Quatre enfants, cinq entreprises… et plus encore

PORTRAIT. Être maman à temps plein et entrepreneure accomplie, c’est le défi que relève chaque jour Kim Dumais tout en mordant à pleines dents dans la vie.

La Bécancouroise a quatre garçons, en plus de posséder cinq entreprises. Elle s’implique aussi dans la communauté d’affaires de la région, tout en étant «coach de vie».  Tout ça en plus de composer avec la maladie.

À la maison, il lui faut d’abord un méga calendrier familial. Parce qu’on ne néglige pas pour autant les activités des  garçons. Chacun joue au hockey ou au baseball. «J’ai beaucoup d’aide de mon conjoint, souligne-t-elle. On se partage toujours 50% des tâches. Par exemple, ce peut être autant moi que lui qui fasse le souper ou qui aille reconduire les enfants aux sports.»

Chaque jour, le lever se fait vers 5h et les journées de travail se terminent généralement vers 23h. Par contre, toutes les fins de semaine, ou presque, sont consacrées à la famille. «On s’accorde des périodes en famille pour le déjeuner. De 18h à 20h, tout s’arrête et on prend du temps pour souper et faire notre routine. Après ça, de 20h à 23h, une fois que les enfants sont au lit, on revoit les dossiers mon conjoint et moi. C’est là que ça avance le plus, parce qu’on n’est pas dérangé», explique-t-elle.

Durant l’été, le couple prend congé tous les lundis pour avoir de longues fins de semaine en famille où l’on se permet de décrocher. On s’accorde aussi deux semaines par année de vacances pour voyager, une en famille et une autre en couple.

Maintenant âgés de 2, 4, 7 et 9 ans, les enfants sont plus autonomes et s’occupent l’un de l’autre. De façon à favoriser la conciliation travail-famille, Kim Dumais a prévu des jouets, des lits, des ordinateurs et des télévisions pour les enfants à son bureau. «Quand c’est pédagogique, ils sont contents, parce qu’ils viennent travailler», lance-t-elle.

Et ce n’est pas tout. Parce que si elle ne peut plus avoir d’enfants en raison de sa condition physique – les deux derniers ayant été des petits miracles – Kim Dumais et son conjoint ont entamé le processus pour devenir famille d’accueil pour pouvoir avoir une fille.

Un défi stimulant

Ce n’est que tout récemment que la jeune femme d’affaires de 34 ans a sauté à pieds joints dans ce nouveau défi professionnel. En 2016, elle a laissé un emploi stable à la Ville de Trois-Rivières pour se lancer en affaires.

Au retour de son congé de maternité, durant lequel elle avait commencé à préparer le terrain, elle a remis sa démission. Avec son conjoint Kevin,  elle a lancé K2 Solutions, une firme de consultants en ressources humaines et en ingénierie.

C’est par celle-ci que tout a commencé. En se rendant chez Remorques Leblanc, lorsque l’entreprise était située à Sainte-Eulalie, ils ont rencontré deux hommes d’affaires qui sont devenus associés et avec qui ils ont acquis différentes entreprises.

En plus de vendre des remorques, l’entreprise a décidé de créer Promax pour en fabriquer. Sa production est écoulée dans les différents points de services que Remorques Leblanc a établis à Lévis, Rimouski, Joliette, Chicoutimi et Trois-Rivières au cours des deux dernières années. L’entreprise a également conclu un contrat pour approvisionner les quincailleries Canac en remorques et en pièces.

Promax/Remorque Leblanc vient tout juste de déménager ses pénates de Sainte-Eulalie, où elle était trop à l’étroit, pour s’installer à Daveluyville. Dans l’atelier situé à l’arrière de la salle de montre, on a déjà installé la chaîne de production qui sera bientôt munie d’un robot.

Des options d’achat ont déjà été réservées sur deux terrains situés de chaque côté de la toute nouvelle bâtisse qui a été implantée en décembre dernier le long de l’autoroute 20. D’ici 2021, on prévoit prendre de l’expansion et construire une usine.

Le groupe d’associés possède également 485 Communication, une boîte de communication et de marketing, une compagnie immobilière qui construit des bâtisses commerciales pour ensuite les louer, en plus de s’occuper du centre de location villégiature Bellevue sur un terrain de camping à Sainte-Croix-de-Lotbinière.

En tout, ce sont maintenant 25 salariés et 10 pigistes que gère maintenant Kim Dumais, qui se spécialise notamment dans la gestion des ressources humaines.

Kim Dumais, de Bécancour.

Savoir s’entourer et bien se structurer

Comment peut-on arriver à faire tout ça dans une seule même journée? Kim Dumais estime que le secret est de savoir bien s’entourer et se structurer.

C’est le conseil qu’elle donne à toutes les femmes qui se réfèrent à elle comme «coach de vie». «Il y a plein de jeunes femmes qui me demandent comment je fais. Certaines m’arrivent en me disant: je n’ai qu’un enfant et un travail et j’ai de la misère à y arriver. Comment fais-tu?, raconte-t-elle. Je leur réponds toujours par des questions qui peuvent les amener à réfléchir et à prendre des décisions».

Kim Dumais admet elle-même qu’elle n’y serait jamais arrivée seule. «À travers notre groupe d’associés, tout le monde a des compétences complémentaires, ce qui fait qu’on se complète, explique-t-elle. On a aussi les meilleurs employés au monde et des professionnels externes qui font un travail extraordinaire.»

«On parle beaucoup de la jeune millionnaire Éliane Gamache Latourelle mais moi, elle m’a beaucoup aidée à me faire un réseau de contacts», souligne-t-elle.

Une épée de Damoclès au-dessus de la tête

L’importance de bien s’entourer est d’autant plus vraie pour Kim Dumais que sa maladie l’empêche parfois de donner le meilleur d’elle-même, elle qui est atteinte de lupus. Il s’agit d’un trouble inflammatoire chronique qui fait en sorte que ses globules blancs s’attaquent à son système plutôt que de la défendre.

«J’ai souvent des migraines, de la fièvre, de l’arthrite dans les mains et les jambes. Quand mon enfant attrape la gastro, je l’ai fois mille. Ça se manifeste aussi par des fatigues extrêmes, indique-t-elle. Ça arrive au moins une fois par mois où je suis très malade. Ces journées-là, il faut que mon conjoint ou mes associés prennent le relais.»

On lui a également découvert une tumeur au cerveau ou un prolactynome, en 2014, alors qu’elle était en processus de fertilité. Cela aurait pourtant dû l’empêcher d’avoir un enfant en déréglant son système ovulaire.

«J’ai su le matin que j’étais enceinte et l’après-midi que j’avais cette tumeur. On ne peut pas l’enlever parce que de la manière dont elle est placée, il y a trop de risques. Même si ce n’est pas cancéreux, c’est là et ça reste comme une épée de Damoclès», ajoute Kim Dumais, qui suit de près les avancées de la science dans ce domaine.

Cela ne l’a pourtant pas empêchée de foncer dans la vie et d’en avoir accompli autant en si peu de temps.