Les préposés en CHSLD « à bout de souffle »
SANTÉ. Alors que la charge de travail s’alourdit au même rythme que la clientèle, les événements qui ont entraîné la suspension de quatre préposés aux bénéficiaires d’un centre d’hébergement de Victoriaville auraient pu survenir n’importe où, même à Trois-Rivières.
Les quatre employés ont été forcés de rester à la maison pour une période de 10 jours parce qu’ils auraient contraint une résidente de l’établissement où ils travaillaient à revêtir une culotte d’incontinence. La dame en question souffre de troubles cognitifs sévères.
Ces sanctions ont soulevé la colère du Syndicat du personnel paratechnique et des services auxiliaires et de métiers du CIUSSS-MCQ (SPPSAMCSN) qui a organisé une manifestation, mardi midi.
Quant au vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, Claude Audy, il a lui aussi déploré la situation dans les médias locaux. Selon lui, les faits reprochés se seraient déroulés dans le cadre d’une surcharge de travail qui assaille un peu plus chaque jour les préposés aux bénéficiaires.
« Il s’agit d’un phénomène omniprésent dans tous les centres d’hébergement du Québec, même à Trois-Rivières », a-t-il affirmé.
En 1990, une personne âgée entrait dans un CHSLD lorsqu’elle avait besoin d’au moins 1 h 20 de soins quotidiens. « Mais, il y a quelques années, le gouvernement a décidé de faire passer le nombre d’heures de soins requis à 3 h et plus par jour », a rappelé M. Audy.
La plupart du temps, ce sont des personnes très peu autonomes ou encore aux prises avec des troubles cognitifs et du comportement. Le secret pour bien répondre à leurs besoins ? « Du temps, ce que les employés n’ont pas », soutient-il.
Celui qui est préposé aux bénéficiaires depuis plus de 30 ans est d’ailleurs aux premières loges pour constater les tâches de plus en plus lourdes qui s’empilent sur les épaules des employés à bout de souffle.
« Avant, un employé pouvait avoir six patients, dont quatre nécessitaient des soins de base et parfois, un levier mécanique pour se lever. Les autres étaient des cas plus lourds. Maintenant, ce sont au moins six patients qui nécessitent plus de soins, mais le personnel lui n’a pas augmenté », a déploré M. Audy.
Souvent certains patients aux prises avec des troubles psychiatriques utilisent la violence verbale et même physique envers un soignant. La plupart des employés qui travaillent dans un CHSLD ont été victimes ou témoins d’un acte de violence dans leur milieu de travail. « Si vous croisez un préposé aux bénéficiaires sans cicatrice sur les bras, c’est qu’il est chanceux », estime M. Audy, soulignant que ces derniers ne sont pas préparés à ce genre de situation à leur sortie de l’école.
C’est là que le cercle vicieux commence. Les congés en maladie se multiplient et le manque d’employé s’intensifie. « Cela fait des années qu’on déplore la situation. On sent enfin une ouverture de l’employeur. Maintenant, il faut mettre en place des mesures pour se sortir du pétrin et rassurer les préposés », a déclaré le vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN.
D’ailleurs, le CIUSSS a récemment lancé une formation intensive en collaboration avec le centre de formation professionnelle Bel-Avenir de Trois-Rivières afin de réduire cette pénurie. Une initiative appuyée par la Fédération.
Le CIUSSS-MCQ réitère ses engagements
Face à la manifestation organisée par la CSN, mardi midi, le CIUSSS-MCQ a tenu à réaffirmer son engagement envers la population d’offrir des soins de grande qualité aux personnes aînées.
« Il nous apparaît incontournable d’offrir des environnements sains qui respectent la dignité de chaque personne. À cet égard, nous réitérons notre confiance envers les préposés aux bénéficiaires (PAB) qui ont un apport indéniable à cet environnement de qualité », peut-on lire dans un communiqué.
Pour des raisons de confidentialité et en tout respect pour la famille de la résidente et les membres du personnel impliqués, le CIUSSS-MCQ ne commentera pas davantage la situation survenue au début du mois d’août.
L’événement fait l’objet d’un suivi interne et est actuellement traité par les relations de travail.