Le trompettiste et la bassoniste…
Le 29 juin dernier en fin d’après-midi, le voisinage de la 119e rue dans le secteur Shawinigan-Sud a enfin découvert d’où provenait cette musique qui jouait en sourdine à l’extérieur depuis quelques mois…
« Il y avait une fuite de gaz sur la 117e et tout le monde est sorti dehors alors qu’on pratiquait dans la cour arrière. Ils ont été surpris en nous voyant, mais ce fut bien amusant. J’ai proposé de faire une fête de quartier », s’esclaffe Benjamin Raymond, sous l’œil rieur de sa conjointe Gabrielle Dostie-Poirier.
Sympathique et sans prétention au quotidien, ce couple gagne sa croute en jouant de la musique sérieuse ou classique si vous préférez: lui comme première trompette à l’Orchestre symphonique de Québec et occasionnellement à l’Orchestre symphonique de Montréal, et elle, comme second basson à l’Orchestre Métropolitain.
C’est justement à cause de cette proximité avec la capitale et la métropole que les deux musiciens ont décidé de venir s’établir à Shawinigan, attirés par la nature, mais aussi par le bas prix des maisons. « Je suis natif de Trois-Rivières et je connaissais le coin parce que j’ai joué une dizaine d’années pour le 62e Régiment. Les concerts dans le parc Saint-Maurice le dimanche de la Classique, je connais ça », sourit le trompettiste.
Sans basson, ce n’est pas bon…
Si la trompette ne fait pas de mystère pour la plupart d’entre nous, c’est une autre histoire pour le basson, un instrument à vent de la famille des bois, long de près de cinq pieds et muni de 26 clés. « Juste pour le pouce gauche, il y a neuf clés et cinq pour le pouce droit. Ça donne une sonorité grave, un peu feutré », explique Gabrielle Dostie-Poirier, à peine plus grande de l’instrument qui l’accompagne depuis l’âge de 12 ans en Outaouais où elle est née.
« Le basson, c’est comme la fondation, un tapis. C’est un liant entre tous les instruments de musique dans une pièce. Un orchestre sans basson, ce n’est pas bon », résume Benjamin, avec un sens de la formule indéniable.
Avec l’Orchestre Métropolitain, la bassoniste a le privilège de jouer sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, le chef d’orchestre montréalais qui se produit sur toutes les grandes scènes du monde. « C’est un excellent communicateur, proche de ses musiciens. Il représente la nouvelle génération de chefs d’orchestre, ceux qui s’arrangent pour te mettre en confiance. Il est exigeant, mais toujours dans la gentillesse. On veut jouer pour lui. Il arrive souvent dans les répétitions avec son t-shirt avec l’inscription Pas d’intimidation », explique la jeune femme de 29 ans qui joue dans l’orchestre depuis maintenant six ans.
À moins d’évoluer comme permanent au sein de l’Orchestre symphonique de Montréal, la vie de musiciens professionnels n’est pas toujours facile, mais le couple n’y changerait rien au monde. « Tu es un travailleur autonome et tu prends tous les contrats qui passent », explique celui qui est aussi professeur de trompette au conservatoire de musique de Montréal. « Des fois, je me questionne comme dans la chanson de Plastic Bertrand: Je m’arrête ou je continue? mais au final, je reste. » De son côté, Gabrielle n’hésite pas: « Moi, je ne veux pas arrêter. J’aime vraiment ça! »
Un concert à l’école Félix-Leclerc?
Tout à fait par hasard, les deux musiciens professionnels habitent à quelques pâtés de maisons de l’école primaire Félix-Leclerc où plus de 200 élèves suivent la concentration Arts-études musique.
Une belle occasion d’organiser dans les prochains mois un rendez-vous entre ces jeunes élèves et le sympathique couple? Mais, prévient Benjamin Raymond, un concert mettant en vedette seulement la sonorité aigüe d’une trompette et la résonnance grave d’un basson, c’est bien, mais… « Disons qu’il manquerait un petit quelque chose. Un clavier peut-être? »
Le message est lancé…