Freiner le Parkinson par la recherche
RECHERCHE. En février, Élise Pépin s’envolera pour l’Australie, pas pour y faire du tourisme, mais plutôt dans le but d’y mener des recherches scientifiques sur le Parkinson.
Son séjour durera entre quatre et six mois. Elle sera basée à l’université New South Wales de Sydney, où elle travaillera sur un projet qu’elle a développé conjointement avec le Dr Bernard Balleine et les chercheurs Michel Cyr et Guy Massicotte, de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Dans le cadre de ce projet, la jeune étudiante de 25 ans aura à manipuler des spécimens vivants peu ordinaires. On ne parle pas ici de kangourous, de koalas ou d’ornithorynques, mais plutôt de souris génétiquement modifiées, porteuses de la maladie de Parkinson.
Elle injectera dans leur cerveau des anti-inflammatoires susceptibles d’inhiber, chez elles, la maladie et ses symptômes. Le processus se fera de façon chirurgicale. Il s’agit d’une expérience inédite qu’elle a hâte de réaliser.
«J’utilise déjà avec succès deux anti-inflammatoires dans mes travaux pour guérir la maladie de Parkinson chez la souris. Je les administre par le ventre. Là-bas, je vais me familiariser avec de nouvelles techniques. Je vais découvrir une nouvelle approche et réaliser des tests biochimiques et statiques différents de ceux que connais. C’est super motivant comme projet.»
Ce nouveau bagage servira probablement de point de départ à son projet de doctorat en biologie cellulaire et moléculaire, qu’elle amorcera à l’UQTR dès son retour.
«Si la chirurgie fonctionne bien, pourquoi ne pas ramener le principe ici et démarrer un nouveau projet, imagine-t-elle. Je vais là-bas avec la ferme intention d’utiliser plus tard les nouvelles aptitudes que je développerai.»
Pour réaliser son mandat, Élise Pépin a reçu une bourse de 25 000$ du ministère de l’Éducation et de la Formation du gouvernement australien.
Appelée Endeavour Research Fellowship, cette bourse est attribuée à des étudiants à la maîtrise et au doctorat, de même qu’à des chercheurs postdoctoraux de partout à travers le monde.
Elle a pour but d’encourager des collaborations dans des projets de recherche touchant divers domaines. Douze étudiants-chercheurs universitaires canadiens en bénéficient cette année.
L’argent couvre les frais d’avion, d’hébergement, d’assurance et de subsistance.
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Une fascination pour les maladies neurodégénératives
La suite des choses dépendra évidemment des résultats obtenus. Si l’expérimentation est concluante, Élise Pépin pourrait mener à la publication d’un article scientifique.
«Ce serait la plus belle conclusion à ce stage», rêve-t-elle. Car il faut savoir qu’en recherche, la notoriété d’un chercheur est en bonne partie liée au nombre d’articles auxquels son nom est associé.
En février, l’étudiante de l’UQTR en signera d’ailleurs un tout premier. Cela coïncidera avec son départ et le dépôt de son mémoire de maîtrise.
En ce qui concerne ses prochains défis, Élise Pépin ignore encore en quoi ils consisteront exactement. Elle est toutefois certaine d’une chose: ils seront en lien avec les maladies neurodégénératives.
«J’ai une grande fascination pour ce type de maladies. On n’en connaît pas la cause et on ne sait pas comment les guérir. Le cerveau est un organe complexe et ça m’intrigue vraiment. Je pourrais passer ma vie à étudier là-dessus!»
Elle est consciente qu’il y a énormément de percées à faire dans le domaine. «C’est stimulant! Et comme j’œuvre dans le côté clinique, je vois des résultats concrets.»
Ces résultats servent de pierre d’assise aux compagnies pharmaceutiques, qui décideront ou non de pousser plus loin l’expérimentation à des fins thérapeutiques chez l’humain.
Aux yeux de la jeune femme, il est clair que sa carrière sera consacrée à la recherche.
Son rêve ultime? Posséder son propre laboratoire pour transmettre, à son tour, ses connaissances.