Les sculptures éphémères de Geneviève Baril
L’artiste champlainoise Geneviève Baril a fait de l’île Saint-Quentin son terrain de jeu pour la création de deux grandes sculptures éphémères qui s’y installent pour la saison estivale.
La première œuvre se retrouve face à l’embouchure du fleuve et de la rivière, tandis que la seconde trône au cœur des jardins de l’île. Ces sculptures aux lignes épurées qui invitent à la contemplation de la nature ont été réalisées en acier inoxydable à l’Atelier Silex.
Toutefois, c’est sur l’île qu’elles prennent vie et évoluent, car Geneviève Baril les habille de végétaux qu’elle recueille sur l’île Saint-Quentin.
« La première sculpture sera plus portée sur l’écorce et le bois flotté, surtout que le niveau de la rivière a vraiment monté, ce qui fait en sorte qu’il y avait beaucoup de bois flotté lorsque le niveau a redescendu. Pour ce qui est de l’œuvre dans les jardins, il y aura probablement plus de vert, de fleurs », détaille-t-elle.
Et à la fin du projet, toute la matière recueillie retourne à l’île. « Ça fait plusieurs années que je travaillais avec de la matière organique ou végétale, mais je la transformais. Je la mettais dans du plâtre ou de la céramique et elle devenait un objet qui ne pouvait pas retourner à la nature », note l’artiste.
« Je travaille à ne plus altérer la matière pour pouvoir la retourner à la nature, précise-t-elle. Ça implique, par exemple, de ne pas utiliser de colle. C’est complexe parce qu’il faut que ça tienne aussi! Ça donne un rendu plus brut et ça bouge dans le temps d’exposition. Si je prends des plantes vertes aujourd’hui, elles seront sèches dans un mois et bougeront. Mais j’aime ça. Ça parle de la vie dans son côté éphémère. »
Créer sous les yeux des autres
Geneviève Baril se plaît bien, aussi, à sortir de l’atelier pour exercer son art au grand jour. C’est aussi une façon pour elle de donner accès et de démocratiser le travail de création.
« Comme je suis directement à l’île Saint-Quentin pour créer, les gens ont accès à mon processus de création, alors que normalement, on se retrouve seul dans nos ateliers et on présente ce qu’on a fait quand c’est fini. Là, pendant un mois ou deux, les gens ont accès à ce qu’il se passe. Ce sont des œuvres en évolution. J’aime aussi le contact avec le public, car les gens s’arrêtent, posent des questions. C’est une partie du travail que j’adore », raconte la Champlainoise.
Et puis, travailler en plein air de la sorte lui donne aussi l’occasion de prendre le temps, de créer au rythme de la nature et de la météo. « Ça me permet de ne pas faire de distinction entre travailler et la vie. Je peux être en totale cohérence avec qui je suis en travaillant dans la nature, à l’extérieur, et en me créant des espaces et projets où je peux être dehors pour travailler », précise-t-elle.
« Je pense que ce projet invite aussi les gens à redécouvrir l’île autrement. Tant mieux si les sculptures créent une émotion chez eux, mais j’aimerais que les gens s’arrêtent, prennent le temps. Je voudrais faire en sorte que les gens puissent s’asseoir dans les sculptures pour prendre le temps de regarder », conclut Geneviève Baril.
Tisser le vivant
Des femmes de la région seront invitées à réaliser ensemble une œuvre contemporaine et à partir en pleine nature le 9 septembre prochain à l’occasion d’un atelier de partage et de création collective, en collaboration avec Autrement d’ici et la Table de concertation du Mouvement des femmes de la Mauricie. Les participantes pourront réaliser un tissage avec de la matière végétale.
Les œuvres de Geneviève Baril sont présentées à l’île Saint-Quentin jusqu’à la fin du mois d’octobre. Par la suite, elle aimerait pouvoir promener ses sculptures sur d’autres îles du Saint-Laurent dans les prochaines années.
Le projet Île Jardin / Tisser le vivant a bénéficié d’un montant de 19 000$ pour sa réalisation en vertu du Programme de partenariat territorial de la Mauricie.