Assez habile sexuellement pour détrôner le roi d’Angleterre
Se peut-il qu’une femme ait réussi l’exploit de pousser un roi d’Angleterre à abdiquer grâce, entre autres, à ses techniques d’excitation sexuelle? Voici l’histoire d’un couple plutôt étrange.
Wallis Warfield est née en 1895 à Baltimore. Née hors mariage, ce qui est inacceptable aux yeux de la petite bourgeoisie locale, Wallis ne sera pas baptisée. Au regard du clergé, elle est condamnée à brûler en enfer. Wallis grandira, « cachée » dans les montagnes près de Baltimore.
Wallis a peu de féminin en elle. Ses attributs physiques sont minces: corps maigre, visage osseux, poitrine plate. L’expression faciale est dure. Elle ressemble à un garçon manqué.
Côté caractère, elle se montre hautaine, têtue et parfois vulgaire dans son langage. Elle adore attirer l’attention. D’où son air snob.
Elle aime chasser les hommes, surtout ceux qui dégagent une odeur de fauves. Par contre, l’idole de sa jeunesse est loin de ressembler à un Rambo en puissance.
Il s’agit du prince de Galles, le futur héritier du trône britannique, qu’on voit partout dans les journaux et les magazines.
Il est l’un des célibataires les plus convoités du monde. Blond, les yeux bleus, d’aspect fragile, il se montre parfois un brin efféminé. N’empêche: Wallis a mis des photos du prince partout dans sa chambre. Elle suit ses déplacements à travers la presse.
Comme des millions de gens, Wallis se passionne pour les histoires des rois et des reines d’Angleterre. Très jeune, elle commence à se conduire comme une princesse. Elle aime le somptueux, les belles robes, les bijoux et les fleurs. C’est à travers les magazines de mode qu’elle apprend à écrire.
Elle peut avoir un sale caractère, jusqu’à enfoncer ses ongles dans la peau d’une personne si elle se met en colère. Intelligente, elle sait jouer le rôle du loup pour arracher le fromage au corbeau. Flatter autrui pour obtenir ce qu’elle veut est un défi pour elle.
Mariage et bordels
Son premier mariage vire au cauchemar. Le mari est un pilote d’avion alcoolique et bisexuel. Il brutalise Wallis. L’histoire se termine par un divorce.
Elle rencontre son deuxième mari à New York. Le gars est plus gentil avec elle, plus attentionné. C’est un gentleman.
Les circonstances poussent le couple vers la Chine où la guerre civile fait rage. Wallis tombe dans les vapeurs folles du Shanghai des années 20. Loin de s’affoler, elle semble plutôt s’épanouir. Selon le biographe Charles Higham, elle fréquente les diplomates, les salles de jeu et les bordels.
Elle assimile diverses techniques sexuelles, le Fang Chung notamment. Elle s’initie à l’art du massage, trempe dans le lesbianisme et plonge dans un ménage à trois. Tout ça finit par un avortement.
Elle se lie avec les premiers fascistes italiens et allemands. Ces rencontres façonneront son destin.
Rien d’étonnant à cela pour qui connaît Wallis. Ambitieuse, elle est dotée d’une volonté à toute épreuve et, surtout, elle a un faible pour les intrigues.
Elle met la main sur le roi
Le destin de Wallis l’envoie à Londres où, comme en Chine, on s’étonne de sa conversation brillante, de ses goûts raffinés et de sa culture politique naissante. Dans ses moments de loisir, Wallis joue au poker.
Bien entendu, elle veut rencontrer son idole de jeunesse, le prince de Galles. Look agréable, rebelle aux conventions de la famille royale, le prince est un symbole pour les jeunes du monde entier.
Il parcourt l’empire britannique, serre des milliers de mains, court les boîtes de nuit à Londres. Soucieux de son apparence, il troque le pouding anglais pour la feuille de laitue et fait de l’exercice physique tous les matins.
Mais le bruit court que l’homme a un penchant homosexuel. De plus, il serait peu habile au lit. Son dada: des jeux sexuels dignes des enfants. Fétichiste, il est obsédé par les pieds.
Dès qu’elle lui fit sa première révérence, Wallis sut qu’elle allait épouser le prince de Galles. À ses yeux, l’homme voulait une femme dominatrice. Aussitôt, elle ouvrit les gaz.
Scandale à Buckingham Palace
Le prince de Galles tombe amoureux de Wallis. Il la veut.
Le roi George V meurt. Le prince de Galles accède au trône et devient Edouard VIII. Il voit Wallis comme la future reine.
Or, tout s’y oppose.
La famille royale et le gouvernement britannique apprennent tout sur Wallis: née hors mariage, non baptisée, les années douteuses à Shanghai (on la décrit comme une perverse), un divorce et un deuxième en cours.
Tout ça à une époque où le sexe était vu comme un outil de procréation et que la femme n’avait pas à vivre un plaisir sexuel. De plus, comme elle est liée à la mentalité religieuse de l’époque, la Constitution britannique interdit le mariage du roi avec Wallis.
Pire: Hitler et ses nazis ont pris le pouvoir en Allemagne. Scotland Yard découvre que Wallis flirte avec les fascistes allemands et italiens. On lui prête même des relations sexuelles avec eux. Serait-elle une espionne?
Edouard VIII se met en colère. Il veut Wallis comme femme et comme reine. Sa compagnie est agréable (le roi déteste être seul), elle sait le faire rire, elle calme son anxiété et, sexuellement, elle le comprend. L’un de leurs jeux érotiques préférés: il porte des couches, elle joue le rôle de l’infirmière.
Wallis est rayonnante. Grâce à elle, le roi est devenu un autre homme. Plus joyeux, plus sûr de lui. De plus, on lui lèche les bottes pour accéder à l’oreille du roi. Et, bien sûr, les cadeaux s’accumulent : diadème de diamant, émeraude, saphir, bijoux rares, robes magnifiques. Wallis aime davantage sa nouvelle position que le roi lui-même.
Par contre, elle se moque parfois des protocoles et fait preuve de vulgarité à maintes reprises. Pendant ce temps, Winston Churchill et les journaux britanniques tentent de la jeter hors de l’Angleterre.
Il renonce au trône
Le nouveau roi baisse les bras. Il abdique à la suite d’un compromis. On lui accorde le titre de duc de Windsor, à condition qu’il parte en exil et ne remette pas les pieds en Angleterre à moins que le gouvernement ne l’y autorise.
Deuxième prix à payer: ses descendants ne pourront jamais accéder au trône.
Wallis marie son homme en France et devient duchesse de Windsor. Débutent alors de longues années d’errance à travers l’Europe et l’Asie, à travers lesquelles le couple rencontrera Adolf Hitler.
Fou d’amour pour Wallis, le duc de Windsor lui tricote des chandails et s’agenouille pour lacer ses chaussures. Et il exige que le visiteur lui fasse la révérence.
Vous croyez que l’histoire s’arrête là? Pas du tout. Il y a la Deuxième Guerre mondiale, la surveillance des agents britanniques, le crime du siècle aux Bahamas, le « look » Wallis qui devient célèbre dans le monde entier, le retour à Londres.
Tous des événements vécus par le couple que vous devriez lire dans l’excellente biographie: La scandaleuse duchesse de Windsor, de l’auteur Charles Higham.
Références:
-La scandaleuse duchesse de Windsor, de l’auteur Charles Higham, JCLattès, 1989, Paris, 413 pages.
-Wikipedia anglais à l’article La duchesse de Windsor.
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