Dans le cas de Matthew Tkachuk, les Panthers regardent au-delà des statistiques
Les principales statistiques offensives de l’attaquant Matthew Tkachuk, des Panthers de la Floride, ont toutes diminué cette saison. Les buts: en baisse. Les mentions d’aide: en baisse. Les points: en baisse. Le pourcentage de réussite des tirs: en baisse.
Sur papier, ça n’offre rien d’impressionnant. Sur la glace, les dirigeants de la formation floridienne voient les choses très différemment.
«Vous devez seulement regarder des statistiques différentes», fait remarquer Paul Maurice, l’entraîneur-chef des Panthers.
Maurice s’attarde à une statistique en particulier: 92 points au classement pour les Panthers l’an dernier, 110 points cette saison. Dans les deux cas, les Panthers ont abouti à la même place — la série finale de la coupe Stanley —, mais il n’y a aucun doute que cette édition des Panthers a été meilleure, dans l’ensemble du calendrier de 82 matchs, que la formation de l’an dernier.
Et dans un vestiaire qui regorge de meneurs, il n’y a aucun doute que Tkachuk ressort du groupe. Il a aidé les Panthers à devenir nettement meilleurs du début à la fin, et aux deux extrémités de la patinoire.
C’est ce qui emballe Maurice, lorsqu’il est question de la saison de Tkachuk, et ce sans se montrer obsédé par un moins grand nombre de buts, alors que l’on approche du premier match de la série finale contre les Oilers d’Edmonton, samedi soir.
«Il est un meneur dans ce vestiaire, et donc, il a un impact majeur sur la culture et l’allure de notre équipe», a souligné Maurice.
«Là où sa croissance est de loin la plus grande (…) est au niveau de la discipline dans son jeu. Il ne passe plus son temps au banc des punitions. Je dirais que durant le mois de novembre jusqu’en janvier l’an dernier, c’était le cas. Il était le diable de Tasmanie sur la patinoire», a-t-il poursuivi.
En incluant les séries éliminatoires, Tkachuk a conclu sa première campagne en Floride avec 133 points et 197 minutes de punition, faisant de lui le deuxième joueur dans l’histoire de la LNH à accumuler autant de points et de minutes de punition lors de la même saison. En 1991-1992, Kevin Stevens avait amassé 151 points et 282 minutes de punition avec les Penguins de Pittsburgh.
Les statistiques de Tkachuk jusqu’à maintenant cette année: 107 points, 107 minutes de punition. Aucun autre joueur dans la ligue a franchi le cap de la centaine dans chacune des deux catégories, et il fait donc bande à part à cet égard. Cependant, il est clair qu’il s’est montré bien plus discipliné, ou à tout le moins plus judicieux quant aux moments où il peut se permettre de passer par le cachot.
Un exemple? Lorsque Tkachuk et l’attaquant David Pastrnak, des Bruins de Boston, ont décidé de jeter les gants lors du deuxième match de cette série éliminatoire, dans un rare moment où deux grandes vedettes s’échangent des coups de poing.
«Deux gars voulaient se battre et je pense que le nôtre a eu le dessus à cette occasion, a souligné Maurice. Ainsi, j’ai trouvé que c’était bien, et je n’y ai plus repensé.»
L’évolution de Tkachuk est évidente, tant sur la glace qu’en dehors. Il n’a que 26 ans, mais il termine sa huitième année dans la LNH. Il s’est fiancé il y a quelques mois. Il participera à la série finale pour une deuxième année de suite. Les Panthers se sont fait laminer par les Golden Knights de Vegas l’année dernière en partie parce que plusieurs joueurs-clés, dont Tkachuk, souffraient de graves blessures.
Il a joué une partie de la série en dépit d’une fracture du sternum, un problème si douloureux que ses coéquipiers devaient l’aider à mettre ses jambières, à enfiler son chandail et à attacher ses patins. Tkachuk n’a pas pu jouer le cinquième match, au cours duquel Vegas a remporté la série lors d’un duel à sens unique.
«C’est évident que le fait de me blesser lors du troisième match ne faisait pas partie des plans», a souligné Tkachuk.
«J’avais le sentiment que si j’avais été en meilleure santé, peut-être que ç’aurait pu changer les choses un peu, et la série. Mais au bout du compte, je n’avais aucun contrôle sur ce qui est arrivé. Ç’a occupé un peu mes pensées au moment d’amorcer l’été.
«Dans les faits, j’ai dû travailler (…) aussi fort que possible pour retrouver la santé, me sentir bien de nouveau puis, ultimement, travailler aussi fort que possible pour me donner une autre opportunité (d’aller en finale). Et voilà, nous avons une autre opportunité», a ajouté Tkachuk.
Cette autre opportunité commencera samedi, à domicile, contre les Oilers.
Et ce rendez-vous ajoute une couche d’intrigue à tout ce qui entoure Tkachuk dans cette série, compte tenu du fait qu’il a passé ses six premières campagnes dans la LNH avec les Flames de Calgary, les grands rivaux des Oilers.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les amateurs de hockey d’Edmonton ne sont pas des partisans de Tkachuk. Et c’est un sentiment réciproque.
Un respect existe entre les deux parties, du moins du point de vue de Tkachuk. Mais une chaleureuse ovation ne l’attendra pas lors des troisième et quatrième matchs, lorsque la série se déplacera en Alberta.
«Évidemment, c’est beaucoup plus important que ça, a déclaré Tkachuk. Mais je suis très à l’aise de jouer ces matchs contre eux. C’est une grande rivalité depuis que j’ai 18 ans. Je connais la passion et je connais cette patinoire, je connais cette ville, j’y suis allé, j’y ai joué beaucoup de matchs. Je devrais me sentir très à l’aise d’y retourner. Ils ne sont pas très entichés de moi. J’essaierai d’en tirer profit.»