Faites connaissance avec les travailleurs de La Shop d’Yvon Deschamps

Le grand spectacle musical et humoristique qui transpose les monologues d’Yvon Deschamps dans une formule théâtrale s’installe à Trois-Rivières pour deux représentations les 26 et 27 octobre qui promettent d’en mettre plein la vue au public grâce aux 18 comédiens, musiciens, danseurs et acrobates  qu’on retrouvera sur scène.

Le mythique personnage de l’ouvrier qui se contente « d’une job steady et d’un bon boss » se retrouve scindé en quatre personnages distincts qu’interprètent David Savard, Stéphane Archambault, Sylvain Marcel et Élizabeth Duperré qui nous aide à comprendre cette proposition des plus originales.

« C’est un spectacle de variétés à grand déploiement dans l’univers d’Yvon Deschamps. On a une panoplie de disciplines artistiques, mais la charpente du spectacle c’est le récit, une histoire inventée dans son univers, basée surtout à l’époque des  »Unions qu’ossa donne ». Ça se passe dans une usine, les personnages sont tous des travailleurs de la shop, on considère même que le public travaille aussi dans l’usine parce qu’on les prend à partie. Les quatre acteurs racontons cette histoire-là avec les monologues d’Yvon Deschamps qu’on a parfois transformés en dialogues pour rendre ça plus dynamique. »

Chacun des personnages devient ainsi une facette du personnage créé par Yvon Deschamps.

« Les dialogues sont partagés entre nos personnages qui ont chacun leurs aspirations. Et on a notre narrateur, notre cher Yvon Deschamps, qui est là, sur écran géant, à 88 ans. On voit bien qu’il punche encore: c’est lui qui a les plus gros rires de la salle! »

Des textes ont aussi été spécifiquement écrits pour ce spectacle qui fait une grande place à la musique.

Les comédiens Stéphane Archambault, Élizabeth Duperré, David Savard et Sylvain Marcel. (Photo courtoisie)

« Les tableaux, ce sont des monologues mais aussi parfois des chansons francophones québécoises de Richard Desjardins, Richard Séguin, Robert Charlebois. Ça fait avancer l’histoire. Il y a huit danseurs, la troupe DM Nation, qui sont formidables, et deux acrobates extraordinaires qui viennent imager certaines parties du spectacle. Parfois ils sont tous sur scène, un peu comme figurants. Il y a aussi trois musiciens. »

Le personnage du bon boss est interprété par le comédien originaire de Trois-Rivières David-Alexandre Després.

« C’est un rôle muet. Il est le contremaître qui nous surveille pour être sûr qu’on soit toujours en train de travailler. À travers le récit, des choses dramatiques se passent et on voit comment chacun prend ça, comment ça évolue. »

Il est intéressant de noter qu’une femme constitue l’une des quatre facettes du personnage de l’ouvrier.

« On n’en a pas fait tout un plat, dans le sens qu’il y avait aussi des femmes qui travaillaient dans les usines. Mon personnage rêve de maternité, de bonheur, d’argent, de mariage. On lui a donné cette personnalité-là qui était une des facettes d’Yvon. Certains monologues prennent une autre dimension. Sylvain joue le syndicaliste, le  »chialeux », Stéphane est le mouton, il suit le boss et lui voue un amour inconditionnel, David joue le frondeur, l’espèce de grosse carapace qui est finalement très vulnérable. J’ai pris, dans ce que je ressentais quand j’écoutais Yvon, l’espèce de naïveté positive, de Roger Bontemps, de résignée sans le savoir, avec une espèce de lumière malgré tout. »

La Douce, le personnage défendu par Élizabeth, interprète la grande chanson de Clémence Desrochers « La vie d’factrie ».

« Quand elle se retrouve seule dans l’usine, on tombe dans son intériorité. Au final, ils sont tous seuls à l’intérieur d’eux et on voit toute leur vulnérabilité mais ils se disent:  »C’est ça la vie, on va avancer de même ». C’est ce que je trouve très beau et qui rejoint tout le monde. Ils n’ont plus d’espoir mais ils ne sont pas désespérés. Ils ne se vautrent pas là-dedans. C’est un spectacle très drôle, évidemment, mais très lumineux et touchant aussi. On n’a pas juste fait le best-of d’Yvon Deschamps pour prendre ses meilleures blagues. On a bâti un récit. Ça reste un matériau de base extrêmement fort et qui fait réfléchir. »

Les comédiens Sylvain Marcel, Stéphane Archambault, Élizabeth Duperré et David Savard. (Photo courtoisie)

Yvon Deschamps a écrit et livré ses premiers monologues à la fin des années 60. Sa façon d’aborder les thèmes auxquels ils s’attaquait se révèle encore efficace aujourd’hui.

« Ce qu’il faisait de prendre un travers et de le mettre dans la face du monde, ça fonctionne encore. Je pense au monologue de David,  »Les filles ». Ça n’a aucun bon sens ce qu’il dit, c’est ça qui est drôle. Les gens rient et j’ai l’impression que j’entends les mêmes rires que quand on écoute ses monologues de l’époque. Ça n’a vraiment pas mal vieilli, au contraire. C’est aussi intéressant de voir le chemin parcouru et le chemin qu’il y a encore à faire. »

Le concepteur du spectacle, Jean-François Blais, originaire de Louiseville, aurait eu l’idée de départ comme une révélation.

« À la base, c’est un réalisateur de grands shows de variétés télé comme En direct de l’univers et La voix. C’est un habitué des grands plateaux qui allient plusieurs disciplines, c’est sa spécialité. Je pense qu’il s’est réveillé un dimanche et qu’il a eu ce flash-là. Il avait à peu près tout son show dans la tête. Il a couché sur papier le squelette du spectacle, il a envoyé un courriel à Yvon et trois jours après il avait une réponse positive. Yvon a embarqué complètement. Judi (Richards) est venu quelques fois en répétition. Elle aime beaucoup tout le volet musical. Elle nous racontait des anecdotes, elle nous remettait en contexte. »

Le spectacle est présenté partout au Québec au moins jusqu’au printemps, une rareté pour une production aussi imposante.

« On est au moins 25 sur la route, ce qui est quand même assez rare. C’est un gros décor à traîner. C’est ce qui fait que c’est un show généreux. Quand on fait ces gros spectacles-là en tournée, les gens nous remercient d’être allés chez eux. C’est accessible. »

« Yvon Deschamps raconte La Shop » sera présenté le samedi 26 octobre à 20 h et le dimanche 27 octobre à 15 h à la Salle J.-Anthonio-Thompson. Billets: www.culture3r.com ou 819 380-9797 (billetterie de la salle Thompson).