Les enseignants espèrent se faire entendre

Plus de 1 000 enseignants du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges (FSE-CSQ) se sont rassemblés devant le Centre de services scolaire, ce matin, pour l’exercice d’une troisième séquence de grève. Ils sont déterminés à améliorer leurs conditions de travail, tout en réclamant des classes équilibrées. Du côté du Parc Champlain, ils étaient plus de 700 membres de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), en provenance de différentes régions.

Dans un premier temps, les gens réunis à la Bâtisse industrielle ont entrepris une marche animée jusqu’au Centre de services scolaire pour souligner leur mécontentement. Des centaines de banderoles de couleurs ont été placées dans les arbres du centre administratif pour mieux illustrer les compositions de classe à améliorer dans le cadre de l’actuelle négociation. « On a eu la surprise d’avoir un mandat de grève à 97,5%, ce qui est excessivement fort. Malgré que nous en sommes à une troisième séquence de grève, les gens continuent à nous le dire qu’on n’est pas réglé à n’importe quel prix et qu’on ne fait pas ça pour rien. On a besoin d’allégement et on doit nous faire confiance », a fait savoir Stéphan Béland, président du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges (FSE-CSQ).

« Le gouvernement doit comprendre qu’on veut un allégement de la tâche. Il doit aussi comprendre que la composition de la classe est aussi un enjeu incontournable pour les enseignantes et enseignants que nous représentons. Il doit entendre nos solutions pour revoir à la baisse le trop grand nombre d’élèves en difficulté dans un même groupe. La situation ne peut plus durer. Les enseignants tombent au combat. Il faut leur donner les conditions d’enseignement qui leur permettent de faire leur travail en répondant aux besoins des élèves devant eux, de mieux les encadrer et de faire ce qu’ils veulent faire, c’est-à-dire enseigner. »

Dans le cadre du renouvellement de leur contrat de travail, en plus de demander d’améliorer la composition de la classe, les enseignants demandent également un allègement de la tâche et une amélioration de la rémunération. Mobilisés comme jamais, les enseignants du SEVF, représentés par la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), sont parmi les 100 000 enseignants du Front commun en grève du 8 au 14 décembre. 

« C’est l’heure pour le gouvernement de passer de la parole aux actes, a ajouté M. Béland. Nous voulons voir des améliorations en faveur de l’éducation, de la valorisation de notre profession et de l’école publique. Quand on veut tout faire pour les élèves, on commence par améliorer la situation de ceux qui en ont la responsabilité tous les jours, les enseignants. »

Les principales demandes des enseignantes et enseignants de la FSE-CSQ et de l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ) sont d’améliorer la composition de la classe, d’alléger la tâche du personnel enseignant et d’améliorer la rémunération du personnel enseignant. 

Un autre rassemblement avait lieu conjointement, cette fois du côté du centre-ville, au Parc Champlain. À nouveau, on y retrouvait plusieurs centaines de personnes réunies pour une même cause. Plus de 700 membres de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), en provenance de différentes régions, en grève s’y sont réunies pour dénoncer le marasme dans lequel s’enfonce la négociation du personnel professionnel de l’éducation et du Front commun. 

« La totalité des écoles publiques de la province est fermée à l’heure où on se parle, et pourtant, à la table sectorielle du personnel professionnel, on évite de parler des priorités syndicales. On dirait que Legault n’a pas eu le mémo de l’urgence de la situation en ce moment », a dénoncé Jacques Landry, président de la Fédération des professionnels de l’éducation du Québec.

« On représente 12 500 des professionnels à travers le Québec dans 69 des 72 centres de services scolaires. On fait un regroupement national. Nous l’avons vu dans les journaux, un nombre jamais vu de professionnels, ont quitté depuis les derniers mois. Ça fait des mois que le téléphone ne dérougit plus chez nous. Plusieurs professionnels (40 %, selon un récent sondage) nous disent qu’elles et ils attendent l’issue de la négociation pour prendre une décision à savoir si elles et ils restent ou partent vers le privé. C’est la négociation de la dernière chance pour plusieurs. »

Les équipes de négociation de la FPPE-CSQ proposent des solutions concrètes aux tables sectorielles pour améliorer le sort des pros de l’éducation. La FPPE-CSQ propose entre autres de reconnaître l’autonomie professionnelle et l’expertise de ses membres, une meilleure conciliation famille-travail, notamment en permettant l’aménagement du temps de travail, des seuils de services pour les élèves dans chaque école et un registre des postes professionnels vacants, comme le recommandent le Protecteur du citoyen et la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, ainsi que d’attirer des professionnels dans les écoles en leur donnant une reconnaissance de leur scolarité pour concurrencer les salaires du privé. 

« Les professionnels, comme tout le Front commun, sacrifient du salaire pour cinq jours de grève pour envoyer un message clair: c’est assez de voir les services professionnels et le réseau scolaire se détériorer, la limite de ce que le personnel en place peut pédaler pour compenser est dépassée, on n’en peut plus. Nous avons besoin d’un redressement important des conditions pour attirer des professionnels, en renfort auprès des élèves », a pour sa part mentionné Alexandra Vallières, présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels de l’éducation du Coeur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ-CSQ). 

« On est ici pour mettre en valeur nos demandes aujourd’hui. Ce week-end encore, rien n’a bougé, rajoute M. Béland. On était disponible et il ne s’est rien passé. On marche au ralenti, à raison dune ou deux rencontres d’une heure ou deux par semaine. Il faut que ça avance! Le principal facteur, c’est le gouvernement oublie 2022 où l’inflation fut de 7% et il offre 2%. On va continuer de manifester et de parler de revendications. On a un mandat de grève générale illimitée, mais on ne veut pas se rendre là. On souhaite que ça se règle avant Noël, c’est certain. »