la Commission est revenue 12 ans plus tard pour finir de nettoyer. Dupont était prisonnier d’un système. La plupart de ces gars-là étaient sergent détective. Comme Dupont. Tout ce beau monde devait travailler ensemble.
Donc, on insulte Dupont à tour de bras, on le traite de tapette, on menace de lui casser la gueule. Le plus futé de la gang – ou le plus salaud c’est selon- va encore plus loin. Il s’approche de Dupont et lui glisse à l’oreille : « Ce serait bien que tu disparaisses, chien sale! Tout l’monde serait débarrassé. La terre se porterait mieux. »
Pire : « Si tu disparais demain matin, je te jure qu’on va laisser ta famille tranquille. » Et si Dupont avait le malheur à l’époque d’avoir une maîtresse, c’était encore plus facile. Le policier le plus futé –ou le plus salaud c’est selon- avait le gros bout du bâton.
Selon Jean-Pierre Corbin, qui suit l’affaire Dupont depuis des années en vue d’un livre, Dupont aurait été séquestré avant de mourir. Si c’est vrai, imaginez l’impact, sur l’esprit fragile de Dupont, d’une répétition d’insultes et d’intimidation pendant des heures et des heures. J’ai connu deux enquêteurs de la vieille école à Laval. Je vous jure qu’il ne fallait pas se retrouver sur leur chemin. Ils faisaient carrément peur!
Les experts en suicide le savent. Suffit d’une parole bien placée dans le cerveau d’une personne en quête d’aide psychologique pour la pousser au suicide.
D’autres exemples
Pas besoin de lire Agatha Christie, Robert Ludlum ou Michaël Connelly pour se convaincre que la thèse est plausible. Suffit de lire Bousille et les justes d’un auteur de la région, Gratien Gélinas, pour apprendre qu’une intimidation bien articulée peut pousser au suicide. Suffit de regarder le film québécois Les bon débarras avec Marie Tifo. La petite Manon est franchement diabolique.
Ce n’est que de la fiction vous me direz? Les meilleurs enquêteurs savent que la réalité dépasse souvent la fiction. Et je ne suis pas le premier à y avoir pensé. Certains d’entre vous l’ont pensé et certains enquêteurs aussi.
La beauté de cette troisième piste, c’est qu’on n’a pas besoin d’une cinquième enquête sur l’affaire Dupont. Un regret cependant : les salauds qui ont fait la job –si c’est le cas- s’en sont tirés indemnes.
Je ne sais combien j’aurais donné pour parler à l’échevin Gaston Vallières, s’il était encore en vie. Histoire de savoir ce qu’il a pensé lorsque le corps du policier Dupont a été découvert.
Cet article s’inscrit dans la série Histoires de crime qui renferme faits divers, procès célèbres et récits d’espionnage dont les archives se trouvent au www.lhebdojournal.com, actualités, sous-onglet justice.
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