Crise du logement: l’organisme Point de rue préoccupé par la situation à Trois-Rivières
L’organisme Point de rue s’inquiète de la rareté des logements sociaux et abordables dans la région.
L’organisme soutient une centaine de personnes itinérantes différentes chaque semaine à Trois-Rivières en moyenne. Pour Nicolet-Yamaska, on parle d’une trentaine.
Selon Philippe Malchelosse, directeur général à Point de rue de Trois-Rivières, la crise du logement affecte de manière significative la clientèle itinérante qu’il dessert dans la région, d’autant que le taux d’inoccupation ne cesse de reculer. Il a atteint la marque de 1,3 % à Trois-Rivières.
Les personnes en situation d’itinérance qui se cherchent un logement font ainsi face à des portes closes ou à des loyers qui leurs sont aujourd’hui inaccessibles.
« Depuis deux ou trois ans, on commence à constater une pression plus marquée. Il était possible d’avoir des logements abordables à Trois-Rivières, mais ça devient de plus en plus difficile. Dans le quartier de Marie-de-l’Incarnation, les options s’égrainent. On n’est pas dans un niveau d’urgence comme à Montréal, mais on est préoccupés », affirme M. Malchelosse.
Et les ressources se raréfient
La pandémie est venue aussi compliquer l’offre de services des organismes communautaires et de dernier recours destinée à cette clientèle fragilisée. L’organisme Point de rue a dû, pour des questions sanitaires, fermer son centre de jour durant la pandémie.
« On offrait la buanderie gratuite, la possibilité de prendre sa douche et de manger. Coucher sur un divan, en temps de pandémie, on ne peut pas compter là-dessus », précise M. Malchelosse. « Pour les gens qui sont à la rue ou très proches de s’y retrouver, des logements abordables en Mauricie, il n’y en a presque plus », nous confirme Carol-Ann Côté, d’Info Logis.
« On risque d’avoir des situations d’itinérance de groupes de population qu’on n’avait pas l’habitude de voir ». Des mères monoparentales téléphonent à Info Logis Mauricie craignant de n’avoir nulle part où aller au 1er juillet. « Le visage de l’itinérance risque de changer un petit peu », note Mme Côté.
Heureusement, certaines personnes vivant en situation d’itinérance peuvent encore bénéficier de l’aide au dernier recours qui s’élève à environ 650 $ par mois. Avec cette somme, il est encore possible de se trouver un logement, assure M. Malchelosse. Pour les autres qui vivent, par exemple, avec des problèmes de santé mentale, ça se complique très rapidement.
« Certains n’ont pas de documents, pas de certificats de naissance, parfois ils ne savent pas quel jour on est. Il va falloir bonifier l’offre de logements sociaux », soutient-il.
L’organisme Point de rue se réjouit du projet de 36 logements sociaux que cogite depuis belle lurette l’Office municipal de l’habitation de Trois-Rivières sur les terrains de l’ancienne Église Saint-Philippe, mais il faut faire encore plus, selon le directeur général de l’organisme.
« Il va falloir qu’il y ait des logements abordables, sociaux, et subventionnés. On a aussi besoin de réfléchir aussi à notre hébergement d’urgence à Trois-Rivières où l’offre est pour l’instant plafonnée à 17 lits », souligne M. Malchelosse. Cette offre est mixte et il est d’avis que « ce n’est pas toujours une bonne idée».
«On n’a pas d’hébergement spécialisé pour jeunes, pour les femmes, pour les autochtones. Ça fait partie de nos préoccupations. La situation de l’itinérance au Québec a beaucoup changé ces dernières années. On ne parle plus de l’homme dans la cinquantaine, alcoolique, avec une barbe sur un banc de parc», conclut-il.