Agressions sexuelles: Demande d’action collective face au diocèse de Trois-Rivières
Dominic Maurais, Shawiniganais et animateur de radio dans la région de Québec, était de passage à Trois-Rivières ce vendredi, entouré de ses avocats. Il a fait la demande d’autorisation d’exercer une action collective contre la Corporation épiscopale catholique romaine de Trois-Rivières et l’évêque catholique Romain de Trois-Rivières
Monsieur Maurais a d’abord lu sa déclaration, tantôt avec beaucoup d’émotions.
«Être agressé sexuellement, c’est une épreuve terrible, peu importe qui on est et peu importe qui on devient. On porte toujours les marques. J’ai été agressé par un homme envers qui on avait une confiance entière et avec qui mes parents me laissaient partir. Ils ont été victimes d’intimidation par la suite, et on a même tenté de les dissuader de parler.»
«L’abbé Bernard St-Onge avait plaidé coupable et aujourd’hui, j’invite les gens à dénoncer leur agresseur. Le diocèse les a longtemps protégés, ils ont camouflé des évènements et se sont rendus complices. Je crois encore en la justice. Je demande aujourd’hui d’obtenir justice pour moi, mais aussi pour les autres victimes. J’ai reçu beaucoup de témoignages et je suis surpris de voir autant de gens qui vivent avec de lourds secrets. Dénoncer, c’est le début de la guérison», a-t-il ajouté.
Déjà deux autres personnes se sont jointes à lui dans le dossier, nombre qui pourrait grimper dans les prochaines semaines. Les victimes pourraient recevoir une indemnisation allant jusqu’à 600 000$ chacune, mais la moyenne se situe habituellement à 100 000$ par personne.
«Vous savez, ce sera la 19e action collective, déjà, intentée face à des institutions religieuses au Québec», a laissé tomber son avocat, Alain Arseneault, du cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats. «Pendant des années, elles ne faisaient rien. On offrait des congés aux fautifs, on les changeait de paroisse ou on les changeait d’école. C’était un phénomène important et combien de personnes ont vécu une vie difficile à cause de leurs agressions? Oui, Dominic (Maurais) est une personnalité connue, mais ça ne veut pas dire que ç’a été facile pour lui. Je suis content que ce soit lui qui se porte au-devant de cette action collective.»
«Dans le cas présent, le prêtre a été accusé au début des années 1990. Y a-t-il eu remise en question par la suite? Non! Le diocèse a fait quoi? Rien! Tellement de dossiers ont été placés sous le secret papal, qu’on appelait à l’époque, en silence. Dans ces dossiers-là, il y a des histoires d’horreur qui remontent à 1940, 1950 et 1960.»
Me Arseneault a ensuite expliqué qu’il existe deux solutions au Québec, soit la prison, soit l’indemnisation.
«On a juste deux choix et souvent, lorsque je remets un chèque aux gens, ils n’osent pas lui toucher au départ. Je leur demande ce qu’ils vont faire avec l’argent et souvent, la personne me dit qu’elle va se trouver un bon psychologue pour s’en sortir, ou encore que l’argent va servir à régler des problèmes de drogue et alcool.
«De son côté, l’organisation religieuse a deux choix. Ils vont soit tout nier, soit vouloir discuter d’un règlement. Tout dépendant de la situation, ça peut prendre des années avant de se régler», a-t-il conclu.
Tel que mentionné précédemment, M. Maurais a donc exercé une autorisation d’exercer une action collective, demande à laquelle il se désigne comme représentant. Ce dernier a été victime d’agressions multiples entre 1977 et 1980. Du côté défendeur, on retrouve la Corporation épiscopale catholique romaine de Trois-Rivières et l’évêque catholique Romain de Trois-Rivières.
Réaction du diocèse
Le Diocèse de Trois-Rivières a pris connaissance par les médias de la demande d’autorisation d’exercer une action collective déposée cet après-midi par le cabinet Arsenault Dufresne Wee Avocats.
«Le Diocèse de Trois-Rivières prend acte de la demande qui vient d’être déposée, et prend cela au sérieux. Il va collaborer avec la justice tout au long du processus», a commenté Mélanie Charron, coordonnatrice de la pastorale d’ensemble et des communications.
Le Diocèse de Trois-Rivières n’émettra aucun autre commentaire puisque le processus judiciaire est en cours. Ce dernier a mis en place des mesures pour la prévention des abus, l’accueil et l’accompagnement des victimes, et la collaboration avec les instances judiciaires et civiles. Plus récemment, le personnel pastoral et les personnes laïques en responsabilité sont introduits à une formation qu’ils doivent tous et toutes suivre avec le Centre canadien de protection de l’enfance par leur programme Priorité jeunesse, programme pour la prévention des abus pédosexuels.