Kruger se tourne vers l’avenir

TROIS-RIVIÈRES. Kruger se lance à la conquête de nouveaux marchés en pleine croissance. La société a amorcé ce nouveau chapitre d’envergure, vendredi matin, en annonçant un investissement de 377,6 millions $ pour la diversification des activités de ses usines. 

C’est tout le gratin politique, dont le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui s’est réuni à l’usine Wayagamack de Trois-Rivières, vendredi, pour l’annonce officielle de cette nouvelle entité nommée Papiers de spécialité Kruger Holding S.E.C.
Le papier journal et le papier couché pour magazines laisseront graduellement leur place à des créneaux de spécialité tels que les emballages alimentaires flexibles, l’étiquetage et l’impression numérique dans les usines de Brompton, en Estrie, et de Wayagamack située à l’Île-de-la-Potherie.

Ce n’est plus un secret : ces deux produits sont sur la pente descendante et rien ne semble pouvoir stopper leur chute. « Au cours des quinze dernières années, nous avons perdu 70 % de notre marché », a révélé le vice-président principal de Kruger, François D’Amours.

En deux décennies seulement, la crise du papier a signé la fin de plus de la moitié des industries de pâtes et papier de la province. Plutôt que de sombrer, Kruger a décidé de s’adapter à ce marché en pleine transformation pour survivre. Et c’est la restauration rapide de même que le commerce en ligne qui pourraient bien sauver le navire. 

En effet, avec leur popularité grandissante sont apparus de nouveaux créneaux. « On s’est donc tourné vers les papiers de spécialité qui eux, sont à l’abri des aléas de la digitalisation des médias. Ce sont des produits en forte croissance, non seulement au Québec, mais aussi à travers le monde entier », a souligné M. D’Amours.

Cette grande révolution qui s’amorce au cœur de la Société Kruger contribuera au maintien de plus de 500 emplois en Mauricie et en Estrie, dont 328 à l’usine Wayagamack.

Le gouvernement prend des parts

En vertu du partenariat avec Kruger, le gouvernement provincial a pris une participation d’une valeur de 44,6 millions $ au capital de la nouvelle division. Québec a également accordé une garantie de prêt et des prêts gouvernementaux totalisant 59,8 millions $ pour soutenir les usines.

« Dans une économie en constante évolution, le Québec doit tirer avantage des occasions d’affaires qui permettent de conquérir de nouveaux marchés. Des entreprises comme Kruger contribuent à la vitalité économique de nos régions », a commenté le premier ministre Couillard. 
D’ailleurs, l’entreprise devra s’approvisionner de 100 000 tonnes métriques de copeaux de plus par année, ce qui aura certainement un impact positif sur le secteur du sciage au Québec.

De son côté, la Société Kruger investira 107,5 millions $ dans ces établissements au cours des trois prochaines années pour la réalisation de son projet de diversification.

L’usine de Wayagamack recevra 47,5 millions $ alors que 22,3 millions $ seront dédiés à celle de pâte thermomécanique du boulevard Gene-H.-Kruger, à Trois-Rivières. Cette dernière aura un rôle essentiel à jouer puisqu’elle se chargera d’alimenter les autres usines en matière première.

Technologie innovante

Grâce à un procédé innovant fabriqué en sol trifluvien depuis quatre ans, Kruger croit être en mesure de s’imposer rapidement sur le marché visé. La société mise sur l’ajout de filaments de cellulose, un biomatériau de renforcement exclusif.

« Nos nouveaux produits profiteront d’un avantage concurrentiel sur le marché. Ils seront plus écologiques, plus résistants et plus légers que ceux à base de pâte chimique qu’on retrouve un peu partout », a déclaré M. D’Amours.

Depuis 2015, l’entreprise a effectué de nombreux essais et investi des millions de dollars en développement dans les usines de Brompton et de Wayagamack pour s’assurer de la faisabilité et de la viabilité à long terme de son projet.

L’INVESTISSEMENT CHAUDEMENT ACCUEILLI PAR LE SYNDICAT

Présent lors de l’annonce, le directeur québécois d’Unifor, Renaud Gagné, s’est réjoui de la nouvelle.

« On salue toutes ces initiatives qui visent à aider la modernisation des installations et qui, surtout, contribuent à repositionner nos usines dans la production de créneaux d’avenir. On le demande depuis près de 10 ans alors même si ça a pris du temps, on ne peut qu’encourager ces actions. C’est ce qu’il faut faire pour assurer la pérennité des emplois et de l’industrie », a déclaré M. Gagné.