Une tortue des bois signalée une première fois en 24 ans

FAUNE.  L’appel au public lancé cet été par Tortue Action Mauricie rapporte des dividendes alors qu’un citoyen a signalé la présence d’une tortue des bois sur le territoire de Trois-Rivières dans un secteur où elle avait été vue la dernière fois en…juin 2000.

« La photo du spécimen aperçu nous permettait de déterminer, hors de tout doute, que c’était bien une tortue des bois », se réjouit Geneviève Richard, biologiste à l’Organisme de bassins versants des rivières du Loup et des Yamachiche (OBVRLY) et co-coordonnatrice du groupe Tortue Action Mauricie.

L’identification d’une tortue des bois à un endroit est un indice révélateur de la présence probable d’une colonie à proximité. Puisque l’espèce est classée vulnérable au Québec, et menacée au Canada, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs met alors en place ce qu’on appelle un polygone de protection où les activités forestières commerciales sont alors balisées durant certaines périodes de l’année, à tous le moins sur les terres publiques.

« Dans le cas de Trois-Rivières, le polygone de protection était déjà en place, mais comme ça faisait près de 25 ans qu’aucune tortue n’y avait été recensée, ça peut arriver que des compagnies forestières fassent quelquefois pression pour qu’il soit retiré », poursuit Geneviève Richard.

La biologiste collecte présentement des données sur une colonie de tortues des bois identifiée sur le territoire de Saint-Alexis-des-Monts. « Ici en Mauricie, c’est probablement la deuxième plus grande population après celle de la rivière Shawinigan, à Saint-Mathieu-du-Parc. Cette dernière est beaucoup plus connue parce que beaucoup d’efforts et de ressources y ont été investis, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas à d’autres endroits comme on vient de le voir à Trois-Rivières. »

Geneviève Richard souligne que la Mauricie est l’une des régions au Québec où les données manquent le plus sur la tortue des bois. « C’est pourquoi un projet comme celui que je mène à Saint-Alexis-des-Monts ou un signalement comme on vient de recevoir sont tellement importants. Ça nous aide énormément parce qu’on ne peut pas être partout sur le terrain. »

Geneviève Richard rappelle que la tortue des bois femelle met une dizaine d’années avant de mettre au monde sa première portée. « En clair, ça veut dire qu’il faut qu’elle vive au moins dix ans pour contribuer au minimum une fois à sa population. Ce qui n’est quand même pas rien. »

La plus grosse menace pour les tortues reste la mortalité routière, que ce soit par des VTT, de la machinerie agricole ou tout simplement des véhicules sur la route. C’est dans cette optique que de la signalisation routière signalant la présence de tortues dans le secteur a été installée à quelques endroits à Saint-Mathieu-du-Parc afin de sensibiliser les automobilistes.

« Les femelles sont aussi plus vulnérables que les mâles, car elles doivent se déplacer pour pondre leurs œufs tandis que les mâles demeurent à proximité des rivières. En plus, elles cachent leurs œufs dans du sable ou du gravier fin comme on en retrouve sur le bord des routes », mentionne-t-elle.  Les tortues sont aussi menacées par des prédateurs comme des ratons laveurs, des moufettes et même des chiens. « Ce n’est pas fréquent, mais il y a malheureusement aussi des captures illégales », conclut-elle.

Pour améliorer la collecte de données, les citoyens qui pensent avoir vu une tortue des bois sont invités à le signaler en envoyant une photo sur la page de Tortue Action Mauricie (www.environnementmauricie.com/tortue-action-mauricie/)