Marc Fournier, de « fatigant » à sergent-détective

Il y a cinq ans jour pour jour, ­Marc ­Fournier s’est amené sur le plateau de ­District 31 avec un rôle – moins présent – de policier aux affaires internes. Il a néanmoins rapidement accroché l’œil du public par son personnage détestable. Bien que ce ne soit pas officiellement dévoilé à ce jour, c’est probablement cette réaction du public qui l’a conduit jusqu’à un poste de ­sergent-détective aux côtés des ­Michel ­Charette, ­Sébastien ­Delorme, ­Vincent-Guillaume ­Otis, ­Catherine ­Proulx-Lemay et ­Catherine ­St-Laurent.

«  ­District 31 est arrivée après une bonne dizaine d’années à essayer de faire ma place dans le milieu, d’avoir de bonnes et de moins bonnes années et de participer à de très beaux projets. Un moment donné, j’ai reçu cette ­proposition-là dans cette série écrite par ­Luc ­Dionne qui m’avait fait aimer la télévision québécoise avec ­Omertà, ­Bunker, le cirque et ­LeDernier chapitre. J’avais envie de faire partie de cette aventure  », ­lance-t-il.

«  ­On m’a offert un plus petit rôle puisque les gros rôles avaient été donnés. Je savais que j’allais avoir deux jours de tournage avec ­Yves ­Jacob et ensuite, j’ai été un ou deux mois sans nouvelle. Plus tard, je reçois un appel qui me dit qu’on voudrait ravoir ­Yves ­Jacob à l’écran. Parfait ! Ça s’est poursuivi et cinq ans plus tard, je suis rendu un régulier de la série. Je ne m’attendais pas à ce que mon personnage prenne autant d’importance et je prenais plaisir à le jouer, à chaque présence, comme si c’était ma dernière.  »

Le natif de ­Trois-Rivières a en effet hérité d’un personnage très coloré qui a d’abord été détesté des policiers de la série et des téléspectateurs.

«  ­Quand j’ai reçu le texte, je me suis rendu compte qu’il était un peu baveux et que les autres n’étaient pas contents de le voir arriver. Lorsque c’est ton personnage, tu l’aimes et tu lui trouves les justifications pour être comment il est. On se rend compte qu’il est détesté une fois qu’il est mis en contexte avec tous les autres. J’aime beaucoup incarner ce genre de personnage, un peu plus sombre, dans des zones grises. C’est intéressant à jouer  », ­confie-t-il.

«  ­Si je réussis à faire fâcher le public, je dois réussir à lui faire faire sa job comme il se doit (rires). Luc ­Dionne a cette ­liberté-là, en écrivant au fur et à mesure, de faire évoluer ses personnages, soit dans le sens où les téléspectateurs imaginent le personnage ou comment ils aimeraient le voir évoluer, ou parfois complètement à sens inverse. On me disait que les gens sur les réseaux sociaux commençaient à aimer ­Yves ­Jacob et aimeraient l’avoir au 31 et ­Luc se faisait un plaisir de le ramener à l’écran pour faire suer les personnages principaux. Maintenant, des circonstances ont fait qu’il a pris la décision de me faire rentrer au 31 pour me joindre à l’équipe et on verra comment ça va évoluer. On en profite pendant que ça passe !  »

Détestable à souhait

Le nom d’Yves ­Jacob est sorti très souvent depuis cinq ans autour de quelconques machines à café les matins suivant sa présence à l’écran. ­Est-ce que ce n’est justement pas cette réponse du public qui lui a permis de devenir un régulier de la série ?

«  ­Je ne peux pas parler pour ­Luc ­Dionne et il ne m’a jamais dit ça mot à mot, mais s’il n’avait pas aimé ce que j’ai fait et si le public n’avait pas aimé le personnage, probablement qu’il ne se donnerait pas le trouble de lui réécrire des textes  », s’­explique-t-il.

«  ­Comme auteur, pour avoir étudié la scénarisation, je comprends le fonctionnement. Tes personnages sont comme dans un jeu d’échecs. Au départ, tu pars avec ton roi et ta rein, et tes pions. Tu essaies de gagner du terrain. C’est la même chose lorsque tu écris et lorsque ça fonctionne. Ça donne des scènes où le public embarque et ça te donne le goût d’en refaire d’autres dans le même genre. J’ai l’impression que le fait que le public se soit attaché à ce ­personnage-là, ça doit avoir aidé au fait qu’il n’ait pas eu d’accident, disons !.  »

Et le comédien ne chôme pas ! ­Outre son rôle dans ­District 31, il a obtenu plusieurs contrats récemment.

«  Ç’a été une belle année pour moi et ­est-ce que c’est l’effet ­District 31 qui fait que j’ai eu plus d’offres ? C’est difficile à dire, mais j’ai plusieurs projets qui s’en viennent. J’ai tourné une série de huit épisodes, cet été, intitulée ­Lac-Noir, avec ­Mélissa ­Désormeaux-Poulin et ­Stéphane ­Demers, entre autres. C’est un genre de drame et suspens qui se passe dans un petit village. Je joue également dans L’effet secondaire, une belle série jeunesse présentée sur ­Tou.tv. C’est une série pour ados où j’incarne le nouveau directeur d’école qui veut remettre l’école sur les rails et qui n’est pas toujours très apprécié des étudiants.  »

Il a également su qu’il fera partie d’un nouveau projet, ­Le domaine du possible, écrit par ­François ­Avard.

«  ­Bref, j’ai vraiment du plaisir en ce moment, mais je sais que ça peut être parfois éphémère. Il y a eu des années où je pensais que c’était bien parti et que j’avais une belle stabilité et il s’en est suivi des années un peu plus tranquilles. Dans le moment, je profite des belles opportunités qui me sont offertes et j’espère que ça va me permettre d’en faire toujours, de vieillir ­là-dedans, de m’améliorer et de rencontrer des comédiens exceptionnels qui vont m’apprendre à faire mon métier encore mieux et que je vais continuer à évoluer. C’est important de ne pas s’accrocher au succès, car le succès est éphémère. Je suis très heureux de pouvoir le faire dans ce moment  », ­conclut-il.