Il pleut des préservatifs et des grenouilles

Je n’y croyais pas au début. Je parle des grenouilles.

J’avais 20 ans à peu près lorsqu’on m’a chaudement recommandé de lire Le livre des damnés du journaliste américain Charles Fort. Avec un titre pareil, difficile de dire non. Je me suis bien amusé finalement. L’auteur parlait de pluies de grenouilles, de poissons et d’autres petits animaux Des pluies d’objets aussi.

«Méchant sauté ce gars-là!» que je me suis dit.

Le pire, c’est qu’il avait l’air sérieux. Très sérieux même car, de mémoire, il citait des articles de journaux. Y croire ou pas? Cela me paraissait bien secondaire. Je m’étais bien amusé et ça, c’était le plus important.

Je me souviens qu’il parlait souvent de la «mer des Sargasses», un espace de l’océan Atlantique relié au mystérieux triangle des Bermudes, là où un tas de navires ont disparu sans laisser de trace.

Afrique

Des années plus tard, du temps où j’étais au Courrier Laval, j’ai reçu plusieurs journalistes africains en stage. J’ai demandé à l’un d’eux à quoi ressemblaient les faits divers en Afrique. Beaucoup de vols de banque? Des braquages à domicile? Des carambolages? Des bagarres dans les bars?

L’Africain me répond le plus sérieusement du monde : des pluies d’animaux. Pas tout le temps, on s’entend. En tout cas, c’était le fait divers qui l’avait le plus marqué.

À quoi ai-je pensé? Aux grenouilles de Charles Fort, bien entendu.

Thaïlande

Automne 2011. La Thaïlande est aux prises avec, peut-être, les pires inondations de son histoire. Je lis sur Cyberpresse une dépêche de l’Agence France-Presse: «Les autorités thaïlandaises s’escrimaient mercredi à parachuter des préservatifs dans les régions touchées par les inondations, de peur de faire face à une avalanche de grossesses intempestives.»

Cinq hélicoptères ont survolé les régions sinistrées pour faire pleuvoir des préservatifs et des médicaments.

«Les volontaires locaux nous ont dit que les villageois ne savaient pas quoi faire pendant les inondations, donc pour éviter un "baby boom", nous avons ajouté des préservatifs», a expliqué un responsable de l’Institut des urgences médicales de Thaïlande, cité par l’Agence France-Presse.

Bien que l’épisode des préservatifs soit un geste humanitaire et explicable, à quoi ai-je pensé? Aux grenouilles de Charles Fort, bien entendu.

L’oiseau de Magog

Je n’ai malheureusement pas conservé la référence, mais je me souviens avoir lu un truc sur un oiseau retrouvé dans la région de Magog. Une espèce d’une région étrangère. Que faisait-il là, à des kilomètres de chez lui? On racontait que l’oiseau se serait « égaré » lors du passage d’un ouragan.

À quoi ai-je pensé? Aux grenouilles de Charles Fort, bien entendu.

Cyclones et poissons

Pour en avoir le cœur net, je me suis rué un jour sur Wikipedia.

Surprise! Non seulement il pleut des grenouilles, mais il pleut des poissons aussi. Et des oiseaux, et des crapauds, et des souris, et des canards, et des crevettes, et des tétards. Ils sont vivants parfois, déchiquetés à l’occasion, ou coincés dans de la glace.

À qui la faute? Aux cyclones, aux tornades et aux trombes marines qui capturent les petits animaux pour les laisser tomber dans une région éloignée.

Vous croyez que cela n’arrive que dans l’hémisphère sud? Détrompez-vous! Ces pluies se produisent souvent aux États-Unis.

Allez lire l’article «Pluies d’animaux» sur Wikipedia. Et amusez-vous!