Les camps de vacances sont à bout de souffle
Les camps de vacances certifiés de Trois-Rivières et de la Mauricie sonnent l’alarme et demandent une aide immédiate du gouvernement du Québec, sans quoi plusieurs devront fermer leurs portes. Plusieurs ont été frappés de plein fouet par la pandémie, n’ayant jamais pu rouvrir depuis le confinement de mars.
Si rien n’est fait dans les prochains mois, voire les prochains jours, plusieurs camps vont devoir fermer définitivement leurs portes, affirme Sébastien Johnson, coordonnateur du Domaine scout de St-Louis-de-France, durement frappé par la crise.
« Les camps de vacances se retrouvent en panne sèche avec, sous le bras, des déficits qui s’accumulent et qui atteignent les 300 000 $ en moyenne », explique M. Johnson. « Huit camps de la région risquent de devoir fermer leurs portes dans les 12 prochains mois » dit-il.
Le conseil de ville de Trois-Rivières en a été alerté. Dans une résolution adoptée à l’unanimité le 9 octobre dernier, la Ville écrit que « Plein Air Ville-Joie et l’Association des scouts du Canada district de la Mauricie/Domaine scout de St-Louis-de-France sont des acteurs économiques et sociaux importants » et que la situation qui prévaut « menace directement la pérennité des camps de vacances ». La Ville de Trois-Rivières demande au gouvernement du Québec de répondre promptement à l’appel lancé par les camps de vacances du Québec.
Les camps demandent à la ministre Charest de couvrir de 75 % de leurs frais fixes. Pour le Domaine scout, 175 000 $ sont en jeu. Si certains ont les reins très solides, comme c’est le cas au Lac en Cœur ou au Camp Minogami dans la région de Shawinigan, explique M. Johnson, « chez nous, la réalité, c’est que d’ici trois mois, les portes vont être fermées. C’est 70 ans de patrimoine et 5 600 enfants et familles qui vont devoir se passer de nos services. »
Possible hécatombe
Sans aide, « 80 % des camps au Québec vont devoir mettre la clé dans la porte si on n’a pas d’aide d’ici juin », affirme M. Johnson.
À l’Association des camps du Québec (ACQ), dont les 350 membres opèrent 110 camps de vacances, les pertes financières accumulées sont estimées à 30 M$ à l’échelle de la province. Éric Beauchemin, le directeur de l’ACQ se dit très inquiet.
« Les camps vont avoir perdu une année de revenus. On a vraiment besoin d’un soutien qu’on veut à la même hauteur que les autres secteurs (bars, restaurants, salles de spectacles) ».
Le réseau n’a pas pu opérer pendant trois saisons complètes.
« Le printemps, c’est 200 000 enfants dans les camps au Québec. On a des parcs immobiliers à entretenir ».
L’inquiétude est palpable au Domaine scout.
« Si l’aide ne vient pas d’ici janvier, on va devoir jeter l’éponge. On se bat bec et ongles depuis mars pour survivre », affirme Sébastien Johnson qui ajoute que les surplus accumulés des trois dernières années ont dû être affectés aux frais fixes de l’année en cours et à rembourser 65 000 $ aux écoles, groupes et parents qui devaient se rendre au Domaine scout. « On parle de plus de 10 M$ de remboursement à l’échelle de la province. »
Lumière au bout du tunnel
« La ministre du Secrétariat du Conseil du trésor et députée de Champlain, Sonia LeBel a reçu notre appel à l’aide », confirme Sébastien Johnson.
Mais c’est la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest qui a finalement réagi, jeudi après-midi, en affirmant être « au fait des demandes de l’Association des camps du Québec. Nous comprenons qu’il s’agit d’une situation très difficile. Nous souhaitons trouver une solution qui va permettre aux camps de vacances de traverser la crise ».
Le ministère affirme avoir mis à disposition des camps de vacances certifiés le 15 octobre dernier, une aide de 2,5M$. C’est dix fois moins que ce que demande l’ACQ.
« Ils nous ont dit qu’on est important pour eux. Mais on est à bout de souffle. Il faut vraiment qu’on ait une annonce de quelque chose qui va venir nous donner de l’air », ajoute M. Beauchemin. « La dernière chose que nous souhaitons, c’est de voir des fermetures », affirme le ministère. « Nous continuons de travailler en collaboration avec l’ACQ afin de trouver la meilleure solution possible. »
Le Domaine scout de St-Louis-de-France ajoute « qu’en plus de faire partie du patrimoine culturel de la Mauricie, les camps de vacances certifiés sont des partenaires éducatifs incontournables qui favorisent l’adoption de saines habitudes de vie, tout en offrant l’occasion à des milliers de jeunes issus de tous les milieux sociaux économiques de se développer dans un environnement sain et sécuritaire ».