Une épice pour identifier les criminels tatoués
DÉCOUVERTE. Une épice inoffensive que l’on retrouve dans presque toutes les cuisines pourrait bien permettre d’élucider des crimes jusque-là irrésolus.
Trois chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) développent actuellement un procédé afin de détecter des tatouages effacés sur des personnes vivantes… à l’aide du curcuma.
Peu coûteux et inoffensif, l’étudiant en chimie Gabriel Émond, accompagné par les enseignants Frank Crispino et Gervais Bérubé, s’est donc intéressé au curcuma dans le cadre d’un projet de recherche pour sa maîtrise. Plus exactement à l’une de ses molécules: la curcumine.
Ce colorant naturel fluorescent, lorsqu’éclairé par des rayons UV, pourrait augmenter le contraste d’un tatouage.
«Il faudrait simplement badigeonner la solution sur l’endroit où l’on soupçonne qu’un tatouage a été effacé et l’examiner à l’aide d’appareils adéquats. Nous pourrions alors y déceler des choses que l’on ne voit pas à l’œil nu», a expliqué l’enseignant de chimie organique, Gervais Bérubé.
D’après l’hypothèse de son étudiant, l’absorption de la curcumine ne serait pas pareil sur une peau saine et une peau qui a été lésée afin d’y faire disparaître toute trace visible d’un dessin.
«C’est cependant très embryonnaire. On en est encore à peaufiner la recette. J’espère pouvoir effectuer des tests sur des humains à l’automne. Je vais commencer des démarches pour trouver des volontaires sous peu», prévoit Gabriel Émond.
Tatouage: un défi pour les policiers
Marques distinctives volontaires, les tatouages permettent d’affirmer son appartenance à un groupe sur une partie de son corps. Ils peuvent aussi participer à établir l’identité d’une victime ou à décrire l’auteur d’une agression.
Mais qu’arrive-t-il lorsqu’un enquêteur a trouvé le suspect idéal, sauf qu’il n’a pas le fameux tatouage décrit? C’est là que le problème se pose. Il peut s’agir de la mauvaise personne, mais…
«Parfois, une fois la trentaine et la bedaine arrivées, pour citer les Cowboys fringants, certains se font effacer leur tatouage. Il peut cependant déjà être enregistré dans la base de données de la police», a indiqué le directeur du laboratoire de recherche en criminalistique à l’UQTR, Frank Crispino.
Des méthodes de restauration sont possibles sur des cadavres, mais le défi est davantage complexe lorsque la personne est vivante, affirme-t-il. «Le cadavre ne parle pas et nous avons les autorisations pour travailler sur lui. Cela devient plus gênant sur un vivant», fait remarquer M. Crispino.
Il ne croit pas en l’intérêt commercial de cette solution à la fois indolore et sécuritaire, mais estime qu’une demande ponctuelle pourrait exister.
Les recherches ont été présentées lors du 84e congrès de l’Association francophone pour le savoir, qui se déroulait du 9 au 13 mai.