Une seule voiture pour la famille
N’avoir qu’une voiture pour le couple. Idée farfelue ou réaliste? Et qu’en est-il lorsqu’on a des enfants et que l’on doive jongler avec les horaires de travail, d’école, de garderie et les loisirs de tous les membres de la famille? Les Trifluviens Marjolaine Arcand et Simon Bergeron ont démontré que c’est possible. Depuis quelques mois, le couple n’a qu’une voiture pour la famille, favorisant d’autres moyens de déplacement lorsque cela est nécessaire.
Bien sûr, ce choix vient avec son lot d’efforts et d’organisation. « Mais ça vaut la peine, lance Marjolaine d’entrée de jeu. On en retire beaucoup plus de positif que d’inconvénients. »
Il faut dire que dans une région comme la Mauricie, même si l’on réside près d’un centre-ville, ce n’est pas chose commune. Pour plusieurs, la voiture est une forme de liberté, surtout dans les villes et municipalités où le transport en commun est déficient ou carrément inexistant.
« Ç’a été un long processus pour nous, admet Marjolaine. C’est un questionnement qu’on a depuis des années, même avant d’avoir des enfants. Pour nous, la voiture, c’était aussi la liberté. D’avoir juste une auto, on avait l’impression qu’on allait être brimé parfois. »
Mais de fil en aiguille, l’idée a fait son chemin. La pandémie et le télétravail ont bien sûr aidé, mais ce qui a réellement pavé la voie à ce changement, ce sont les petits gestes que le couple multiplie depuis très longtemps.
Chaque année, Marjolaine et Simon choisissent d’intégrer à leur quotidien un geste de plus pour préserver la planète. « Ça peut être tout simple comme utiliser l’eau du déshumidificateur pour arroser les plantes, mentionne Simon. On achète en vrac le plus possible, on a des emballages à la cire d’abeille au lieu de la pellicule plastique, on achète usager chaque fois que c’est possible, etc. »
Malgré cela, le pas à franchir leur paraissait beaucoup plus grand cette fois. Concours de circonstances, le couple a eu un ennui avec une voiture et a dû fonctionner avec un seul véhicule pendant quelques mois. « C’est là qu’on a vu qu’on était capable et qu’on pouvait trouver des alternatives au besoin. Alors on a pris notre décision », raconte Marjolaine.
« Il faut dire qu’il y a des facteurs facilitants qui font en sorte que c’est possible, ajoute cette dernière. Depuis maintenant un an, on travaille tous les deux majoritairement depuis la maison. On a des déplacements à faire quelques fois par semaine pour le travail, mais ce n’est pas tous les jours. On a aussi fait le choix d’acheter une maison près du centre-ville, près des services. »
De plus, l’employeur de Marjolaine offre à ses employés trois périodes de 30 minutes par semaine pour faire de l’activité physique. « Quand je vois qu’un truc coince dans l’horaire en lien avec la voiture, je prends 30 minutes à la fin de ma journée de travail pour aller chercher les enfants à l’école à la course ou à vélo », explique-t-elle.
La clé : la planification
Pour que le projet soit un succès, il leur a fallu miser sur la planification. « C’est vrai, il y a des fois où ça ne fonctionne pas comme on avait imaginé au départ, alors on doit repenser à nos affaires et faire des choix. C’est arrivé, par exemple, avec les cours des enfants. Ils voulaient choisir des cours pratiquement à la même heure, mais à l’opposé de la Ville », illustre Marjolaine.
En fin de compte, la famille a trouvé une solution. « Les enfants ont 6 et 8 ans et ils embarquent avec nous là-dedans. Ils sont actifs et motivés, mais on fait attention parce qu’on ne veut pas que ça devienne négatif pour eux, soutient Simon. On ne veut pas les écœurer. On ne va pas à l’école en vélo dans la tempête. On veut que ça demeure un moment plaisant pour eux aussi quand on a à se déplacer différemment. Mais ils sont sensibilisés à l’environnement et ils comprennent pourquoi on fait ça. »
Ce dernier fait remarquer que les alternatives à la voiture sont nombreuses… même en Mauricie. « On peut se déplacer activement, emprunter une auto et prendre un taxi, énumère-t-il. On a aussi un réseau d’autobus à Trois-Rivières, même s’il n’est pas très développé. Il y a des options. On n’était pas habitué à les considérer, mais maintenant on les considère. »
« On fait aussi un peu plus appel à notre collectivité, renchérit Marjolaine. Ça peut arriver qu’on demande un lift à quelqu’un de notre famille ou de notre voisinage. On le fait peu, souvent plus par gêne que par manque de disponibilité de l’autre. Si c’est possible, c’est aussi grâce à notre réseau. »
Plusieurs bienfaits
Au-delà des économies monétaires réalisées par le couple, cette nouvelle façon de faire permet à toute la famille de bouger davantage. Ce n’est là qu’un des nombreux avantages qu’ils en retirent.
« On travaille assis toute la journée et ce serait facile de se trouver une raison de ne pas prendre le vélo. Mais au final, ça nous fait du bien. C’est un petit moment qui est sain et qui nous permet de décompresser à la fin de la journée », mentionne Simon.
« On est loin d’être les meilleurs dans ce domaine. Il y a des gens qui en font encore plus que nous. On connaît des gens qui n’ont pas de voiture du tout. Quand on se compare, on voit qu’on pourrait faire bien mieux. Mais, tout de même, on avance là-dedans, une étape à la fois. Au final, chaque geste compte », conclut Marjolaine.