Il opère une scierie à l’ancienne
SAINT-STANISLAS. Depuis 25 ans, Alain Goulet opère une scierie ancestrale à Saint-Stanislas. Encore à ce jour, c’est la force de l’eau en mouvement qui alimente l’entreprise construite en 1860.
Sur ce domaine de plus de deux siècles en bordure de la rivière des Envies, on retrouve également une meunerie datant de 1781. Les activités commerciales de celle-ci ont cessé en 1992, bien que M. Goulet l’utilise toujours pour transformer le grain qu’il donne à ses volailles. Tout comme la scierie, la meunerie dépend de la force hydraulique.
Ces deux bâtiments érigés côte à côte ont appartenu au grand-père, puis au père d’Alain Goulet. Mais bien avant leur naissance, ce lopin de terre était la propriété des Jésuites. Ce sont eux qui y ont construit la meunerie.
En 1801, après la mort du dernier Jésuite au Canada, le moulin est devenu la propriété de la Couronne. Négligé au fil des ans, il a été fermé de 1817 à 1826. Puis, en 1835, Noël Marchand a loué la meunerie avant de l’acheter au gouvernement. C’est d’ailleurs lui qui a bâti la scierie en 1860.
«Dans le temps, la meunerie était habitée à moitié, raconte Alain Goulet. Il y avait des chambres dans une partie du bâtiment et le maître meunier se trouvait au sous-sol pour veiller sur la machinerie.»
«Mon grand-père a acheté la meunerie et la scierie en 1925, poursuit-il. Mon père est venu au monde à cet endroit. Ils y ont vécu jusqu’en 1953, après quoi tout a été transformé pour être uniquement une meunerie. Mon grand-père a légué la scierie à mon père, Richard, et la meunerie à son frère, mon oncle Rosaire.»
Ce dernier a pris sa retraite en 1982. Le flambeau a donc été passé à Alain Goulet, qui a pris la relève de la meunerie un an plus tard.
Un choix à faire
Le père et le fils ont opéré les deux commerces pendant quelques années. Mais, en 1992, la maladie a frappé Richard. N’étant plus capable de scier le bois, son fils a pris le relais. Mais Alain s’est vite rendu à l’évidence qu’il ne pouvait pas s’occuper à la fois de la meunerie et de la scierie. Il devait faire un choix.
«J’ai fait un sondage auprès des agriculteurs et ça me démontrait qu’il y avait moins d’avenir pour la meunerie que pour la scierie, explique-t-il. J’avais aussi beaucoup d’investissements à faire dans la meunerie, alors tout ça a fait en sorte que j’ai décidé de la retirer du marché.»
Depuis ce temps, il travaille à temps plein à la scierie. Avec l’aide d’un employé, il coupe différentes essences de bois selon la demande des clients. Les activités de la scierie débutent généralement vers la fin avril, après la crue des eaux, et cessent à l’automne quand le froid devient mordant.
Quelques faits intéressants :
Du bois au béton
Avant 1950, le barrage et les entrées d’eau étaient faits de bois. Le bois a fait place au ciment depuis.
Pas en hiver
Les eaux glacées en hiver n’empêcheraient pas la scierie de fonctionner. La condensation jumelée au froid hivernal rend toutefois la machinerie et le bois glissants. C’est pour cette raison qu’Alain Goulet n’opère pas la scierie en hiver.
5 375
C’est 5 375 pieds cubes d’eau qu’il faut pour alimenter la turbine qui fonctionne huit heures par jour.
Pièces sur mesure
Quand des bris surviennent sur la machinerie, Alain Goulet doit faire fabriquer de nouvelles pièces sur mesure. Il doit se rendre à une fonderie avec la pièce à remplacer pour que les experts en fassent un moule qui sert ensuite à façonner la pièce remplaçante.
75 %
L’essence de bois la plus souvent coupée à la scierie est la pruche, dans une proportion de 75 %.
Cachet patrimonial
Ces dernières années, les fenêtres de la meunerie ont été refaites avec le style d’antan pour conserver le cachet patrimonial. Alain Goulet et sa conjointe, Guylaine Charest, aimeraient également que la bâtisse de la meunerie redevienne comme elle l’était au départ, sans les ajouts en tôle qu’il y a présentement. Un projet qui se concrétisera peut-être dans les années à venir.