Dave Roussin obtient l’absolution inconditionnelle
JUSTICE. Dave Roussin, l’individu qui avait tenté de s’introduire de force dans les locaux de TVA Trois-Rivières en juin dernier, revient de loin. Le traumatisme crânien sévère dont il a été victime à la suite d’un accident de la route survenu en 2006 explique en partie ses gestes, a conclu le juge.
L’accident l’a laissé aux prises avec d’importantes séquelles cognitives, psychologiques et une douleur constante. Depuis, l’accusé âgé de 36 ans a notamment un comportement impulsif et de la difficulté à gérer ses émotions, a expliqué son avocat au tribunal, mardi matin.
Il peut ainsi passer d’une attitude joviale à des réactions inattendues et violentes, ce qui explique, selon lui, l’incident du 15 juin 2016. «C’est un individu qui a de la difficulté à s’exprimer. Fâché de voir qu’on s’est moqué de lui lorsqu’il a demandé à passer un message en ondes, il a laissé parler sa colère», a mentionné la défense.
Vers 10h cette journée-là, Rousin s’est présenté à la porte de la station de télévision et a indiqué qu’il voulait parler à un journaliste. La réceptionniste lui a refusé l’accès puisqu’il n’avait pas de rendez-vous. Il est alors devenu agressif avant d’asséner des coups de pied dans la porte. Il a également tenté de frapper l’un des policiers appelés sur les lieux. L’accusé a dû être aspergé de poivre de Cayenne afin d’être maîtrisé.
Dans sa déclaration, l’agent indique toutefois que Roussin n’a pas résisté à son arrestation et qu’il s’est immédiatement confondu en excuses. Des accusations de voies de fait sur un agent, de méfait et de tapage ont été déposées contre lui.
Devant le juge, mardi, le jeune homme a dit regretter ses actes. «Je n’ai pas choisi la meilleure des façons pour m’exprimer. Mon but n’a jamais été de faire peur aux personnes qui étaient présentes sur place», a-t-il déclaré, la mine basse, ajoutant qu’il ne s’est pas reconnu lorsqu’il a visionné les images de la caméra de surveillance.
Un rapport d’évaluation psychiatrique ordonné par le tribunal a déterminé que l’accusé ne souffrait pas de troubles mentaux. Le document conclut également qu’il ne représente pas un danger pour la société et que le risque de récidive est faible.
Roussin revient de loin…
Le retour à la réalité a été brutal à la suite de son accident de la route en 2006. À peine entrée dans la vingtaine, on lui a annoncé qu’il ne serait plus jamais capable d’occuper un emploi en raison de son traumatisme crânien. Il a eu droit à une indemnité pour séquelles de la Société de l’assurance automobile du Québec.
«Je ne pouvais pas accepter que ma vie prenne fin ainsi», a-t-il raconté.
Récemment, il a pris la décision de retourner sur les bancs de classe, mais à son rythme. Lire et écouter lui demande le double des efforts qu’auparavant. Il fait actuellement des études en éducation spécialisée au Cégep de Thedford Mines.
Compte tenu des séquelles laissées par l’accident et de son parcours depuis, la défense a demandé au juge d’accorder l’absolution inconditionnelle à son client.
La Couronne s’est quant à elle interrogée à savoir si un suivi ne serait pas nécessaire pour l’aider à contrôler ses émotions et son impulsivité. À la suite de son arrestation, Roussin se serait en effet blessé dans une cellule en se cognant la tête volontairement. Il avait été conduit par ambulance à l’hôpital.
La procureure Me Marie-Ève Paquet convient cependant que ses problèmes d’ordre émotifs découlent inévitablement du traumatisme crânien qu’il a subi tout en soulignant ses efforts pour s’en remettre.
Elle estime que sa détention provisoire qui a duré six jours a été une conséquence bien suffisante.
Mardi, le tribunal a finalement accordé l’absolution inconditionnelle sans suivi à Dave Roussin. Le juge a tenu compte de l’absence d’antécédent judiciaire, du risque de récidive peu élevé, mais a aussi insisté sur la dure réalité du traumatisme cérébral.
«On en voit malheureusement de plus en plus. Ça affecte beaucoup la vie des gens qui en sont victimes. Vous avez vécu une période difficile, mais vous avez réussi à vous reprendre en main», à féliciter le juge.
Outre l’absolution, Dave Roussin dut faire un don de 500 $ au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels.