La danse, l’ancrage de Mireille Baril
La danse nourrit Mireille Baril depuis sa tendre enfance. Sa passion, elle la veut contagieuse : elle la transmet sur scène, elle l’enseigne par le biais de son école de danse (Invivo) et au Cégep de Drummondville, et elle la propage en tant que directrice artistique adjointe du Festival DANSEncore de Trois-Rivières, entre autres.
Récemment, elle a appris qu’elle obtenait une somme de 14 000$ du Conseil des arts et des lettres du Québec pour réaliser un projet de création qui combinera la danse, le chant, la musique et les arts visuels. Elle l’a intitulé « Union ».
« J’aime le travail de collaboration, explique-t-elle. Comme je viens du milieu de la danse, j’ai beaucoup travaillé avec des musiciens et des chanteurs par le passé. Je voulais aussi embarquer les arts visuels à travers tout ça. Pour mon projet, j’ai réuni près d’une dizaine d’artistes en provenance de tous ces milieux. Nous allons créer quelque chose ensemble. On va partir de zéro et faire un spectacle d’environ 60 minutes qui sera présenté dans un an. »
Pour y parvenir, le groupe sera sept fois en résidence durant les prochains mois, à trois endroits différents : au Complexe culturel Chez Boris, à Saint-Léonard-d’Aston; au Théâtre Belcourt, à Baie-du-Febvre; de même que dans les installations de Quai en Fête, à Bécancour.
« On explorera le thème du féminin, de sa complexité sous tous ses angles. On retrouvera majoritairement des femmes artistes dans le projet; des femmes de différentes générations », mentionne Mme Baril, précisant qu’un seul homme fait partie du noyau.
Ses acolytes pour ce projet seront la chanteuse Fabriola Toupin, la violoncelliste Chantal Noury, la percussionniste Marie Anik Châteauneuf, le compositeur Alexandre Baril, les interprètes danse Sandrine Vachon et Érika Morin, Cécile Batéjat (œil extérieur), ainsi que la peintre et sculpteure Marie-Josée Roy. Ce sont les œuvres de cette dernière qui serviront d’inspiration et de trame de fond à l’ensemble du projet.
« Marie-Josée est native de Saint-Léonard-d’Aston, comme moi. Je l’ai vue évoluer dans son art. Maintenant, elle expose partout : à Toronto, à New York… J’ai toujours aimé ce qu’elle fait. Ça a toujours un rapport avec la femme. Je pense qu’elle a depuis longtemps une fascination pour la danse et pour le corps. Le mouvement l’inspire. Ça se voit dans ses œuvres. On se rejoint beaucoup, elle et moi », souligne Mme Baril, qui se réjouit du groupe qu’elle a pu rassembler : « J’ai des artistes incroyables avec moi. Ça ne m’est jamais arrivé de commencer un processus de création avec des artistes de cette ampleur. »
Ce processus s’amorcera en septembre. À quelques reprises durant l’année, le public pourra y assister et en voir l’évolution.
Mireille Baril organisera les résidences de la façon suivante : « Il y aura des journées où je travaillerai juste avec les danseurs. D’autres où je travaillerai seulement avec la musique, et ainsi de suite. Il y aura aussi des rencontres individuelles avec les artistes, puis des journées où tout le monde sera rassemblé pour que tout s’arrime vraiment bien. J’ai monté un horaire avec des thèmes précis à travailler, de sorte que lorsqu’on arrivera en studio tout le monde ensemble, tout va déjà bien s’imbriquer, j’en suis pas mal certaine. »
Lors de ces moments passés ensemble, d’autres idées germeront assurément. C’est ce qui émerveille le plus Mireille Baril, dans ce genre de projet : « La beauté de travailler avec plusieurs artistes, c’est que tout le monde mettra son grain de sel. On commence avec une idée de base à laquelle on ajoute les idées des autres. Ça crée des wow. C’est ça, la magie du processus de création. »
En cours de route, de jeunes artistes de la région devraient être invités à joindre le projet, possiblement des élèves de l’école secondaire La Découverte et d’Invivo. À l’automne 2025, le public pourra voir le résultat du processus, notamment au Complexe Chez Boris.
« Je prévois aussi garder des traces de la démarche, par exemple par des montages vidéo qu’on diffusera sur les réseaux sociaux. C’est un deuxième volet que la bourse n’englobe pas, mais que je vais essayer de faire en trouvant des sous un peu partout et en sollicitant l’aide d’amis qui sont très bons là-dedans. »
Parallèlement aux résidences, Mireille Baril se rendra au Centre Parmi-Elles et à la Ludolettre pour offrir des ateliers créatifs aux jeunes et aux femmes qui les fréquentent.
Encourager les arts en région
Mireille Baril est d’avis qu’il faut encourager les arts en région. « Je me suis battue pour ça toute ma vie. Quand j’ai commencé en danse, je devais me rendre à Montréal. J’y louais mes studios de répétition, j’engageais des danseurs de Montréal et je voyageais là. Ça a évolué. Maintenant, j’utilise les studios d’ici, j’engage les gens d’ici, j’ai des ressources ici… Oui, ce sont encore les grands centres qui dominent; ce n’est toujours pas évident de vivre de la danse ici, dans la région, mais je trouve que c’est moins pire », commente l’artiste.
Elle prend d’ailleurs le temps de saluer le Programme de partenariat territorial du Conseil des arts et des lettres du Québec qui, dit-elle, permet aux artistes des régions de développer des projets chez eux : « Plusieurs veulent rester dans leur région, ne pas avoir besoin de s’exiler. Je trouve que c’est un super programme », termine-t-elle.