La Maison Coup de pouce fait tomber la barrière de la langue
Afin de favoriser l’intégration des nouveaux arrivants, la Maison Coup de pouce de Trois-Rivières offre maintenant son site web en sept langues. Ce nouvel outil se révèle fort utile pour communiquer des informations importantes à ces personnes qui ont à utiliser des services en français dès leur entrée au pays.
Parmi les nombreux services dispensés par la Maison Coup de pouce, celui de la distribution alimentaire est certainement celui duquel a émergé la nécessité de traduire des éléments essentiels à son bon fonctionnement.
« On avait de plus en plus de gens issus de l’immigration, explique la directrice générale de la Maison Coup de pouce, Karine Cinq-Mars. Présentement, à notre distribution alimentaire, 41 % des personnes qui viennent sont issues de l’immigration ou réfugiées. Donc, ça devenait de plus en plus compliqué de bien expliquer la procédure à suivre. Il y a des gros défis de langue qui arrivent avec tout ça. »
L’activité de distribution alimentaire roule rondement et les bénéficiaires doivent respecter un horaire serré.
« C’est assez complexe. Il y a des groupes, un groupe par demi-heure, on a en tout six groupes. C’était difficile pour le respect des heures. Les Québécois, on est très »cédulés ». Dans beaucoup de cultures, ce n’est pas comme ça. Donc, de dire à la personne qu’elle est dans tel groupe et qu’elle vient à telle heure, mais la semaine prochaine, ça va être à une autre heure, ça devenait compliqué. Sur notre site internet, ils ont maintenant toute la procédure. »
L’organisme a tenté de mettre de l’avant d’autres solutions au cours des deux dernières années, mais elles n’étaient pas aussi efficaces.
« On avait fait des feuilles qui étaient traduites en quelques langues, mais les papiers, ça se perd. Presque tout le monde a un téléphone cellulaire de nos jours. Ils peuvent donc aller facilement chercher l’information. S’ils ne se souviennent pas, ils ont cet outil-là. »
Le site internet de la Maison Coup de pouce peut donc être consulté en français, anglais, espagnol, italien, portugais, arabe et swahili.
« On a essayé de voir quels étaient les besoins et quelles nationalités on accueillait le plus. Notre clientèle à la distribution alimentaire change beaucoup. Un moment donné, ce sont les Ukrainiens qui arrivaient. Là, on a beaucoup de gens du Cameroun et du Cambodge. Le côté pratique du site internet, c’est qu’on peut modifier les langues. On est autonome dans notre programmation, donc on peut s’adapter si les besoins changent. Aussi, il y a une grande partie qui est capable de parler anglais, ça nous aide beaucoup. »
L’adjointe de direction, Chantale Pelletier, la directrice générale, Karine Cinq-Mars, les intervenantes communautaires, Karine Grimard, Claudia Beaudry-Tremblay et Malaury Poulaerts, et l’éducatrice en halte-garderie, Jessie Dallaire. (Photo courtoisie)
Le service de halte-garderie en est un autre qui profite du site internet traduit en plusieurs langues.
« Ça peut être un beau soutien pour les personnes qui s’en vont en francisation ou pour que les enfants puissent s’intégrer dans nos milieux. Quand les mamans veulent aller faire de la francisation, ça leur permet de venir déposer l’enfant. Comme elles n’ont pas encore appris le français, c’est important de communiquer les bonnes information parce qu’on a beaucoup de papiers à remplir, par exemple s’il arrive quelque chose à l’enfant. »
L’outil a surtout été créé pour faciliter les premières communications puisque les nouveaux arrivants sont extrêmement ouverts à apprendre le français.
« La majorité, quand ils arrivent, ils vont aller en francisation. Mais ça prend quand même quelques mois, on pourrait même dire un an, parce que le français, c’est quand même complexe comme langue. Alors c’est vraiment pour les premiers pas parce que nous, à l’organisme, on parle français. Il y a des nouveaux arrivants qui se joignent à nos activités puis on voit qu’il y a une difficulté de langue. On va se servir de Google traduction pour essayer de communiquer tranquillement puis l’oreille se fait. Et il y a plusieurs autres personnes qui parlent français autour de la table. On les intègre comme ça. »
La traduction instantanée du site web de la Maison Coup de pouce est probablement la première initiative du genre à Trois-Rivières. Elle a été soutenue par le Fonds de relance des services communautaires.
« Ce n’est pas évident pour les personnes qui arrivent et ce n’est pas évident non plus pour les organismes qui les prennent en charge. On veut les aider du mieux qu’on peut. On veut les soutenir, leur parler de plein d’organismes qui existent mais c’est c’est la barrière de la langue qui est difficile au début. »
Une fois cette barrière franchie, on observe beaucoup d’entraide sur le terrain.
« Quelqu’un d’une même nationalité qui est là depuis plus longtemps dans nos services, va aider le nouvel arrivant, va servir d’interprète entre lui et nous. Ce sont de beaux moments. »
Les intervenants ont également l’occasion de voir l’évolution de l’apprentissage du français chez les nouveaux arrivants.
» Quand on a de plus en plus de facilité à parler avec eux, puis qu’on les voit s’intégrer, c’est vraiment très valorisant pour l’équipe. »
D’autres préoccupations ont guidé l’organisme dans l’élaboration du nouveau site web.
« Quand on a réfléchi à ce site internet-là on a pensé à toutes nos clientèles. On fait aussi affaire avec des gens à faible revenu. Beaucoup sont peu scolarisés. Il y a des gens qui ne sont pas habitués avec internet et il y a des gens qui ont des difficultés au niveau de la lecture. Il faut y penser quand on fait des outils comme ça. C’est pour ça qu’on l’a fait très simple, avec beaucoup d’images. Les gens peuvent se référer facilement, même s’ils ont de la difficulté à lire. Tant qu’à faire, on a essayé que ce soit convivial pour tout le monde. »