« Par les chemins » du Père Frédéric

Le projet d’une nouvelle biographie plus moderne consacrée au Père Frédéric Janssone s’est rapidement transformé pour l’auteur Sylvain-Alexandre Lacas qui écrira finalement une trilogie à propos du franciscain qui a marqué l’histoire de Trois-Rivières et du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Il nous a parlé de sa démarche et révélé de quoi seront constitués les deux autres livres à venir.

On a demandé à l’auteur de dépoussiérer la vie du Père Frédéric, les ouvrages parus à son sujet commençaient à dater.

« Beaucoup de livres ont été écrits dans les années 30, 40, 50. Pour les lecteurs, c’est un peu difficile à comprendre dans le langage. Le mandat c’était d’écrire une biographie plus contemporaine avec les mots d’aujourd’hui, mais dans un langage un peu poétique, spirituel. »

En voulant raconter la vie de l’homme dans les mots d’aujourd’hui, M. Lacas a pensé confier au Père Frédéric le rôle de narrateur.

« J’ai eu cette idée de tout écrire au « je », de faire parler le Père Frédéric lui-même. C’est toujours une tierce personne qui raconte la vie de quelqu’un. On le vante. Je me suis dit comme c’est un religieux il va être beaucoup plus humble face à lui-même. En écrivant au « je », ça m’a permis d’entrer dans ce qu’il était vraiment et ça le rend très actuel. Comme il sera canonisé d’ici deux ans, pour l’Église catholique, s’il opère des miracles depuis qu’il a été béatifié, en principe au niveau de la foi, il est vivant. Donc c’est comme si en 2024, il nous parlait de sa vie. »

Si l’auteur a rigoureusement respecté les faits, il s’est permis quelques libertés en utilisant ce procédé.

« C’est pour ça le sous-titre « fiction d’après la vie du père Frédéric Janssoone ». Tous est vrai, il n’y a rien d’inventé, la base historique est absolument solide. Je lui fais dire des choses qu’il aurait peut-être dites autrement. »

Un périple dans les pas du Père Frédéric

Sylvain-Alexandre Lacas a amorcé son travail de recherche en visitant la région où le Père Frédéric a vu le jour.

« J’ai débuté l’aventure en Flandre, à Warhem, un petit village agricole pas très loin de Ghyvelde où il est né. Une association soigne une vingtaine d’ânes dans une ancienne déchetterie où le Père Frédéric s’était amouraché d’un petit âne. C’est là que j’ai situé mon récit. J’avais le mandat de creuser son enfance, son adolescence. J’ai rencontré des historiens qui m’ont permis de comprendre ce qu’était la Flandre française au 19e siècle et à l’ère industrielle. Il a grandi au milieu de tout ça, le père Frédéric, ç’a forgé son identité. Sa mère est un personnage très important dans sa vie. Je lui donne une belle place dans mon livre. »

Le Père Frédéric a fini par passer la plus grande partie de sa vie au Québec, particulièrement à Trois-Rivières où il a fondé le Commissariat de la Terre sainte.

« Il était passionné par la Terre Sainte mais par l’Amérique du Nord et le Bas-Canada aussi. Il est venu ici pendant huit mois pour faire un genre de repérage, il est retourné une douzaine d’années en Terre sainte et il est revenu au Québec pendant 28 ans. Il a sillonné tout le Québec, il a beaucoup marché. C’est pour ça que je l’ai appelé « Par les chemins ». Du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap jusque chez les franciscains, c’est à peu près huit kilomètres. Lui, il a fait ça à pied, soir et matin, dans la neige, le froid, la gadoue. À cette époque, au coin de Saint-Maurice et Laviolette, il n’y avait absolument rien, c’était la campagne pure. Aujourd’hui, c’est le séminaire Saint-Joseph, c’est archi-occupé comme endroit, mais à l’époque, c’étaient des champs. C’est là qu’il a installé son petit commissariat. »

Début d’une trilogie

Le comité de lecture de l’auteur, constatant l’ampleur de la matière à traiter, a décidé de séparer le projet en trois livres distincts.

« Le premier, c’est une autobiographie. Le deuxième, ça va être des récits de légendes associées au père Frédéric racontés par quelqu’un d’autre, je ne peux pas dire qui pour le moment. Le dernier, ça va être le pèlerinage du Père Frédéric au Canada, en Terre sainte et en Flandre. »

L’auteur a déjà commencé l’écriture du deuxième livre.

« C’est ce qu’on appelle des fioretti, ça veut dire des petites fleurs. Les fioretti les plus célèbres sont celles de François d’Assise. Ça n’a pas de base historique, mais des fondements spirituels. On a demandé aux gens qui ont connu le Père Frédéric de faire parvenir des témoignages, on en a reçu beaucoup. J’ai choisi une trentaine d’histoires, de beaux récits. J’essaie d’en créer des légendes avec un langage un peu métaphorique, très imagé. Tous les faits sont vrais, mais la manière dont c’est tissé, entrelacé, il y a du merveilleux et du fantastique pour nous permettre d’entrer dans le personnage d’une autre façon, par la poésie, la musique, le chant. C’est pittoresque. »