Les manufacturiers de la région à bout de souffle
La tournée de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) s’arrêtait en Mauricie, jeudi, pour prendre le pouls des entreprises manufacturières de la région, car la situation est telle que certaines entreprises de la Mauricie sont mises en péril, faute de travailleurs.
« Toutes les entreprises ont des postes vacants, qu’il s’agisse de postes de journaliers ou de postes plus spécialisés. C’est le dénominateur commun. Il y a des entreprises qui doivent refuser des contrats parce qu’ils ne sont plus capables de répondre à la demande en raison du manque de main-d’œuvre, explique Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ. Par exemple, une entreprise nous racontait qu’elle pourrait doubler ses revenus si elle avait suffisamment d’employés. »
Une autre entreprise rencontrée mentionnait qu’elle doit mettre sur pause un projet d’agrandissement de 12 M$, car elle craint de ne pas trouver les travailleurs nécessaires pour répondre à la demande qui suivrait.
« Certaines entreprises pensent à la délocalisation de certains de leurs services. J’ai aussi été surprise par une entreprise de la région qui racontait que si un seul employé devait s’absenter, c’est toute la ligne de production qui devrait arrêter. Pourtant, la ligne est automatisée aussi. C’est la survie de l’entreprise qui est en jeu », précise Mme Proulx.
« Je l’ai vraiment senti ici dans la région: les manufacturiers sont à bout de souffle, renchérit-elle. Beaucoup d’efforts sont mis pour le recrutement et l’automatisation des procédés. Cet avant-midi, j’ai vu plein de gens qui se prennent en main. Même s’il y a de l’automatisation, ça prend des gens en entrée de poste aussi. »
MEQ expose plusieurs pistes de solution: des assouplissements des règles en matière d’immigration temporaire pour mieux répondre aux besoins des entreprises, un meilleur support pour favoriser l’automatisation et la robotisation et l’accroissement de l’attractivité et la rétention des gens en région.
« Les entreprises manufacturières ont besoin que le gouvernement les supporte. Il faut plus de travailleurs étrangers temporaires. En ce moment, c’est limité à 10% des entrées de postes. C’est un gros frein. Les entreprises voudraient augmenter cette limite à 20%, compte tenu qu’il est très difficile de combler des postes de soir et de nuit. Pour ceux qui étaient en attente de travailleurs étrangers temporaires, le processus a été ralenti par la pandémie », souligne Véronique Proulx.
Par ailleurs, une meilleur promotion du secteur manufacturier devient nécessaire pour attirer la main-d’oeuvre et pour démystifier le travail dans les entreprises manufacturières.
« On associe souvent le secteur manufacturier à un vieux secteur, sale et difficile, mais ça s’est beaucoup transformé au fil des années, affirme la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec. C’est un pôle industriel fort où il y a des possibilités d’avancement et l’automatisation facilite certaines tâches. On a besoin de faire connaître le secteur à toutes les clientèles. On a besoin du gouvernement pour nous aider à encourager les emplois du domaine manufacturier comme carrière. »
Elle déplore également le fait qu’il y ait de moins en moins de diplômés pour des emplois dans le milieu manufacturier et que le secteur soit peu valorisé. « Les manufacturiers sont aussi affectés par les programmes qui ont été mis en place durant la pandémie, comme la PCU, devenue la PCRE qui se poursuit jusqu’à la fin septembre. On voit qu’il y a beaucoup moins de gens disponibles pour la saison estivale », poursuit-elle.