Une Chaire de recherche sur la santé psychologique au travail en sécurité publique
NICOLET. La santé psychologique au travail en sécurité publique fera l’objet d’études approfondies pour au moins cinq ans grâce à la mise sur pied de la Chaire de recherche UQTR-ENPQ pilotée par Annie Gendron, chercheuse à l’École nationale de police du Québec (ENPQ) et Andrée-Ann Deschênes, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Cette toute nouvelle Chaire a été lancée le 7 septembre dernier, à Nicolet. Elle concentrera ses efforts à développer des connaissances scientifiques et à identifier les meilleures méthodes de prévention en santé psychologique au travail en vue de soutenir les policiers et les travailleurs de la sécurité publique.
Les statistiques montrent clairement que ces travailleurs sont très vulnérables sur le plan de la santé psychologique: « 44,5% d’entre eux rapportent des symptômes associés à des troubles psychologiques, contre 10% dans la population générale. De 12 à 18% des policiers présenteraient les critères du Trouble de stress post-traumatique (TSPT), contre 8% dans la population générale. Au Québec, 4,7% des lésions acceptées par la CNESST chez les policiers, entre 2015 et 2019, sont des TSPT, alors que cette proportion est de 0,7% parmi les autres professions », rapportent les cotitulaires de la Chaire de recherche.
Une réalité qui découle du fait que les policiers et acteurs de la sécurité publique interviennent dans des situations sociales complexes et font face à des réalités parfois difficiles à vivre au quotidien, souligne pour sa part le directeur général de l’ENPQ, Pierre St-Antoine. Il le sait d’ailleurs trop bien, lui qui est encore hanté par la détresse d’un ancien collègue s’étant suicidé dans le sous-sol de l’école, il y a une trentaine d’années. « Est-ce que qu’on aurait pu prévenir ça? Détecter ça? Peut-être. Je souhaite ardemment que la Chaire de recherche contribuera à amener des réponses. »
Le recteur de l’UQTR, Christian Blanchette, est confiant que la nouvelle Chaire apportera une meilleure compréhension et prise en compte du stress et de la détresse que peuvent vivre les intervenants en sécurité publique. « Cette chaire [vise à] répondre aux besoins sur le terrain. Sa programmation est axée sur l’individu dans une perspective de bien-être psychologique. Nul doute que ses retombées vont améliorer grandement la qualité de vie des travailleurs de la sécurité publique », commente-t-il, soulignant aussi la collaboration interinstitutionnelle qui confère un caractère distinctif à l’initiative.
Cette Chaire est née d’une prise de conscience collective des partenaires et des milieux de pratique. Ce sont d’ailleurs eux qui la financent de façon paritaire : Sûreté du Québec (SQ), Association des directeurs de police des Premières Nations et Inuits du Québec (ADPPNIQ), Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ) et Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ), notamment.
Les travaux des cotitulaires de la Chaire auront des retombées concrètes. Ils serviront à bonifier les trajectoires de soutien psychologique offertes aux policiers et, plus largement, au personnel de la sécurité publique. Ainsi, les résultats développés en partenariat avec les milieux seront transférables notamment dans les pratiques de gestion des organisations et dans la formation universitaire en sécurité publique.
BON À SAVOIR
Les deux titulaires approfondiront trois axes de recherche, soit:
- Prévention primaire : Élimination ou contrôle à la source des facteurs de risque, soit l’étude des facteurs de protection et de risque de la santé psychologique au travail du personnel de la sécurité publique.
- Prévention secondaire : Développement d’habiletés pour mieux gérer les facteurs de risque, soit ceux qui peuvent moduler la vulnérabilité du personnel de la sécurité publique lors de la gestion post-événement à teneur potentiellement traumatique.
- Prévention tertiaire : Traitement, réhabilitation, processus de retour au travail et suivi des individus qui souffrent ou qui ont souffert de problèmes de santé psychologique. À titre d’exemple, elle tente de réduire autant que possible la détresse humaine après l’apparition de symptômes.