La Kruger Wayagamack capturera ses émissions de carbone

La société Kruger annonce un investissement de 23,75 M$ pour mettre en œuvre un projet de démonstration novateur visant à capturer et à réutiliser le carbone rejeté par l’usine Wayagamack.

La technologie conçue par la jeune entreprise Mantel Capture Inc., fondée par des scientifiques et ingénieurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), utilise un liquide d’absorption de pointe, le sel de borate liquide, qui peut résister à des températures allant jusqu’à 600 °C. C’est cette particularité qui permettra d’intégrer directement le système de captage à une chaudière à vapeur.

Cette technologie a déjà fait ses preuves en laboratoire. C’est toutefois la première fois qu’elle sera mise à l’essai dans un contexte industriel. On estime que dans le cadre du projet de démonstration de deux ans, la Kruger Wayagamack pourrait capturer jusqu’à cinq tonnes de CO2 par jour.

« Les chemins de la Kruger et de Mantel se sont croisés il y a deux ans. Ils finissaient leurs essais en laboratoire et étaient à la recherche d’un partenaire industriel pour tester la technologie en grandeur nature. Ça fait longtemps qu’on travaille à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Grâce à la capture, l’utilisation et le stockage du carbone, ça amène un élément supplémentaire pour atteindre la carboneutralité », explique Justin Paillé, vice-président principal, Fabrication, Kruger Pâtes et papier.

Justin Paillé, vice-président principal Fabrication chez Kruger Pâtes et papier, le ministre François-Philippe Champagne, Gene Kruger, directeur et vice-président de la société Kruger, le ministre Jean Boulet, le maire Jean Lamarche et Eric Ashby, vice-président exécutif et chef de l’Exploitation de Kruger. (Photo Marie-Eve Alarie)

Une section existante de la Kruger Wayagamack sera modifiée pour y installer les équipements nécessaires à la récupération du carbone.

« On pourra réutiliser le carbone au début de la fabrication du papier, au moment où il faut contrôler le pH en injectant du CO2. On en consomme déjà, alors on réutilisera plutôt celui qu’on émet dans le processus. Pour sa part, la génération de vapeur sera utilisée pour sécher le papier, précise M. Paillé. Par ailleurs, comparativement aux autres technologies, celle-ci est plus écoénergétique et demande moins d’apports d’énergie externe. C’est très prometteur pour l’avenir. »

Les travaux de préparation en vue de la mise en œuvre de la technologie débutent ce mois-ci. La phase de démonstration de deux ans devrait, quant à elle, débuter à l’automne 2025. Si les résultats s’avèrent concluants, la technologie pourrait être déployée à l’échelle de toute l’usine. Cela permettrait alors de capturer plus de 40 000 tonnes de CO2 par année.

Gene Kruger, directeur et vice-président de la société Kruger. (Photo Marie-Eve Alarie)

L’entreprise bénéficie du soutien financier des gouvernements du Canada et du Québec, soit 8,15 M$ du programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière de Ressources naturelles Canada et 9,5 M$ dans le cadre du programme Technoclimat du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec.

« Ce n’est pas facile d’oser faire les choses autrement et d’innover, souligne Gene Kruger, directeur et vice-président de la société Kruger. Avec le soutien des gouvernements, on peut aller de l’avant avec projet comme celui-ci. Sans leur appui, ce projet n’aurait jamais vu le jour. Ça nous permet de prendre part activement à la recherche scientifique tout en améliorant nos installations.

En ce moment, 75% de l’énergie utilisée dans l’usine provient d’énergies renouvelables. Ce nouveau projet permettra à la Kruger Wayagamack de s’approcher de son objectif de carboneutralité.

« La décarbonation de l’économie représente un grand défi. Cette annonce s’inscrit dans le futur. L’usine Wayagamack est reconnue dans le milieu comme étant l’une des plus performantes. Je suis content qu’elle soit associée avec le MIT pour ce projet. Ce sera le premier projet au monde dans lequel on va capturer le carbone dans le domaine des pâtes et papiers. C’est une grande nouvelle pour Kruger et pour toute la région », lance François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et député de Saint-Maurice – Champlain.

Les ministres Jean Boulet et François-Philippe Champagne, de même que le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, sont allés à la rencontre des travailleurs de l’usine Kruger Wayagamack. (Photo Marie-Eve Alarie)

« Ce sont des montants importants, mais décarboner l’économie génère aussi de la recherche et du développement. La jeune entreprise Mantel a développé la capacité de retirer du CO2 pour qu’il soit réutilisé dans le processus de fabrication du papier chez Kruger et ce n’est pas simple. Au Québec, on veut réduire de 37,5% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Kruger s’inscrit dans ce courant de transition de l’énergie et de l’économie », commente à son tour Jean Boulet, ministre du Travail et député de Trois-Rivières.

Ensemble, la société Kruger et Mantel investissent 6,1 M$ dans le projet.