Révision des programmes : le CANOS consterné
C’est avec consternation que le Carrefour d’aide aux non-syndiqué-es reçoit le premier rapport de la Commission de la révision permanente des programmes.
Force est de constater que la Commission a rapidement oublié une partie de son mandat : la protection des services essentiels offerts aux citoyens, que les programmes répondent à un besoin prioritaire des citoyens et que le mode de financement des programmes est adéquat et cohérent avec la capacité de payer des citoyens. Les modifications proposées à la tarification des services de garde à l’enfance, des transferts aux municipalités, des mesures de soutien au secteur de l’agriculture et aux soins d’urgence préhospitaliers démontrent l’incapacité des membres de la Commission à remplir le mandat confié par le gouvernement.
La Commission a choisi de comparer les services et programmes provinciaux et les coûts par habitant à l’une des provinces affichant l’un des pires scores au niveau de la répartition des revenus au Canada, l’Ontario. Alors qu’en 2009, le Québec était l’une des provinces affichant la répartition des revenus la plus égalitaire en raison des mesures et programmes de soutien aux personnes et aux familles, les recommandations de la Commission risquent de nous ramener en queue de peloton.
Il est impensable que des familles de la classe moyenne et de bas salariés puissent payer 35$ par jour pour la garde d’un enfant sans que l’un des deux parents quitte son emploi pour vaquer aux soins des enfants. En considérant qu’encore en 2014, les femmes touchent le plus bas revenu du ménage, il y a fort à parier qu’une telle augmentation retournerait rapidement les femmes à la maison et aux soins des enfants. Pour la directrice générale du CANOS, Marie-Josée Magny « Affirmer qu’une telle augmentation n’aura aucun effet sur la participation des femmes au marché du travail relève soit du mensonge, soit de la pensée magique! »
Les sociétés les plus égalitaires de ce monde ont mis en place des programmes de service de garde à l’enfance encore plus généreux, accessibles et universels que celui du Québec. Ces sociétés se sont donné de véritables politiques familiales et ont pourtant des résultats économiques supérieurs à ceux des pays où les politiques familiales sont déficientes ou inexistantes. L’égalité entre les sexes est de plus en plus palpable dans ces pays et les enfants s’y épanouissent mieux qu’ailleurs.
La diminution de l’accessibilité des services de garde aura des impacts sur le taux d’emploi des femmes, mais aussi sur le taux de natalité au Québec. Nous devons déjà trop largement faire appel à l’immigration pour combler notre déficit démographique, une telle augmentation des coûts ne ferait qu’aggraver cette situation.
Concernant la recommandation d’abolir le programme de Soutien à l’action bénévole (enveloppes discrétionnaires des députés), nous pouvons affirmer que malgré la petitesse des sommes octroyées aux organismes adressant une demande, les montants accordés ont un impact réel dans le maintien des activités et des services d’action communautaire. Rediriger les organismes bénévoles et communautaires vers des programmes « normés » relève là aussi de la pensée magique. Certaines organisations n’ayant besoin que de petits montants pour réaliser leurs activités et que des programmes de soutien financier dans leur type d’activités sont inexistants. De plus, les programmes de soutien financier des différents ministères et organismes publics sont encore insuffisants pour permettre aux organisations de remplir adéquatement leur mission, le montant supplémentaire reçu permet souvent d’offrir des services d’une valeur largement supérieure au montant accordé.
Pour terminer, Madame Magny invite la Commission à faire preuve de plus de rigueur dans son processus de révision et de vraiment s’informer des impacts réels de ses recommandations sur les populations concernées.