Les Canadiens viseront le podium aux Jeux paralympiques à Paris, malgré l’adversité
PARIS — Les Canadiens ont de plus en plus de difficulté à décrocher des médailles aux Jeux paralympiques, ce qui les rendra encore plus précieuses à Paris.
La délégation de 126 athlètes fait partie des 4400 en provenance de 168 pays qui s’affronteront dans 22 disciplines à compter de jeudi.
Il n’y avait que 122 pays participants à Sydney, en Australie, en 2000, donc la barre a été considérablement relevée pour atteindre le podium paralympique en près de 25 ans.
«Chaque année, chaque cycle paralympique, l’événement continue de grossir et de grossir, avec davantage de couverture médiatique, davantage d’athlètes, davantage d’épreuves», a expliqué le joueur de rugby en fauteuil roulant torontois Travis Murao.
Les représentants de l’unifolié avaient gagné 21 médailles, dont cinq d’or, aux Jeux paralympiques de Tokyo il y a trois ans. Ceux-ci s’étaient déroulés à huis clos, sans spectateurs, en raison de la pandémie de coronavirus.
La récolte de médailles paralympiques du Canada est passée de 31 à Londres en 2012 à 29 à Rio de Janeiro en 2016, avant d’atteindre 21 à Tokyo en 2021.
«En tant que pays, depuis notre récolte de 31 médailles aux Jeux de Londres, la tendance est à la baisse», a convenu la directrice générale d’À nous le podium Anne Merklinger.
«Après Tokyo, il y a eu un effort concerté et collaboratif entre le Comité paralympique canadien et les organisations sportives nationales qui sont investies dans le sport paralympique pour dire que nous devons nous pencher sur cet enjeu et identifier les opportunités que le Canada doit saisir pour connaître une récolte similaire à celle de Londres… pour éventuellement de nouveau faire partie du top-10, peut-être top-8 des meilleurs pays aux Jeux paralympiques d’été?», a souligné Merklinger.
Les disciplines paralympiques exigent aujourd’hui l’embauche d’entraîneurs professionnels et d’un personnel de soutien qualifié pour répondre aux besoins des Paralympiens. Le coût d’achat d’un fauteuil roulant sportif peut aussi osciller entre 5000 et 25 000 $.
«Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli et je dirais que nous sommes bien plus performants que d’autres pays de taille similaire», a souligné la directrice des opérations du Comité paralympique canadien (CPC) Karen O’Neill.
«Dans ce cas-ci, je dirais que l’élément crucial pour que nous puissions continuer d’être compétitifs sur la scène internationale et pour rétrécir l’écart derrière l’élite est le financement du système paralympique», a-t-elle ajouté.
L’équipe de natation et celle d’athlétisme devraient de nouveau briller à Paris, mais il ne faut pas sous-estimer non plus les équipes de cyclisme, de triathlon et de boccia pendant les 11 jours qui mèneront à la cérémonie de clôture, le 8 septembre.
La paranageuse étoile Aurélie Rivard, de St-Jean-sur-Richelieu, le coureur en fauteuil roulant Brent Lakatos, de Dorval, ainsi que la judoka Priscilla Gagné, de Granby, seront notamment à surveiller.
«À Rio, les gradins étaient remplis, tout le monde criait, j’avais de la difficulté à entendre les directives de mon entraîneur, s’est souvenue Gagné. À Tokyo, c’est l’opposé, car les gradins étaient vides, donc on pouvait entendre une mouche voler.
«Être de retour devant des gradins remplis, avec ma famille et mes amis à mes côtés puisque c’est une destination facilement accessible, ce sera tout simplement merveilleux, a ajouté la Québécoise. Ce sera la cerise sur le sundae, le point final à ma carrière.»
Par ailleurs, le Canada n’a pas gagné de médaille dans un sport d’équipe depuis Londres en 2012. L’équipe féminine de goalball et l’équipe de volleyball en fauteuil roulant pourraient mettre un terme à cette disette.
«Nous convoitons toujours des médailles dans les sports d’équipe, a dit la cheffe du sport au CPC Catherine Gosselin-Després. Cependant, dans les sports d’équipe, c’est toujours le tirage au sort et l’identité de l’adversaire qui détermine l’issue (du tournoi).»
Ce sera également la première fois que les Paralympiens canadiens qui grimperont sur le podium obtiendront une bourse équivalente à celle offerte aux Olympiens — 20 000 $ pour l’or, 15 000 $ pour l’argent et 10 000 $ pour le bronze.
«C’est énorme de savoir qu’une médaille paralympique rapportera autant qu’une médaille olympique», a admis la joueuse de volleyball en fauteuil roulant Heidi Peters, de Neerlandia, en Alberta.
Le CPC récompensera les athlètes à partir d’un fonds spécial de 8 millions $. L’entrepreneur spécialisé dans les technologies de soins de santé Sanjay Malaviya, d’Hespeler, en Ontario, y a contribué 4 millions $, et le gouvernement fédéral, 2 millions $.
Malaviya a aussi renouvelé ses bourses de 5000 $ pour chaque médaillé paralympique, une somme qui s’ajoute à celle versée par le gouvernement.
Le Comité international paralympique (CIP) permettra à 88 athlètes russes et huit autres biélorusses de participer aux Jeux paralympiques sous bannière neutre, surpassant ainsi le total de 32 pour les Jeux olympiques.
Le CIP a analysé les candidatures de chaque athlète en provenance de ces pays afin de s’assurer qu’ils n’entretenaient pas de liens avec l’armée et n’appuyaient pas l’invasion de l’Ukraine
— Avec la contribution de Gregory Strong