Pas de parc Jean-Guy Talbot…pour l’instant
Il a récemment été évoqué que le parc des Chenaux pourrait être renommé en l’honneur du hockeyeur Jean-Guy Talbot. D’autres propositions ont aussi déjà été émises au sujet du parc Sainte-Marguerite et du parc Victoria. Le Comité de toponymie de la Ville de Trois-Rivières s’est donc penché sur une façon de traiter ces dossiers afin de ne pas créer de précédent. Au final, le comité recommande le statu quo pour ces trois parcs.
Les membres du comité ont notamment analysé le poids géographique et le poids historique de ces parcs. « Ce sont trois parcs presque centenaires qui ont une riche histoire. Ce sont aussi des parcs de secteur auxquels les citoyens ont un attachement. Par ailleurs, la Commission de toponymie du Québec précise que ce n’est pas une bonne pratique de retirer un toponyme déjà existant », explique Pierre-Luc Fortin, conseiller municipal du district des Estacades et président du Comité de toponymie.
M. Fortin relève aussi que les noms des parcs des Chenaux, Sainte-Marguerite et Victoria sont ancrés dans la population. « On n’est pas devant le cas d’un changement de nom en raison d’un scandale comme ç’a déjà été le cas. C’est pour ces raisons que le Comité de toponymie ne recommande pas d’aller de l’avant en lien avec les demandes de renommer ces trois parcs. Par contre, on est ouvert à trouver d’autres façons de commémorer les personnes concernées », souligne-t-il.
Le conseiller municipal mentionne qu’il serait possible de créer un espace Jean-Guy Talbot dans le parc des Chenaux, par exemple, au même titre que la place Rita-Lafontaine, près de l’hôtel de ville au centre-ville.
« C’était unanime au sein du comité, ajoute le conseiller François Bélisle, vice-président du Comité de toponymie. C’était aussi la recommandation de nos spécialistes à la Ville qui disaient qu’idéalement, on ne change pas les dénominations déjà faites. Il faut aussi se rappeler que l’on a une politique de toponymie et le facteur qu’il faut accorder trois toponymes féminins pour un toponyme masculin pour rattraper le retard. »
Pierre-Luc Fortin convient que l’analyse peut sembler froide puisque c’est toujours émotif quand on parle d’honorer une personne.
Pierre-Luc Fortin, conseiller du district des Estacades et président du Comité de toponymie. (Photo archives – Marie-Eve Alarie)
« J’admire énormément Jean-Guy Talbot, mais il y a peut-être d’autres façons de l’honorer. Ça a créé un certain malaise de discuter de ça parce qu’on parle d’une personne en vie, mais aussi de débaptiser des noms existants. Il ne faut pas que la toponymie soit faite au gré des pressions et des émotions. Il faut une réflexion, que ce soit rationalisé, car on donne un legs qui doit durer longtemps dans le temps. Ça peut avoir l’air froid, mais on avait des idées et on est très ouvert à entendre d’autres propositions pour honorer son nom. On peut penser à des lieux, des monuments… Je pense que les idées de tout le monde peuvent nous amener à quelque chose d’intéressant », précise-t-il.
« On sent qu’il y a une volonté citoyenne »
Le conseil municipal est toutefois souverain en la matière et pourrait décider d’aller à l’encontre de la recommandation et de renommer ces parcs. Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, a d’ailleurs annoncé qu’il souhaite entendre les citoyens sur cette question.
« J’aimerais qu’on mesure bien le pouls de la population. Si les gens souhaitent que ça demeure le parc des Chenaux, ce sera ça. Par contre, j’ai l’impression que des gens aimeraient que ça devienne le parc Jean-Guy Talbot. Si cette volonté m’est exprimée, on pourra le mesurer. Je veux vois une certaine mobilisation et je serai à l’écoute de cette mobilisation, c’est certain », dit-il.
Jean Lamarche, maire de Trois-Rivières. (Photo Marie-Eve Alarie)
« On sent qu’il y a une volonté citoyenne pour que le parc Des Chenaux soit renommé en l’honneur de Jean-Guy Talbot. Il est allé à l’école tout près, il a grandi dans le secteur et, surtout, il serait encore capable d’apprécier cet honneur. Arriver froidement avec une recommandation en disant qu’on ne peut pas pour X raison réglementaire ou théorique, je ne souhaite pas que ce soit accueilli de cette façon, affirme le maire Lamarche. J’aimerais qu’il y ait de l’écoute et qu’on puisse suivre un mouvement pour mettre en valeur une personne qui a été un mentor et un modèle pour de nombreuses personnes. Ça mériterait un peu plus d’écoute et d’accueil. »