Rapport du Vérificateur général: des critiques et des fleurs à l’endroit de la Ville de Trois-Rivières
Dans son rapport annuel 2023, le Vérificateur général de la Ville de Trois-Rivières, Jacques Bergeron, se penche sur le schéma de couverture de risques en sécurité incendie, la gestion et l’entretien des poteaux incendie, de même que la gestion de l’entretien du parc de véhicules de la Ville.
Le Vérificateur général se fait plus critique à l’endroit de la gestion de l’entretien du parc de véhicules municipal. L’indice de vétusté global du parc de véhicules est passé de 16,83 % à 20,89 % entre 2023 et 2024. « La cible à atteindre et jugée satisfaisante par le gardien de l’actif a été établie à 17 % », rappelle le Vérificateur général.
Si l’indice de vétusté physique global était jugé satisfaisant en 2023, il est passé à mauvais en 2024, mentionne le rapport. La valeur de remplacement des véhicules vétustes est évaluée à 13,5 M$, comparativement à 10,6 M$ en août 2023.
Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, indique que cela découle de décisions politiques faisant en sorte que le budget attribué à l’acquisition de véhicules neufs n’a pas été augmenté depuis un an ou deux.
« On vit donc avec les véhicules que l’on a présentement. D’ailleurs, on a certains achats de véhicules à l’ordre du jour aujourd’hui et on y va de façon très stratégique pour obtenir les meilleurs prix possibles, commente-t-il. Lorsqu’on n’augmente pas le budget d’achat de véhicules neufs, il faut s’attendre à avoir plus de mécanique à faire, plus d’entretien. »
Par ailleurs, le Vérificateur général qualifie de « préoccupant » le fait que la Ville « demeure en période d’adaptation, d’apprentissage et d’amélioration continue » en ce qui concerne l’utilisation du progiciel SAP, huit mois après son implantation.
« Nous avons pu constater qu’il est difficile d’utiliser efficacement SAP et de retrouver facilement ses points de repère pour demeurer fonctionnel, notamment en matière d’analyse et de suivi des données, écrit le Vérificateur général. (…) La Ville doit prendre les moyens nécessaires pour que ses employés atteignent un niveau de connaissance acceptable et fonctionnel de SAP, et ce, dans un délai raisonnable. »
Jean Lamarche, maire de Trois-Rivières. (Photo archives)
Jacques Bergeron recommande à la Ville de se doter d’indicateurs de gestion lui permettant dévaluer la performance opérationnelle de son atelier mécanique et de son unité responsable de la gestion des stocks en magasin.
« Ce sont des données qu’on avait auparavant, mais qui n’ont pas suivi lors de la migration vers le nouveau système. On est en transition présentement, précise Éric Angers, directeur général adjoint – Proximité. Le logiciel n’est pas optimal à ce moment-ci, mais on travaille à reconstruire les ponts entre le progiciel SAP et les données qu’on avait en main pour revoir nos indicateurs et les avoir au même endroit. »
M. Bergeron soulève aussi que le projet de politique sur la gestion des stocks, élaboré au cours des deux dernières années par la Direction de l’approvisionnement afin d’encadrer de façon efficace le cycle de vie des stocks d’inventaire, constitue « un outil indispensable à la prise de décisions et au bon fonctionnement de la gestion des stocks ». Il note que cela apporterait une plus grande transparence et viendrait faciliter le suivit et la reddition de comptes.
Le VG fait remarquer que la donnée relative aux coûts d’entretien et de réparation des véhicules est difficile à obtenir puisqu’elle ne fait pas partie des indicateurs de gestion préconisés et suivis pour des fins de décision.
« Nous sommes d’avis que [le coût des pièces installées et le coût de facturation liée aux rendez-vous chez les fournisseurs de services] sont loin d’être suffisantes pour établir les coûts réels d’entretien et de réparation d’un véhicule. Pourtant, un portrait complet de ces coûts devrait faire partie des indicateurs de gestion préconisés et suivis sur une base régulière et faire partie de la reddition de comptes aux instances », soutient Jacques Bergeron.
Malgré tout, les audits lui indiquent que les mesures actuellement prises par la Ville pour assurer l’entretien sur une base régulière de ses véhicules répond adéquatement au niveau de service attendu des citoyens.
Des fleurs pour la Direction de la sécurité incendie
Le Vérificateur général se fait cependant élogieux en ce qui concerne la prévention et la lutte contre les incendies. Il précise que le schéma de couverture de risques en vigueur contient « l’ensemble des éléments requis conformément aux meilleures pratiques de l’industrie et aux exigences du ministère de la Sécurité publique ».
Le Vérificateur général recommande seulement à la Direction de la sécurité incendie et de la sécurité civile de bonifier son processus de reddition de comptes en y ajoutant le bilan des activités réalisées en matière d’entretien des équipements et accessoires de protection des véhicules d’intervention et le résultat des analyses de la planification de la main-d’oeuvre spécialisée.
M. Bergeron mentionne dans son rapport annuel que c’est un incident concernant un poteau d’incendie hors d’usage, survenu le 2 décembre 2022, qui a attiré son attention dans ce dossier. Il est ressorti de l’audit que le processus d’entretien et de vérification des poteaux d’incendie est bien documenté et que l’incident « n’a eu aucun impact sur la qualité de l’intervention des pompiers ».
« La quantité et la répartition des poteaux d’incendie correspondent aux besoins émis dans le schéma de couverture de risques en sécurité incendie de la Ville et procurent un niveau de confiance adéquat », ajoute M. Bergeron dans son rapport.
Il souligne aussi le « protocole rigoureux de gestion et d’entretien du réseau de poteaux d’incendie de la Ville » et affirme que les meilleures pratiques de l’industrie sont appliquées quant à l’entretien préventif et correctif du réseau.
Le Vérificateur général relève toutefois que la Ville ne possède pas l’assurance que les travaux d’entretien et de vérification des poteaux d’incendie du domaine privé, qui ne sont pas sous la juridiction de la Ville, soient exécutés selon les mêmes normes que celles appliquées aux poteaux d’incendie sous sa juridiction.
Somme toute, le maire est satisfait des conclusions du rapport du Vérificateur général. « Le rapport est quand même très positif sur la gestion et l’entretien des poteaux incendie. Pour un élu, c’est aussi rassurant d’entendre que lors de l’incendie mentionné en 2022, le poteau d’incendie non fonctionnel n’a pas eu d’impact sur le succès de l’intervention des pompiers. »