L’école sans cahiers provoque des remous
L’article portant sur l’école sans cahiers en 6e année du primaire, publié dans l’édition du 17 mars de L’Hebdo, a fait quelque peu réagir. Des élèves qui disent étudier à l’École Val-Marie nous ont personnellement écrit pour partager leur insatisfaction.
Tempête dans un verre d’eau? On ne le sait pas. Quel enfant n’a pas rechigné sur un prof ou un cours dans sa vie! Il demeure que nous nous devions de leur donner voix au chapitre, au cas où. D’autant que les deux élèves en question écrivent : « Vous devriez faire un questionnaire aux parents et aux élèves. Je suis un élève et tous les parents n’aiment pas et même les élèves n’aiment pas ça.»
Des parents se questionnent également. L’un des parents, Geneviève Beaudin, en ajoute une couche. Son enfant fait sa 6e année à Val-Marie et l’école sans cahiers. Pour elle, les deux enseignantes qui utilisent la méthode « sont pleines de bonnes intentions, ont travaillé super fort».
«Je ne vous ai pas écrit pour dénigrer l’école, mais pour mettre en perspective une méthode d’éducation sans cahiers», précise-t-elle, soulignant, au passage, que les deux professeures sont super compétentes.
« Le côté lecture est merveilleux, mais le sans cahiers ne l’est pas. Ça rend le travail à la maison plus difficile. Vendredi (après la parution de l’article dans l’Hebdo Journal), j’étais assise avec une autre mère de l’autre classe et nos Messenger se sont mis à biper. On n’est pas juste deux. L’école a réalisé, je pense, l’insatisfaction des parents », affirme Mme Beaudin.
« J’ai eu une conversation d’une heure avec la professeure. Le fondement est très bon, mais il faut améliorer la méthode. Mon enfant participe, mais il n’aime pas ça. Le sans cahiers pour toutes les matières c’est peut-être beaucoup », poursuit-elle.
La professeure Mélanie Massicotte n’a pas souhaité nous parler à micro ouvert.
Christian Jacques, directeur des services pédagogiques de l’école Val-Marie, se fait rassurant. Les détracteurs sont peu nombreux et la direction de l’École appuie les deux enseignantes dans leur démarche pédagogique de l’école sans cahiers.
« C’est un projet auquel on croit beaucoup. Elles ont développé cette approche depuis maintenant presque deux ans. C’est un projet qui prend tranquillement de l’ampleur dans l’école. Ça a raccroché beaucoup d’élèves à la lecture, c’est tout à fait dans la ligne de notre projet éducatif ». Et face à la nouveauté de la méthode, les parents ont offert peu de résistance, affirme M. Jacques qui tenait aussi à dire que chaque enseignant de l’école demeure responsable de l’organisation de sa classe et conserve toute son autonomie pédagogique.
La Librairie Poirier croit elle aussi à l’école sans cahiers. Les enseignantes Julie Plouffe et Mélanie Massicotte y lancent bénévolement le projet Ju.Mel.profs qui fait déjà des petits hors des murs. La démarche, cette fois destinée aux différents cycles du primaire, a tout de suite plu à Laurence Grenier, responsable des communications et libraire chez Poirier. Elle envisage déjà d’amener le projet plus loin.
« On a commencé ça il y a un mois et demi. Elles font ça de passion, gratuitement, sur leur temps et partagent ça avec tous les enseignants du Québec. Dès la première journée, j’ai vu la demande dans nos deux succursales. Cette collaboration va se développer. Plus on avance, plus on a des idées, on est très excités. Dans un futur proche, on aimerait incorporer les élèves au projet. Je ne veux pas tout vous révéler tout de suite » conclut, Mme Grenier.