Eduardo Malpica, un an plus tard

Réunis à la place Pierre-Boucher à l’occasion du triste anniversaire de sa mystérieuse mort, des proches d’Eduardo Malpica demandent maintenant une enquête publique sur les événements tragiques survenus dans la nuit du 25 au 26 novembre 2022, puis sur le travail qui s’en est suivi des services policiers. De son côté, la Fondation du Collège Laflèche a quant à elle annoncé la mise en place d’une nouvelle bourse In Memoriam en hommage à Eduardo.

Ses proches lancent un appel à l’action pour les soutenir dans leur demande. Selon toutes vraisemblances, dans la nuit du 25 au 26 novembre 2022, la vie d’Eduardo Malpica a pris fin abruptement. Après avoir été victime de multiples agressions dans un bar du centre-ville de Trois-Rivières, le professeur de sociologie et employé du Comité de Solidarité/Trois-Rivières (CS3R) s’est retrouvé dans le fleuve Saint-Laurent. Il aura fallu attendre plusieurs mois dans l’incertitude avant que son corps soit finalement repêché à la hauteur de la ville de Québec. Le dernier endroit confirmé où a été vu Eduardo Malpica avant de disparaître à tout jamais est la place Pierre-Boucher, et ce, malgré un témoignage non corroboré qui le plaçait au parc Victoria le lendemain de sa disparition. 

« Nous demandons donc une enquête publique pour permettre à la population de retrouver son sentiment de sécurité et la confiance en ses services policiers. Afin que notre demande soit entendue, nous lançons un appel à l’aide du public, a lancé sa conjointe, Chloé Dugas. La population est invitée à se rendre sur le site justicepoureduardo.quebec pour signer une lettre adressée au bureau du coroner et ainsi favoriser l’ouverture d’une enquête publique. »

« On ne peut pas balayer ça simplement sous le tapis. Sinon, ça équivaut à une banalisation de la violence. II faut analyser ce qui s’est passé, tirer les conclusions requises et appliquer au besoin des mesures correctives pour que nous puissions sortir en ville sans craindre pour notre sécurité. » 

Outre madame Dugas, la directrice générale du CS3R, Valérie Delage, a aussi pris la parole. 

« Grâce aux informations dont nous disposons aujourd’hui, il nous paraît très improbable que notre collègue se soit jeté dans le fleuve après être passé par le parc Victoria le lendemain de sa disparition. Ça ne tient pas la route!, souligne-t-elle. Nous craignons que le mandat du coroner ne se limite aux causes du décès, c’est-à-dire la noyade, et nous voulons nous assurer que les événements ayant conduit à sa mort soient aussi pris en compte. Quelque chose s’est passé dans le bar pour provoquer l’état de psychose que plusieurs personnes ont observé chez Eduardo ce soir-là. »

Pour elle, le témoignage recueilli dans le parc Victoria a joué un grand rôle pour la suite des choses.

« Je sens vraiment que les services policiers ont développé une vision tunnel à partir du jour où ils ont recueilli ce témoignage. Au début, ils privilégiaient la thèse du départ volontaire et maintenant, c’est la thèse du suicide pour que ça cadre avec le témoignage. Ils ont écarté toutes les pistes criminelles, se refusant de voir qu’il pouvait y avoir d’autres responsables qu’Eduardo lui-même », indique avec émotion sa conjointe. 

En effet, même si les enquêteurs de la Sûreté du Québec ont affirmé auprès de Chloé Dugas qu’il y avait matière à porter plainte pour les agressions subies dans le bar, les deux services de police (SQ et Trois-Rivières) ont préféré enquêter uniquement sur la victime pour en faire un profil type sans se soucier de recueillir tous les témoignages des personnes présentes dans le bar le soir des événements tragiques. 

Une bourse In Memoriam

La Fondation du Collège Laflèche annonce aujourd’hui la mise en place d’une nouvelle bourse In Memoriam en hommage à Eduardo, professeur en sociologie dans le programme Techniques d’éducation spécialisée intensif au Collège Laflèche, dont le décès a secoué la communauté en 2023. Cette bourse sera remise en avril 2024 à un étudiant qui se démarque par son implication dans la collectivité et au Collège, à l’image de monsieur Malpica qui plaçait l’engagement citoyen au cœur de ses priorités. 

Jean-Philippe Beauregard, Ph. D (EDDI), donateur de la bourse, a connu monsieur Malpica lors de leurs études à l’Université du Québec à Montréal. Sociologues de formation, ils avaient des thèmes de recherche communs, en lien avec la justice sociale, la lutte contre la pauvreté et le racisme, les relations interethniques, etc. Touché par son décès, mais également par la personne qu’il était et les valeurs qu’il défendait, notamment par son implication au Comité de solidarité de Trois-Rivières (CS3R), monsieur Beauregard a émis le souhait d’offrir une bourse à un étudiant se démarquant également par son engagement et son implication dans la communauté. 

« La remise de cette bourse permettra de reconnaître les valeurs d’un étudiant de la communauté du Laflèche qui s’engage avec cœur, en hommage à monsieur Eduardo Malpica », a témoigné Geneviève Dallaire, directrice des services aux étudiants et de la Fondation du Collège Laflèche. 

Il s’agit d’une bourse de 1 000 $ qui sera remise à un étudiant à temps complet du Collège Laflèche dans un programme préuniversitaire ou technique. La principale caractéristique recherchée pour l’attribution de cette bourse est l’engagement et l’implication dans la collectivité et au Collège en démontrant des valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion. La période de mise en candidature sera lancée en janvier. Les candidatures seront analysées par un comité et l’étudiant récipiendaire sera connu en avril prochain, à l’occasion de la Soirée reconnaissance du Collège Laflèche.