Menaces et confinement : Chaussé saura vendredi s’il retrouve sa liberté
JUSTICE. Jonathan Chaussé, le jeune homme de 18 ans qui a forcé le confinement de deux écoles dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, devra passer au moins trois autres nuits en cellule, à la prison de Trois-Rivières. Ce n’est que vendredi après-midi qu’il saura s’il retrouvera sa liberté en attendant son procès.
Cela fera sept jours que le jeune homme passe derrière les barreaux. Jonathan Chaussé avait été arrêté à son domicile, vendredi dernier, à la suite d’une vaste opération policière qui avait nécessité le confinement de 750 élèves du Collège de l’Horizon, mais aussi de l’école primaire de l’Académie sportive située juste en face.
Il avait ensuite été formellement accusé, lundi, de menaces de mort, de voies de fait, d’avoir braqué une arme à feu sur une personne et d’avoir déchargé ladite arme. Des six chefs d’accusation, trois concerne les événements survenus dans le secteur Cap-de-la-Madeleine. Mais les autres sont directement liés.
Chaussé était donc de retour au palais de justice de Trois-Rivières, mardi, pour sa remise en liberté à laquelle s’est objecté la Couronne.
Appelée à témoigner, la mère du jeune homme a plaidé en faveur de sa libération. Elle a assuré au juge qu’elle veillerait personnellement à ce que son fils respecte les conditions qui seront imposées par le tribunal.
« Toute cette histoire nous a bouleversées », a-t-elle lancé, très ébranlée. À quelques mètres, dans le box des prévenus, Jonathan Chaussé a quant à lui éclater en sanglots.
Son avocat a indiqué que cette situation était difficile pour sa famille et lui. Me Yvan Braun a souligné que son client avait besoin de recevoir des services spécialisés. « Malheureusement, en raison de certains délais gouvernementaux, il n’a pas été en mesure d’obtenir toute l’aide dont il avait besoin. Peut-être qu’on ne serait pas dans cette situation si cela avait été le cas », croit-il.
D’ailleurs, la mère de famille a abordé l’enfance difficile de son ainé aux prises avec des troubles du comportement depuis son jeune âge. Chaussé souffrirait notamment de dysphasie, ce qui affecte son jugement, sa compréhension et « toutes les choses qu’il dit », soutient sa mère. « Si bien qu’il n’est pas en mesure de travailler et doit bénéficier de l’aide sociale. » Il aurait également du mal à gérer sa colère.
L’accusé est sous médication, médication qu’il ne prend pas toujours en raison notamment d’un entourage toxique et de sa consommation de cannabis. « J’ai pris conscience que ça me met toujours dans le trouble quand je ne prends pas ma médication », a réalisé Chaussé, indiquant qu’il était prêt à respecter ses conditions et à retourner vivre chez ses parents.
À bout de souffle, la mère affirme avoir lancé des appels à l’aide à de nombreuses reprises par le passé, sans succès. Ce n’est qu’il y a quelques jours qu’elle a reçu la réponse tant attendue : un intervenant du CIUSSS serait prêt à aider son fils.
Avant de décider si Jonathan Chaussé pourra ou non retourner auprès de sa famille en attendant son procès, le juge Jacques Trudel souhaite entendre le spécialiste en question.
Le juge devrait ensuite avoir entre les mains tous les éléments nécessaires pour rendre son verdict, vendredi.
LE FIL DES ÉVÉNEMENTS
Le témoignage de l’enquêteur Jean-Pascal Héroux de la Sécurité publique de Trois-Rivières a permis d’en apprendre un peu plus sur ce qui a mené à la vaste opération policière menée dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, vendredi dernier. Voici ce que l’on sait :
Menace à la pointe d’une arme
Toute cette histoire aurait débuté au mois de décembre dernier. La première présumée victime, appelons-la Laurie (nom fictif), se serait présenté à l’appartement de Jonathan Chaussé, à Trois-Rivières, accompagnée d’une amie. La soirée va bon train. Mais au moment où Laurie se dirige vers la salle de bain, Chaussé aurait braqué une arme sur sa tête, sans aucune raison. Puis, il aurait tiré avec le pistolet à plomb sur le mur, non loin d’elle. La jeune fille d’âge mineur était sous le choc, a souligné l’enquêteur de la SPTR, au tribunal. Dans sa déclaration, elle affirme qu’il l’aurait menacé « de ne rien dire à personne ».
La veille
Il faudra attendre plusieurs semaines avant que Laurie revienne pour la première fois sur ce soir-là. Le 2 mars, elle apprend qu’une camarade de classe au Collège de l’Horizon fréquenterait Jonathan Chaussé. Laurie aurait donc décidé de mettre en garde la deuxième présumée victime, Sarah (nom fictif), en lui racontant les événements de décembre. Le soir même, Sarah aurait confronté l’accusé à ce sujet.
« Fais attention à toi »
L’initiative aurait visiblement déplu à Chaussé. Furieux, il se serait empressé d’appeler Laurie pour la menacer. Selon trois témoins de l’appel –des amis de l’accusé–, le suspect était très en colère. Dans sa déclaration, la jeune fille prétend que Chaussé a dit vouloir se rendre à l’école pour « la tirer ». L’un des témoins ainsi que l’accusé affirme qu’il aurait plutôt mentionné « qu’il descendrait à l’école demain pour régler ça ». Le même soir, Chaussé aurait également menacé Sarah « de venir briser les vitres de ses fenêtres », chez elle.
Vaste opération policière
Le vendredi 3 mars, à 10h11, les autorités sont alertées par le Collège de l’Horizon. La situation a aussitôt été prise au sérieux par la Sécurité publique de Trois-Rivières qui a rapidement ordonné une vaste opération policière. La consigne était très claire : personne n’entre ou ne sort des établissements scolaires. Les autorités craignaient que le prévenu, qui n’est pas un élève de l’école, se rende sur place pour mettre ses menaces à exécution. Heureusement, l’accusé ne s’est jamais trouvé dans le secteur. Il a été arrêté la journée même à son domicile.
Du plomb dans les murs de l’accusé
Au moment de l’arrestation de Jonathan Chaussé, les policiers ont réalisé une perquisition à son domicile. Ils ont constaté la présence de trous dans le bas des murs, vraisemblablement causé par un pistolet à plomb. Un projectile a d’ailleurs été découvert à l’intérieur de l’une des cavités, ce qui pourrait bien corroborer les dires de la présumée victime. L’arme n’a cependant pas été retrouvée, a déclaré l’enquêteur Héroux. « Chaussé confirme l’avoir eu en sa possession, mais dit qu’il l’a vendue au père de son colocataire. L’arme aurait été jetée depuis. » Dans sa déclaration, Chaussé nie avoir pointé une arme sur la jeune fille.