Personnel manquant, services manqués
ÉDUCATION. Fort d’un mandat de grève accordé récemment par 90% de ses membres, le Syndicat du personnel professionnel de l’éducation du Cœur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ-CSQ) a dévoilé jeudi les résultats d’un sondage mettant en relief le manque de ressources dans les écoles et ses conséquences sur les services aux élèves.
Présidente du syndicat qui compte près de 1000 professionnels de l’éducation provenant des centres de services scolaires (CSS) Chemin-du-Roy, de la Riveraine, de l’Énergie, des Bois-Francs et des Chênes, Alexandra Vallières souligne que 82% des répondants au sondage affirment que les élèves ne reçoivent pas les services auxquels ils ont droit selon la Loi sur l’instruction publique.
« Et ça, c’est en raison du manque d’effectifs sur le terrain qui entraîne des listes d’attente. On parle de 8 mois, mais ça peut aller dans certains services jusqu’à un an, un an et demi, dénonce-t-elle. Trois quarts des professionnels qui ont répondu disent qu’ils ne peuvent pas travailler suffisamment en prévention. Ils ont toujours l’impression d’étendre des feux, de répondre aux urgences, mais de ne pas pouvoir agir pour prévenir les difficultés. »
Si on fait exception de la grande région de Montréal, on retrouve environ 2400 professionnels de l’éducation dans les centres de services scolaires du Québec en début d’année scolaire, il y aurait près de 600 postes vacants, principalement des psychoéducateurs, des orthophonistes et des psychologues.
« Juste en Mauricie et au Centre-du-Québec, il y a une dizaine de postes de psychologues à combler et la plupart, ce sont des emplois réguliers. Et certains de ces postes sont vacants depuis trois ans », poursuit Alexandra Valllières.
La syndicaliste souligne que depuis l’an dernier particulièrement, il y a une augmentation importante de demandes pour des congés sans solde dans les centres de services scolaires de la région. « Les gens sont prêts à aller occuper un emploi ailleurs même avec un statut plus précaire. Le tiers des répondants au sondage ont signalé qu’ils songent à quitter leur emploi pour une autre raison que la retraite. »
Alexandra Vallières note qu’ailleurs au Québec, des CSS acceptent de rembourser la cotisation de leurs employés à leur ordre professionnel comme mesure d’attraction. « Chez nous, malgré le fait qu’on a amené ce point-là, ça ne bouge pas. » Le salaire est également un enjeu important alors que près de la moitié des répondants se disent prêts à quitter leur poste s’ils n’obtiennent pas une meilleure rémunération.
Selon la SPPECCQ-CSQ, le salaire d’un conseiller en orientation ou d’un psychoéducateur est présentement inférieur de 5000$ à celui d’un enseignant. Et comparé au secteur privé, on parle d’un écart de près de 30% selon le syndicat. « L’issue de la négociation actuelle va être déterminante sur leur décision de quitter ou de rester dans le milieu scolaire », a prévenu Alexandra Vallières.
Rappelons que les professionnels de l’éducation regroupent différentes catégories de personnel dans les secteurs administratifs (ingénieurs, analystes, agents de développement, etc.) pédagogiques (conseillers pédagogiques, bibliothécaires, etc.) et dans les services directs aux élèves (psychologues, psychoéducateurs, orthophonistes, conseillers d’orientation, orthopédagogues, etc.).