Cancer du sein: des réactions étonnantes

«Les professionnels de la santé travaillent avec des diagnostics. Si, dans un dossier, on lit un diagnostic de cancer du sein, on se dit que la femme est malade. Au fil des discussions, je me suis rendue compte que beaucoup d’entre elles ne se percevaient pas comme étant malades.»

C’est ce qui a motivé Maude Hébert, enseignante à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et doctorante en Sciences infirmières, à se lancer dans l’étude de la transition entre les perceptions de la santé et les perceptions de la maladie chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.

Les tendances ressorties jusqu’à maintenant ne sont que préliminaires puisque l’étude devrait se poursuivre durant plusieurs mois encore.

De 25 à 65 ans

Mme Hébert a tout de même pu distinguer deux moments clés de cette transition: le diagnostic (la transition entre la santé et la maladie) et l’arrêt du traitement.

«L’âge auquel est reçu le diagnostic est également un facteur affectant la perception. On ne vit pas ça de la même façon à 25 ans qu’à 65 ans. Mais elles disent toutes que ça a été un choc», précise Mme Hébert.

Les femmes disposant de soutien autour d’elles vivraient aussi mieux ces périodes de transition.

Environ 25 femmes âgées entre 40 et 60 ans ont déjà montré de l’intérêt à participer à cette étude au cours des deux derniers mois.

«La transition entre ces perceptions influent sur la façon de prodiguer des soins. Quand on est infirmier sur le terrain, on n’a pas nécessairement le temps de demander aux femmes comment elles vivent avec leur cancer. Il y a eu peu d’études sur le sujet. Les dernières en liste datent de 1970 et ont été effectuées par des sociologues», souligne-t-elle.

«Les entrevues effectuées jusqu’à maintenant sont passionnantes. Je vais cesser les entrevues lorsque je n’apprendrai plus rien d’une entrevue, mais je sens que je suis loin de la saturation d’information. Quand je commence à développer une théorie et que je pense que ça va bien, il y a quelqu’un qui ajoute autre chose pour contrebalancer l’information», explique Mme Hébert.

Le côté positif du cancer

«Quand les femmes sont en santé, elles disent: "Si j’avais un cancer, je ne passerais pas à travers, ce serait trop difficile", etc. La transition se fait dès le diagnostic. À ce moment, elles se disent qu’elles n’ont plus le choix et qu’elles doivent lutter. C’est très révélateur», ajoute-t-elle.

Fait surprenant: certaines des femmes rencontrées voient aujourd’hui du positif à leur lutte contre le cancer du sein.

«Plusieurs m’ont dit qu’elles ont beaucoup appris sur elles-mêmes. Les femmes se sont découvert des forces dans cette épreuve», indique Maude Hébert qui espère que son travail pourra permettre d’établir certaines bases dans la pratique.

De Trois-Rivières à Genève

La doctorante est récemment allée présenter son sujet de doctorat devant les participants du congrès du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF), à Genève.

Elle y a brièvement expliqué son projet de recherche, la problématique, le recensement des écrits ainsi que les résultats préliminaires.

«Les infirmières en France vivent les mêmes problématiques que nous ici», constate-t-elle.

Encore en recrutement

Les femmes intéressées à participer à l’étude peuvent encore contacter Maude Hébert à l’UQTR à maude.hebert@uqtr.ca ou au 819-376-5011 poste 3470.

Les femmes doivent avoir commencé ou terminé des traitements de chimiothérapie, de radiothérapie ou avoir subi une chirurgie, avoir déjà reçu ou non des traitements en lien avec le diagnostic primaire de cancer du sein et parler français.

Les participantes doivent aussi être âgées entre 40 et 60 ans.