Jeux de Paris: plus de 120 aumôniers se préparent à accompagner les athlètes

À quelques semaines des Jeux olympiques de Paris, plus de 120 aumôniers se préparent à relever un grand défi: soutenir spirituellement quelque 10 000 athlètes olympiques du monde entier, surtout ceux dont les rêves de médaille ne se matérialiseront pas.

«Nous devrons les ramener sur terre, car cela peut ressembler à la fin du monde après avoir travaillé sur cet objectif pendant quatre ou cinq ans», a déclaré Jason Nioka, ancien champion de judo et diacre responsable du plus grand contingent d’aumôniers olympiques, avec environ 40 prêtres catholiques, des religieuses et même des fidèles laïcs.

Des représentants ordonnés et laïcs des cinq grandes religions mondiales — bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam et judaïsme — travaillent ensemble depuis des mois pour mettre en place une salle commune dans le village olympique en dehors de Paris.

C’est là qu’ils offriront des services de culte, des prières et, surtout, une écoute sans jugement à tout athlète ou membre du personnel dans le besoin, quelle que soit sa foi.

«Nous ne sommes pas là pour qu’ils gagnent», a déclaré Anne Schweitzer, qui coordonne environ trois douzaines d’aumôniers protestants, le deuxième groupe en importance.

«Mon but est d’avoir un témoignage chrétien là-bas, des gens qui incarnent l’amour et le soin de Jésus, pour les athlètes qui subissent tant de pression», a-t-elle expliqué.

Il y a toujours eu une forte demande pour les aumôniers olympiques. Selon les organisateurs, le nombre de demandes a dépassé les 8000 dans les Jeux d’avant la pandémie, allant de problèmes de santé mentale à une bénédiction préalable à la compétition, en passant par une mort subite dans la famille à la maison.

Puis cette année, les aumôniers s’entraînent à relever des défis encore plus complexes, dans le respect des lois laïques françaises qui encadrent le rôle de la religion dans les espaces publics. La guerre entre la Russie et l’Ukraine et la guerre entre Israël et le Hamas, peut susciter de l’activisme accru, même parmi les athlètes.

«Je considère que notre mission est de les protéger dans leur fragilité», a affirmé le prêtre Anton Gelyasov, de la communauté religieuse grecque orthodoxe de France. Ce dernier dirige plus de deux douzaines d’aumôniers chrétiens orthodoxes pour les Jeux de Paris.

«C’est pour témoigner que nous sommes présents, non seulement pour mon église, mais pour l’ensemble des religions», a-t-il souligné.

En effet, les négociations en coulisse visant à accommoder les différentes religions ainsi que les différentes traditions culturelles, nationales et liturgiques au sein de chaque confession révèlent un travail d’équipe digne d’un podium de la part du corps des aumôniers bénévoles.

Chaque religion a obtenu 50 mètres carrés (538 pieds carrés) de la structure en forme de tente qui est construite et meublée dans le village par le comité organisateur des Jeux de Paris, avec un mandat de base pour accueillir les athlètes et fournir des informations sur le culte.

Les dirigeants juifs et musulmans ont décidé d’établir leurs espaces les uns à côté des autres, une image forte pour montrer l’exemple, selon les mots du rabbin Moshe Lewin — montrer qu’ils peuvent coexister même lors de grandes tensions géopolitiques.

Les bouddhistes et les hindous, avec le moins d’adhérents attendus, ont donné la moitié de leurs espaces aux chrétiens, qui auront environ 100 aumôniers en rotation pour servir les catholiques, les orthodoxes et les protestants.

Vient ensuite la diplomatie interconfessionnelle.

L’espace musulman sera divisé par des écrans afin que les hommes et les femmes puissent effectuer des prières quotidiennes séparément, en respectant les pratiques divergentes au sein de l’islam dans le monde, a déclaré Najat Benali, président de l’organisation Coordination des associations musulmanes de Paris, qui prépare l’aumônerie musulmane.

Peu de cette richesse de traditions sera visible de l’extérieur, intentionnellement dans un pays où les signes de foi sont en grande partie interdits aux institutions publiques.

Certaines équipes doivent également amener leurs propres aumôniers, mais les chefs religieux s’attendent à ce que les athlètes préfèrent aller à la salle des aumôniers pour des questions sensibles.

Bien que la plupart des confessions offrent une forme de prière pour la paix, ils se préparent à d’éventuelles flambées entre ceux dont les pays sont en guerre.

«La situation géopolitique aura un impact sur les athlètes, mais les Jeux olympiques offrent l’incroyable opportunité de rencontrer l’autre», a déclaré Lewin, conseiller spécial du grand rabbin de France et vice-président de la Conférence des rabbins européens, qui servira d’aumônier juif.

«Nous écouterons et expliquerons que nous sommes là pour accompagner les athlètes. Nous ne sommes pas de bonnes ressources pour faire face à la géopolitique», a renchéri Najat Benali, qui prépare l’aumônerie musulmane.