Retarder l’Alzheimer, c’est possible
Il existerait des moyens de prévenir la maladie d’Alzheimer et de ralentir sa progression.
C’est ce qu’avance Guy Massicotte, neurobiologiste de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
«Il serait possible de réduire de 50% le nombre de personnes touchées par la démence Alzheimer si on parvenait à retarder de cinq ans l’apparition des symptômes de la maladie chez les personnes âgées», soutient-il.
Évidemment, une bonne santé physique et mentale préviendrait l’Alzheimer ainsi que tout un lot d’autres maladies. M. Massicotte suggère donc de stimuler ses capacités intellectuelles en faisant, par exemple, des mots croisés ou des Sudokus, ou encore en lisant. Il est tout aussi important d’avoir un régime alimentaire équilibré, de normaliser son poids, sa pression artérielle et sa glycémie.
L’importance du vocabulaire
Par ailleurs, le développement d’un vocabulaire enrichi au cours de l’apprentissage d’une langue maternelle retarderait le déclin des fonctions mémorielles. M. Massicotte cite également une étude de l’Université de Toronto qui démontre que le bilinguisme, lorsqu’il est acquis en bas âge, retarde d’environ cinq ans les symptômes de l’Alzheimer.
Le stress pourrait aussi avoir un rôle déterminant à jouer dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Le neurobiologiste trifluvien cite une étude qui établit que la méditation transcendantale peut aider à ralentir l’arrivée de symptômes reliés à l’Alzheimer.
«Ces cinq années à retarder la maladie sont très importantes. Environ 50% des cas d’Alzheimer touchent des personnes âgées de plus de 80 ans. Mais la grosse problématique de l’Alzheimer est la prise en charge puisque la personne atteinte perd son autonomie. C’est la fin de vie qui coûte cher dans ces cas-là. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut prolonger la vie sans symptômes», affirme M. Massicotte.
Médicaments peu efficaces
Par contre, une fois affligé par la maladie, il serait difficile de retarder la dégénérescence de ses facultés cognitives.
«Il y a un grand débat présentement à travers le monde. On dit que les médicaments utilisés au Québec et au Canada retarderaient d’environ un an ou deux les ravages de la maladie d’Alzheimer, mais ceux-ci sont assez dispendieux. En Europe, les spécialistes sont d’avis qu’il faudrait mettre l’accent sur la prévention plutôt que sur le traitement», explique Guy Massicotte.
«Il y aurait environ 10% des personnes atteintes qui réagissent positivement aux médicaments. On ignore si c’est à cause d’un bagage génétique propice, mais en général, quand les premiers symptômes apparaissent, il reste entre deux et huit ans à vivre. Deux regroupements de médecins généralistes français ont même recommandé de limiter la consommation des médicaments actuels prescrits au bénéfice de la prévention et de la prise en charge de sujets Alzheimer», ajoute-t-il.
C’est que les médicaments agissent à l’encontre de la maladie, car ils stimulent le cerveau. M. Massicotte compare le tout à une voiture dont le moteur est presque fini et qu’on ferait rouler encore plus vite.
«Il y a un risque que ça dépérisse plus rapidement parce que ce sont des stimulants», note M. Massicote.
«On m’a expliqué qu’au Canada, le médicament est plus bénéfique pour les personnes autour du malade. C’est comme un accompagnement familial qui permet à la famille de se préparer tranquillement à l’avancement de la maladie. On pense que l’Alzheimer est seulement la perte de la mémoire, mais c’est aussi une perte du jugement. Mais il ne faut pas désespérer face aux médicaments. Je pense qu’il faut penser à la multi-thérapie pour traiter la maladie, car vu sa complexité, une seule molécule ne sera pas suffisante pour inverser le processus», conclut-il.
Les chiffres de l’Alzheimer
-Selon le World Alzheimer Report, 36 millions de personnes ont souffert d’Alzheimer en 2010;
-Deux fois plus de personnes en seraient atteintes d’ici 2030;
-La somme allouée à la prise en charge pourrait passer de 15 à 150 milliards $ d’ici 30 ans;
-50% des personnes atteintes sont âgées de plus de 80 ans.