Les repères d’Alex P.

Depuis environ deux ans, Alex s’intéresse à l’appartenance, autant familiale, culturelle que territoriale. C’est ce qui l’a mené à travailler l’appartenance à des lieux qui lui sont chers et que l’on découvre à l’Atelier Presse Papier dans l’exposition Habiter les repères.

« Souvent, ce sont des lieux dont on peut simplement avoir un souvenir, mais qui parlent de l’enfance, l’adolescence, la vie adulte, bref de plusieurs dimensions de la vie. Avec cette exposition, j’invite les gens à venir dans mes repères. Ma démarche serait auto-ethnographique, en ce sens que je parle vraiment de moi pour créer des liens avec la réalité que vivent aussi les autres. Ça devient des lieux communs », explique-t-il.

Habiter les repères explore les liens intrinsèques existants entre ces lieux que l’on habite et leurs impacts sur les dimensions familiales et culturelles de l’appartenance par l’estampe, l’embossage et la sérigraphie en quadrichromie. « C’est une exposition qui mélange plusieurs techniques de l’estampe pour, justement, imprégner le plus possible l’idée de repères et de territoires dans la matière, puis de jouer avec l’image pour créer des liens affectifs. Ce sont des images qui vont résonner pour tout le monde d’une certaine façon et qui proposent une idée que, moi, j’ai d’habiter ces repères finalement », précise-t-il.

L’artiste invite aussi le public à une immersion dans ses repères sonores.

« C’est la première fois que je travaille avec l’art sonore. J’ai travaillé le technicien Nicolas Poirier, un spécialiste du son génial, avec qui on a réalisé trois paysages sonores, explique l’artiste trifluvien. Ce sont des environnements sonores qui donneront l’occasion aux gens de créer un visuel qui leur est propre. »

Il a donc enregistré l’univers sonore de trois lieux spécifiques qui lui sont précieux: la cabane à sucre familiale en Beauce, le chalet familial situé dans Mékinac et le Coconut Bar, ayant grandi tout près.

« Au fil du temps, j’ai réalisé que j’ai autant d’attachements envers les gens que les lieux. Pourquoi ces lieux? C’est peut-être un excès de nostalgie. Pour la cabane à sucre et le chalet, forcément, ce sont des souvenirs de famille avec les cousins, des souvenirs d’enfance, alors que le Coconut Bar représente une période de la vie qui est plus nonchalante, libre. Mais je pense que même si ces lieux sont personnels, ils deviennent des lieux communs pour beaucoup de personnes aussi. »

« Chaque paysage sonore est comme un parcours, note-t-il. Si on prend l’exemple du Coconut Bar, eh bien tu sors de la voiture, tu entends la route 138. Tu marches, puis tu rentres dans le bar. Tu entends la porte, puis la fontaine qui était tout près de la porte principale. On perçoit les machines à sous au fond, les tables de billard. Le shaker quand tu te commandes un verre. C’est un voyage dans ces univers sonores. »

« À mon sens, les lieux parlent encore plus de l’humain que nos propres mots, nos images qu’on peut créer. »

Habiter les repères est présentée à l’Atelier Presse Papier jusqu’au 3 novembre. Il s’agit d’ailleurs d’une première exposition individuelle au pays pour Alex P., dont les œuvres ont déjà été présentées aux États-Unis et en Europe.