Le consul Clark persiste et signe sur l’achat de la résidence de fonction à New York

OTTAWA — Le consul général du Canada à New York a répété jeudi qu’il n’avait exercé aucune influence sur la décision d’Affaires mondiales Canada d’acheter un appartement de 9 millions $ à Manhattan pour sa nouvelle résidence de fonction.

Tom Clark a été invité à nouveau à témoigner devant un comité des Communes chargé d’examiner l’acquisition de cette résidence de fonction. Le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires avait décidé de le convoquer à nouveau à la suite de reportages dans les médias au début du mois qui soutenaient que le consul avait effectivement exprimé des préoccupations au sujet de l’ancienne résidence.

Or, M. Clark avait auparavant soutenu qu’il n’avait jamais exprimé le souhait d’emménager dans une nouvelle résidence à New York.

Témoignant sous serment cette fois-ci, M. Clark a déclaré aux députés que les observations rapportées dans les médias avaient été faites en passant, à un collègue, et qu’il ne savait pas que ces remarques s’étaient rendues jusqu’au ministère.

«Il est certain qu’elles n’ont jamais eu pour but d’influencer quoi que ce soit, a déclaré M. Clark aux députés. À aucun moment je n’ai demandé que nous changions de résidence, et je pense que c’est un point important.»

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a demandé à M. Clark pourquoi il était catégorique sur le fait qu’il n’avait jamais exprimé le souhait de déménager, malgré ses commentaires concernant les déficiences de l’ancienne résidence.

«Je n’ai parlé à personne de mon déménagement. Mes commentaires, aussi désinvoltes soient-ils, portaient sur ce avec quoi je devais travailler au 550 Park Avenue», l’ancienne résidence de fonction, a déclaré M. Clark, soulignant les problèmes d’accessibilité du mobilier et le manque d’espace familial.

Le manque d’espace familial «n’est pas un commentaire inhabituel de la part des nouveaux chefs de mission. C’est un problème que l’on rencontre dans de nombreuses résidences officielles», a-t-il dit.

M. Boulerice a insisté, demandant si le fait de souligner tous les problèmes d’une ancienne résidence pouvait être interprété comme un désir de déménager.

«Le processus de déménagement d’une résidence officielle n’est pas entre les mains du chef de mission local ni du personnel», a répondu M. Clark. «Il est entièrement entre les mains de la division des biens immobiliers (d’Affaires mondiales Canada) à Ottawa.»

Démission exigée

M. Clark a également soutenu qu’il n’avait visité la nouvelle résidence de West 57th Street pour la première fois qu’après que l’offre d’achat avait été déposée, indiquant que même s’il avait eu des problèmes avec elle, cela n’aurait fait aucune différence.

Les députés conservateurs, cependant, n’étaient pas convaincus, et plusieurs ont demandé à M. Clark s’il démissionnerait pour avoir menti au comité.

«Pour que vous puissiez faire avancer les choses, je ne pense pas que vous ayez besoin de demander directement aux membres individuels de votre équipe de le faire. Vous devez identifier qu’il y a un problème, puis l’équipe s’engage à le résoudre», a soutenu le député conservateur Michael Barrett.

«Il existe maintenant plusieurs éléments (…) qui révèlent que vous étiez impliqué. Que vos goûts pour le champagne n’étaient pas satisfaits par les espaces partagés récemment modifiés à la mission.»

Parmi les éléments auxquels M. Barrett a fait référence, on trouve un courriel d’Emily Nicholson, une fonctionnaire d’Affaires mondiales Canada, qui a écrit que M. Clark avait joué un rôle «déterminant» tout au long du processus et que le consul avait donné le «feu vert» à la sélection de la nouvelle résidence de fonction.

Mme Nicholson a depuis reculé sur le niveau d’implication de M. Clark. Témoignant devant le comité le mois dernier, elle a indiqué qu’elle aurait dû utiliser un langage plus précis.

D’autres responsables d’Affaires mondiales ont également témoigné devant le comité que M. Clark n’était impliqué ni dans la vente de la résidence ni dans l’achat de la nouvelle.

«Le problème auquel nous sommes confrontés ici est que vous avez manifestement et sans vergogne menti à ce comité à plusieurs reprises», a déclaré jeudi la députée conservatrice Kelly Block lors de son interrogatoire de M. Clark.

«Et donc, ma question pour vous est la suivante: pourquoi ne dites-vous pas la vérité à ce comité et aux Canadiens, n’admettez-vous pas que vous avez menti, ne suivez-vous pas les traces de Randy Boissonnault et ne démissionnez-vous pas ?»

M. Clark a réitéré une phrase qu’il a répétée plusieurs fois tout au long de ses interrogatoires auprès des députés de divers partis: il a dit «la vérité, toute la vérité et rien que la vérité».

La députée conservatrice Stephanie Kusie a essayé de faire en sorte que les collègues à qui M. Clark a fait part de ses préoccupations soient convoqués au comité pour témoigner, mais elle n’a pas reçu le consentement unanime des membres.

Les conservateurs ont fait valoir que l’achat de ce luxueux appartement était un exemple de faveur que le premier ministre rendait à un «ami au sein des médias» et un exemple de dépenses gouvernementales inutiles.

M. Clark a longtemps été journaliste à CTV News, et brièvement à Global News, avant de prendre sa retraite du journalisme en 2017. En 2022, environ un an avant que M. Trudeau ne le nomme à New York, les conservateurs l’avaient choisi pour être modérateur lors de leur débat dans la course à la direction du parti.

Le gouvernement a déjà expliqué que l’achat de la nouvelle résidence permettrait en fait aux contribuables d’économiser environ 7,4 millions $, si l’on tient compte des coûts de rénovation, des frais d’exploitation et du profit tiré de la vente de l’ancienne résidence.

Cette résidence précédente, évaluée à 13 millions $, n’a pas encore été vendue.