La culture d’Internet comme moteur créatif

L’artiste de la relève Jeanne Hamel présente actuellement une œuvre extérieure au Parc des Seigneurs dans le cadre des Créations inattendues de Culture Trois-Rivières.

Son œuvre qui s’intitule Fruit punch and cotton candy with gumball s’inspire du Popsicle à l’effigie du célèbre personnage animé Bob l’éponge carrée. « Il y a eu des mèmes sur ça, de t’attendre à un beau Popsicle, puis que ce soit finalement juste une déception. Souvent, les bonbons noirs des yeux coulent et ça fait vraiment peur. Ça m’est arrivé quand j’étais jeune d’être un peu traumatisée par ça honnêtement », raconte-t-elle.

Le sujet de l’installation émerge assez spontanément pour l’artiste en lisant le devis du projet d’art public. « D’abord, j’aime bien Bob l’éponge, rit-elle, et je trouvais en voyant le devis de Culture Trois-Rivières que ça entrait bien dans cette idée-là, avec l’été, le parc pour enfants et les Popsicles ».

Concevoir une œuvre en s’inspirant d’un mème s’ancre dans la démarche de Jeanne Hamel. En effet, l’artiste est influencée par le mouvement post Internet et développe une esthétique se rapprochant notamment des interfaces du Web et des réseaux sociaux.

« Je m’inspire beaucoup de la culture d’internet. On dirait que dès le début, j’ai vu ça comme potentiel d’art parce que je trouve que les mèmes, c’est très social comme phénomène. C’est presque une étude sur la société et les gens en fait. Cette idée-là s’est beaucoup développée, mais je dirais que ça vient du fait que je suis une personne qui observe beaucoup. »

C’est ainsi que pour elle, une relation forte existe entre les mèmes, la mémoire et la trace que l’humain laisse. « Je fais un lien avec la mémoire et les mèmes parce que dans la définition du mot mème, il y a l’idée de reprendre, de traduire, de transmettre dans le fond », explique l’artiste.

La membre de l’Atelier Presse Papier ne cache pas sa fierté face à ce projet. « C’est dans les premières fois que j’ai un projet rémunéré, donc c’est sûr que je suis fière. Je suis contente qu’ils aient choisi un projet comme ça parce que ça reste des images d’Internet, puis là plus spécifiquement c’est Bob l’éponge! Donc je suis contente que mon travail soit pris au sérieux, même si ça peut être ludique et absurde ».

Un parcours en plein essor

Après des études en graphisme au cégep de Sainte-Foy, puis en arts visuels à l’UQTR, Jeanne Hamel complétera prochainement un programme d’étude en enseignement au collégial. Tel qu’elle en témoigne, son intérêt pour les arts s’est manifesté à un jeune âge. « Je pense que comme la plupart des artistes, depuis que je suis jeune, j’ai une ouverture et une curiosité face aux arts. Pour moi, ça s’est vraiment concrétisé quand j’ai commencé à faire de l’estampe ».

Bien que Jeanne Hamel sera de retour sur les bancs d’école au cours de l’automne, l’artiste en arts visuels souhaite continuer de participer à des appels de dossiers et développer des projets. « J’ai peut-être une idée en tête… En fait, sur Facebook je partage des mèmes et des images que je vois et j’avais envie de compiler tout ça pour faire comme un journal de bord d’images. »

Elle aura par ailleurs l’occasion de présenter une installation en 2025 dans l’Espace Mansarde de la Galerie d’art du Parc de Trois-Rivières, soit une salle dédiée aux projets artistiques de la relève.

Sa fascination pour les mèmes et la culture numérique est telle que l’artiste envisage poursuivre des études supérieures afin d’approfondir le sujet. « J’aimerais faire une maîtrise sur les mèmes, peut-être un doctorat aussi parce que j’ai vraiment envie de creuser sur ça. Je trouve que ça a un lien direct avec les comportements sociaux des gens », conclut-elle.

On peut suivre le travail de Jeanne Hamel sur son compte Instagram.